À la fin du cours, je sors de la salle épuisée mentalement mais paradoxalement, je me sens aussi super bien. J'ai parfois l'impression que l'expression "soigner le mal par le mal" marche vraiment. Eliott interrompt une fois de plus le cours de mes pensées.

— Avant que tu partes, je voulais te demander quelque chose.
— Je t'écoute ? Je n'ai pas trop le temps donc essaye de faire vite, s'il te plaît.
— Je voulais savoir si tu avais changé d'avis concernant le projet.

Encore cette histoire ? Il ne va donc pas lâcher l'affaire.

— Non, désolée. J'espère que tu trouveras quelqu'un en tout cas ! Bonne fin de journée à toi, dis-je en tournant les talons.

En réalité, je lui dis que je ne veux pas, mais mon coeur me crie d'accepter sa proposition. Je me retourne mais il n'est déjà plus là. Je suis presque déçue qu'il soit parti.

Je prends le bus pour rentrer chez moi afin de m'accorder une petite sieste avant de me préparer pour mon cours de patinage.

On ne s'est pas encore parlé de la journée avec Théo, je lui envoie donc un message en lui demandant s'il a bien dormi. Il me répond quasiment aussitôt.

Théo: Super et toi ? Bon... je n'ai pas réussi à me lever ce matin à cause de l'heure à laquelle on s'est couché. J'ai loupé mes deux cours...
Moi: Moi aussi, je t'avoue. Mais je me suis quand même forcée à me lever, je n'aime pas sécher.

Je profite de la deuxième partie de son message pour esquiver le "et toi ?" et il ne me relance pas là-dessus.

Finalement, je ne me repose pas du tout parce que nous passons les trente prochaines minutes à discuter. Je suis obligée de couper la discussion pour me préparer à aller à mon cours.

Moi: On se reparle ce soir, si tu le veux. Bonne soirée :)
Théo: Avec plaisir, bonne soirée à toi aussi, Ananas.

Je fronce les sourcils en souriant légèrement. On ne m'a jamais donné ce surnom.

Moi: Oh, j'aime beaucoup le surnom haha ! Il faudra que je t'en trouve un.
Théo: Ce serait marrant, oui. Bon courage pour ton cours !

Je pose mon portable et rassemble mes affaires avant de partir de chez moi en direction de la patinoire.

En arrivant sur la glace, je prends conscience que ce cours va être plus compliqué que d'habitude à cause de la fatigue. Mon équilibre est beaucoup plus instable qu'en temps normal, ce qui ne saute pas aux yeux d'Éric, qui me dit de revenir au bord vingt minutes après le début.

— Ça ne va pas aujourd'hui j'ai l'impression, j'ai raison ?
— C'est pas vraiment ça, c'est juste que je suis très fatiguée aujourd'hui.
— Je comprends. Tu as été à la patinoire depuis la semaine dernière ?

Gros blanc suite de sa question. Je baisse la tête, légèrement honteuse.

— Bon, je laisse passer ça pour cette semaine mais il faut que tu continues à t'entraîner, Anna. J'ai quelque chose à te proposer qui va peut être te motiver, d'ailleurs.

La fin de sa phrase suscite vivement mon attention et je relève d'un coup la tête vers lui.

— Ah oui ? C'est quoi ?
— Voila, dans quelques semaines, il y a un concours à Poitiers de patinage artistique que je vais organiser à l'aide des autres entraîneurs et des personnes qui travaillent ici. Je te dis tout ça parce que je pense que tu es capable d'avoir le niveau d'ici là pour y participer. Qu'est-ce que tu en dis ?

Mes yeux s'agrandissent et je suis soudainement très réveillée.

— Je suis carrément partante !!
Il me regarde en souriant face à mon enthousiasme..
— Évidemment que tu l'es. Cependant, il y a des conditions à respecter pour y participer.
— Je t'écoute.
— On va devoir passer à deux ou trois entraînements par semaine et tu vas devoir continuer de t'entraîner entre les séances pour que tu puisses être au meilleur de ta forme et de tes capacités en février, pour le concours. Est-ce que ça serait bon pour toi ?

Nos coeurs entaillésWhere stories live. Discover now