Chapitre 28 - Monica.

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États-Unis.


Thaïla



Nous étions dans la chambre d'hôtel, j'essayais pour la énième fois de joindre Rayan mais il ne répondait pas au téléphone. Il fallait que je sache ce qu'il en était par rapport à l'infirmerie ! Je m'inquiétais pour mes patients et l'image que l'on aurait de moi maintenant que j'étais partie sans aucune nouvelles. Je refusais d'en parler à Vlad, cela faisait depuis hier que je ne lui avais pas adressé la parole à part une fois.

Lorsqu'il avait demandé une chambre simple auprès de la réceptionniste, je l'avais interrompu en m'adressant à celle-ci pour lui préciser que je souhaitais des lits séparés. Sans surprise, j'avais eu le droit à un regard noir de sa part. S'il pensait qu'on allait dormir dans le même lit, il se fourrait clairement le doigt dans l'œil. Lorsque nous étion rentré dans la chambre, je m'étais directement affalée sur mon lit puis j'avais fini par m'endormir assez rapidement. Il était assis sur son lit et il pianotait sur son téléphone.

- On va partir quelque part, m'annonça-t-il.

Je lui jetai un bref coup d'œil sans le répondre puis je reportais mon attention sur le téléphone de l'hôtel que j'utilisais pour joindre Rayan sans succès.

- Tu sais pourquoi Rayan ne répond pas ? M'énervais-je, j'aimerai savoir comment va l'infirmerie !

Il me fixa quelques secondes avant de reporter son attention sur son écran.

- Tu ne dois pas t'inquiéter pour ça, me répondit-il, c'est moi qui contrôle le moindre mouvement d'Úlazana. Si tu n'es pas à l'infirmerie c'est parce que je l'ai décidé, ils comprendront. D'ailleurs si tu as fait ces cours c'est parce que je l'ai autorisé. Ton professeur m'avait appelé pour me demander mon accord.

Bien évidemment, il savait.

- Et sache que te voir en habits d'infirmières était ma seule et unique motivation à accepter, continua-t-il le regard malicieux, je suis sûr que tu es diaboliquement sexy dans ton costume.

Je levais les yeux au ciel en répondant :

- Ce n'est pas un costume c'est une blouse et ça n'a rien de sexy.

Quelques secondes de silences régnèrent avant qu'il ne réponde :

- Sur toi tout à l'apparence d'être sexy Ositó.

Sa réponse me laissa silencieuse mais un léger sourire que j'essayais de dissimuler se dessina sur mes lèvres.

Toutefois, je m'en voulais antérieurement d'utiliser le statut de Vlad pour me décharger de mes obligations professionnelles. Ce travail me tenait réellement à cœur car c'était la seule chose qui me faisait sentir utile au sein de favela. Si mon image était entachée, cela me dérangeait.

Je décidais de ne pas insister en le voyant les sourcils froncés, concentré sur son ordinateur. Je rangeais le téléphone puis j'alla m'installer sur mon lit en feuilletant sans réel intérêt un magazine sur la mode qui se trouvait sur le chevet. Je sentis en grimaçant mon ventre gargouiller pour m'indiquer qu'il était l'heure de manger.

- Raphaël va nous acheter quelque chose à manger, lança-t-il en ayant entendu le bruit de mon ventre.

Je roulais les yeux et reportait mon attention sur le magazine en faisant abstraction des violentes crampes dans mon estomac.

Raphaël, notre chauffeur et garde du corps nous avait rejoint ce matin à l'hôtel aux Etats-Unis.
Apparemment, Vlad tenait à ce qu'il nous accompagne partout où nous allions. C'était une question de sécurité étant donné que nous étions dans le pays où la drogue Zombie faisait le plus de ravage. Vlad était l'assassin de masse des victimes de cette drogue et j'étais antérieurement rassurée en sachant que personne ne connaissait réellement son visage. Il était difficile de l'atteindre, Vlad avait des subordonnés qui exécutaient les ordres. Ceux qui se chargeaient de vendre la drogue étaient ses employés. Cependant, le risque de danger n'était pas moins élevé. Je soupçonnais également que depuis l'histoire d'Elvaro, il était beaucoup plus sur ses gardes.

