Chapitre 5 - Shame.

211 20 14
                                    

                               Point de vue : Vlad

Ùlazana, Mexique.

Cela faisait plusieurs jours que Rayan suivait Ùri, sous mes ordres. Je lui avais demandé de le surveiller parce que son comportement devenait de plus en plus étrange. Ce type disparaissait souvent, prétendument pour aller voir sa mère malade. Je n'y croyais pas une seconde. Ùri n'était pas du genre à se laisser dominer par ses sentiments, surtout envers une mère qui l'avait abandonné quand il n'était qu'un gosse, comme tant d'autres garçons au Mexique.

À quatorze ans, ils étaient souvent livrés à eux-mêmes, ou pire, jetés à la rue. Si par chance ils échappaient à ça, ils devaient se débrouiller seuls pour ramener de l'argent à la maison.

Franchement, je me fichais pas mal de sa mère. Ce qui m'inquiétait, c'était Ùri. Je ne lui faisais pas confiance. Son passé était dégoûtant, cet homme n'était qu'une ordure. Il vendait des jeunes filles à des trafiquants pour survivre. La seule raison pour laquelle je l'avais intégré à la section, c'était parce qu'il n'avait aucune hésitation à tuer, n'importe qui, à n'importe quel moment. Et ça, c'était un atout précieux pour un chef de cartel.

Rayan devait le suivre de près, sans se faire repérer. J'espérais qu'il ne traînerait pas trop. Je voulais éclaircir le mystère de ses allées et venues entre les missions.

Alors que j'étais dans mon bureau, j'entendis frapper à la porte.

— Entre.

Rayan entra, l'air préoccupé. Il restait silencieux, hésitant à parler. Ça commençait déjà à m'agacer, parce que chaque fois qu'il faisait cette tête, c'était pour m'annoncer une mauvaise nouvelle qu'il savait que je n'allais pas bien prendre.

Je patientai quelques instants, mais il ne disait toujours rien.

Il attend quoi, une permission pour ouvrir la bouche ?

Ce mec, capable de raconter des conneries toute la journée, devenait muet dès que les choses devenaient sérieuses.

— Tu vas parler ? demandai-je, sentant la tension monter.

— J'ai suivi Ùri comme tu l'avais demandé, mais je l'ai perdu de vue pendant quelques heures. Il avait changé de voiture, ce fils de chien. Il devait se douter que quelqu'un le suivait. Heureusement, le GPS que j'avais installé sur l'autre voiture l'a localisée près d'un bar à putes. J'ai attendu... toute une après-midi dans le parking ! Sérieusement, qui reste aussi longtemps dans un bar à putes ? Même nous, on n'y reste jamais aussi longtemps... Tu te souviens, quand on...

— Abrège, ordonnai-je.

— Ok, ok... Je voulais juste évoquer les bons souvenirs. Enfin bref, il a essayé de vendre une fille. Il l'avait déjà dans sa voiture.

« Vendre une fille ».

Mes muscles se tendirent. Ce salaud essayait de vendre une personne sans m'en parler. Il avait osé faire du fric dans mon dos, en dépit du fait qu'il savait très bien à quel point je détestais ce business. Le trafic d'êtres humains me révulsait, et j'avais toujours refusé de collaborer avec ceux qui en faisaient leur commerce. C'était une règle stricte dans le cartel : aucune traite humaine. Et voilà qu'il avait désobéi.

LACRIMIS Where stories live. Discover now