Quelques heures plus tard Raphaël toqua à la porte et vînt nous apporter un sandwich et trois bouteilles d'eau afin d'avoir une réserve pour la journée. Il donna également une enveloppe brune à Vlad et il repartit en nous saluant d'une manière conventionnelle. Nous devions embarquer en voiture dans quelques minutes pour aller dans une destination qui m'étais inconnue. De toute manière, je savais pertinemment que si je demandais à Vlad où nous allions il ne me répondrait pas comme à son habitude.

- Dépêche-toi de manger, m'ordonna-t-il.

Je ne me faisais pas prier pour engloutir rapidement mon sandwich tellement j'avais faim. Je bus la moitié de la bouteille d'eau.

Nous sortîmes de l'hôtel et nous rejoignîmes Raphaël dans la voiture. Le trajet dura plusieurs heures avant que la voiture ne s'arrête devant un bar isolé à bord d'une route. Je sortis du véhicule après Vlad et Raphaël. Vlad s'avança et je sentis Raphaël se mettre derrière moi. Je soupirais d'exaspération.

Je ne suis pas une gamine putain !

Nous entrâmes dans le bar et ce je vis me scotcha sur place, l'ambiance était complètement déviante. Les lumières étaient représentées par des néons bleus qui éclairèrent faiblement des femmes qui dansaient langoureusement sur scène sans soutien-gorge ! Elles ne portaient qu'un mince string et des talons aiguilles. Je m'avançais en suivant Vlad et je remarquais que le bar était constitué sur plusieurs étages. Ceux-ci étaient remplis de tables rondes et de chaises où se trouvaient plusieurs clients assis.

La musique Paint The Town Red de Doja Cat passait et je m'imaginais secrètement danser avec ses danseuses sur scène. Je m'imaginais en talons aiguilles, sous les yeux des hommes intrigués et des femmes émerveillées, déhanchant mon corps langoureusement jusqu'à ne plus en avoir la force.

Sous ses yeux...

Je voulais me venger de lui, le punir d'être un être aussi diaboliquement attirant à mes yeux. A chaque fois qu'il tentait de se rapprocher de moi d'un peu trop près ou lorsque nos peaux rentraient en contact, mon corps s'électrifiait instantanément. Je m'en voulais constamment de ressentir cette sensation qui n'était pas concevable avec quelqu'un comme lui.

Je m'esclaffais en pensant que j'étais ridicule, il m'était impossible de réaliser mon souhait car Raphaël traînait derrière moi comme un chien de service. Comme si cela n'était pas suffisant, Vlad se trouvait devant moi et ne comptait absolument pas me laisser m'éloigner de lui une seule seconde.

- VLAD !

Je tournais la tête et j'aperçu une femme petite de taille, des cheveux noirs accompagné d'une frange rideau, le teint hâlé et une silhouette fine. Elle était outrageusement maquillée et ses ongles ressemblaient à des griffes de jaguar.

Comment on peut avoir des ongles les aussi longs sérieusement ?

Elle s'avança à grande enjambées en notre direction avec un sourire grand jusqu'aux oreilles nous dévoilant ses dents parfaitement alignées.

- Vlad, ça fait longtemps, je t'attendais depuis trente minutes j'ai eu peur que tu ne viennes pas, s'exclama-t-elle sur un ton léger.

Vlad n'affichait ni joie, ni enthousiasme de la voir. Son visage était neutre et il répondit :

- Il y a eu beaucoup de trafiques sur la route.

La jeune femme porta son attention sur moi et je la vis m'analyser attentivement de haut en bas avant de saluer brièvement Raphaël, faisant comme si je n'existais pas.

Connasse.

Je ne savais pas qui était cette femme mais j'avais pris l'habitude de me méfier de celles que je rencontrais qui avaient quelconques liens avec Vlad. Elles étaient toutes complètement timbrées et la dernière chose qu'il me fallait c'était d'être à nouveau victime de leurs folies.

- Tu veux bien me suivre ? Allons dans un endroit plus calme, invita-t-elle à l'adresse de Vlad.

- Les autres viennent aussi, répondit Vlad.

La surprise s'afficha sur son visage, elle me lança un bref regard avant de lui répondre :

- Comme tu veux.

Quoi ? Tu voulais le sucer et en attendant on serait resté là à vous attendre ? Le plan a foiré connasse.

Elle nous dirigea jusqu'à une porte qu'elle ouvrit à l'aide d'une clé qu'elle sorti de sa jupe en jeans exagérément petite. Nous entrâmes et je remarquais que la pièce était un salon. Plusieurs sofas s'y trouvaient ainsi qu'une petite table au milieu. La décoration était plutôt moderne, à l'américaine. Je m'asseyais timidement sur l'un des sofas gris et je vis Raphaël rester en retrait debout dans un coin de la pièce les bras croisés.

Vlad s'asseyait sur le sofa en face du mien et sans surprise la connasse prit place à côté de lui, un verre à la main.

- Tu ne bois toujours pas ? Demanda-t-elle malicieusement à Vlad.

La drague ce n'est pas son truc à cette connasse.

- Comment vont les points de distribution à Ottawa Monica ?

Je sentais son regard pénétrant sur moi mais je faisais mine de me concentrer sur le fil qui sortait de ma robe que je triturais. C'était une robe bleue marine que j'avais apportée avec moi depuis le Mexique. Elle moulait à perfection mes formes et mettait ma petite poitrine en valeur. Cependant, elle était très longue ce qui pouvait être agaçant lorsque je marchais.

- Elles marchent à merveille ! Mais tu devrais demander à Eduardo qui gère les distributions de Philadelphie. Il serait honoré de te voir depuis toutes ses années. Ne t'inquiète pas pour les autorités, à Ottawa j'arrive à m'en occuper et puis ce n'est pas comme s'ils sillonnaient autant que ça les parages.

Quelques secondes de silence passèrent, je levais les yeux et mon regard se plongea dans ses océans bleu électrique. Son regard dégageait quelque chose de subtil mais je n'arrivais pas à déceler quoi. Il détaillait lentement mon corps de haut en bas sans aucune gêne. Je me demandais s'il le faisait exprès pour me mettre mal à l'aise et en pensant à cette hypothèse, je croisais mes bras sur la poitrine. Je lui lançai un regard noir dans le but de lui faire comprendre que je n'aimais pas sa manière intense de me regarder.

- Comment je peux contacter Peter ? Demanda Vlad.

Peter ?

- Je peux te donner le numéro de son subordonné, il fera l'intermédiaire entre lui et toi. Aucun rendez-vous n'est garanti mais tu auras ou moins son contact.

- Très bien.

- Tu sais Vlad, commença-t-elle en souriant, j'aimerai bien revoir Pedro. Je me rappelle encore de toi quand tu étais plus jeune, Pedro a été dur avec -

- Je ne suis pas venu pour me remémorer les souvenirs, la coupa sèchement Vlad, arrête de jouer l'hypocrisie en faisant comme si tu t'intéresses une seule seconde à mon oncle. Tout ce qui t'intéressait et ce qui t'intéresse encore aujourd'hui c'est l'argent.

Elle afficha un air offusqué et elle se leva pour aller prendre un deuxième verre.

- T'en as rien à foutre de comment il va. Pourtant c'est toi qui es partie d' Ulazana, personne ne t'y a forcée. Tu viens faire ta putain de nostalgique comme si moi j'en avais quelque chose à foutre, continua-t-il.

- C'est faux ! Je tenais réellement à ton oncle. Il avait fait beaucoup pour moi lorsqu'il m'avait hébergé chez lui. Je me suis juste rendu compte qu'il m'utilisait comme tous les hommes que j'avais rencontrés et j'ai décidé de partir car je souhaitais changer de vie. Je savais qu'il me verrait éternellement comme sa pute et rien d'autre. Tu sais ce qu'il m'avait dit un jour ? Qu'il ne se marierait jamais avec moi et qu'il n'aurait jamais d'enfants ! s'exclama-t-elle.

wow c'est vrai que c'est affreux.

Je m'en voulais antérieurement lorsqu'un léger gloussement moqueur sorti de ma bouche sans le vouloir et elle tourna sa tête en ma direction.

- Et qui est cette fillette ? Demanda-t-elle un air méprisant sur le visage.

Fillette ? Non mais elle se prend pour qui celle-là !

Avant que je ne lui réponde d'une manière assez cinglante Vlad lui répondit simplement :

- Une voleuse de voiture et...de clé usb.

Elle resta silencieuse quelques secondes avant de dire :

Et depuis quand tu gardes en vie les gens qui osent te voler ? Demanda-t-elle étonnée.

Vlad lui lança un regard noir puis elle se racla la gorge intimidée avant de se lever et d'aller déposer son verre sur la table.

LACRIMIS Where stories live. Discover now