Chapitre 2 : Les Enchères

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Suzu avait pensé toute la nuit à ces trois là ainsi qu'à la réaction démesurée de Dame Fukuko. Mais à présent, c'était les enchères qui envahissaient son esprit. Cette nouvelle journée s'était passée étrangement vite. Sa maîtresse l'avait laissé à l'hôtel toute la journée en compagnie de leur majordome Tamaki. Suzu aimait bien être avec lui, car elle pouvait se confier à lui plus librement qu'avec Dame Fukuko. Ils discutèrent, mangèrent puis firent quelques activités ensemble, ce qui fit presque oublier à la jeune fille qu'on l'avait enfermée dans sa chambre depuis ce matin. 

Mais le soir arrivé, elle allait pouvoir enfin sortir. En face du miroir de la chambre, elle se brossa puis tressa ses cheveux châtain roux avec délicatesse. Quant à sa tenue, elle se contenta de lisser les pans de sa robe et d'enfiler une bonne veste pour ne pas prendre froid dehors. Bien sûr, elle n'oublia pas de mettre la boucle d'oreille en forme de plume qui appartenait à sa mère biologique. Pour achever sa courte préparation, elle se frotta vivement les joues. N'ayant pas accès au maquillage de Dame Fukuko, elle n'avait que cette petite astuce pour faire ressortir quelques couleurs sur son visage pâle. 

Satisfaite, elle alla à la rencontre de sa maîtresse. Celle-ci portait un costume chic, comme à son habitude. Ses cheveux étaient soyeux, ses lèvres vermeilles comme son foulard, et un doux parfum de fleur -un peu trop fort au goût de Suzu- flottait dans la salle de bain où la femme refaisait sa manucure. Voyant sa jeune protégée entrouvrir la porte de la pièce, elle sourit et s'abaissa à son niveau pour pouvoir croiser son regard.

"Tu es très jolie, Suzu.

-Vous l'êtes encore plus, Madame, se contenta-t-elle de répondre par politesse.

-Et tu es très respectueuse. Justement, ce soir tu vas devoir respecter notre programme et te comporter à la perfection. C'est d'accord ?

-Oui.

-Bien. Alors, qu'attends-tu ? Récite moi ce que nous avons révisé, lui ordonna-t-elle alors qu'elle s'était relevée, terminant d'appliquer du vernis sur ses ongles.

-Je reste toujours avec vous. Je ne parle à personne même si on me pose une question. Je peux utiliser mon pouvoir quand les enchères commencent ou lorsque vous me le demandez. Et quand ce sera terminé, on rentre à l'hôtel et je pourrais dormir.

-Très bien ! Et n'oublie pas de mettre ta capuche."

-Oui Madame, répondit-elle en s'exécutant directement.

-Grâce à toi, on va remporter ces enchères et toutes ces merveilleuses antiquités. Et surtout, fermer le clapet aux autres chefs prétentieux de la Mafia."

Suzu hocha rapidement la tête. Elle savait que sa maîtresse prenait particulièrement plaisir à prouver sa supériorité envers les autres, en particulier les chefs de la Mafia qui avait appris à contrecœur à la respecter. En effet, la plupart au début l'avait dénigré : une femme puissante parmi les têtes d'une telle organisation ? C'était assez rare. Mais Dame Fukuko avait su grâce à Suzu à se frayer ce chemin. Parfois, celle-ci se demandait si c'était de la triche et de la cruauté d'utiliser son pouvoir pour humilier et gagner des paris pour Dame Fukuko. Mais elle lui répondait simplement que le monde était injuste par nature, et seuls les plus rusés, gentils ou mauvais, arrivaient à dominer. Depuis, elle se posait une autre question. Pourquoi les gens aimaient contrôler les autres ? Elle avait toujours été inférieure, sous le commandement de sa maîtresse. Mais cela ne la gênait pas, car elle n'avait jamais goûté à la supériorité.

"Tu viens ?"

Suzu sortit de ses pensées, se rendant compte que Dame Fukuko avait terminé de se préparer, s'était dirigée vers la porte et l'attendait d'un air interrogateur. La fille se précipita alors à sa suite, ne voulant pas la faire attendre. Toutes deux finirent donc par sortir de l'hôtel et prirent la voiture pour se rendre sur le lieu des enchères. Tamiki, qui serait leur garde du corps tout au long de la soirée, s'occupa également du trajet. Suzu profita de l'air frais nocturne et du paysage de la ville de nuit. Malgré l'obscurité qui régnait, diverses lumières des étoiles, des lampadaires ou des ampoules derrière les fenêtres des bâtiments rendaient les rues encore plus charmantes. Celles-ci étaient moins bondées qu'en plein jour, mais des passants défilaient tout de même entre restaurants, discothèques et le fameux bâtiment des enchères. 

Il était immense. Une foule de costumes noirs se précipitait déjà à l'intérieur. Les voitures qui se garaient temporairement devant rendaient difficile de trouver une place définitive. Après quelques minutes à tourner en rond, ils finirent par s'arrêter assez proche de leur destination. Les trois personnes descendirent et se rendirent aussitôt là-bas. Suzu hésita à prendre la main de Dame Fukuko pour ne pas se perdre, mais elle repensa à l'évènement d'hier où la femme l'avait serrée fort avec cette sensation désagréable de chaleur. Elle renonça, effrayée en se remémorant la douleur, et opta plutôt pour celle de Tamiki qui lui sourit avec bienveillance. La présence du majordome la rassura tout de suite, se sachant à présent en sécurité à ses côtés.

Cependant, en entrant dans l'imposant bâtiment, elle pressentit une étrange force qui l'inquiéta. Un frisson parcourut son échine alors qu'elle traversait le couloir bondé de monde. Dissimulée sous sa capuche, personne ne faisait attention à elle. Mais Tamiki qui tenait sa main se retourna vers elle en sentant que la jeune fille s'était arrêtée subitement.

"Mademoiselle Suzu ? Tout va bien ?

-Je dois parler à Dame Fukuko, tout de suite."

Il fronça les sourcils, un peu perdu au départ. Pourtant, ayant confiance dans le jugement de Suzu, il acquiesça par la suite et accéléra la cadence pour rattraper la femme qui avait continué sa route. Elle s'arrêta devant la porte de la salle où se déroulaient les enchères, entendant Tamiki l'appeler quelques mètres plus loin. Se décalant de côté pour laisser le reste des hommes entrer, elle foudroya du regard le majordome, ne comprenant pas l'urgence de la situation.

"Qu'y a-t-il ? Les enchères vont commencer, on doit vite trouver un siège avant, s'impatienta-t-elle en croisant les bras.

-C'est Mademoiselle Suzu, Madame. Elle a quelque chose d'important à vous dire appa-...

-Laissez-nous alors Tamiki, et allez chercher déjà une place pour nous."

Il hocha la tête, regardant une dernière fois la jeune fille d'un œil inquiet. Pressé par le regard sombre de sa maîtresse, il fit volte face et pénétra dans la grande salle. Suzu semblait un peu pâle et tremblait légèrement à cause du sentiment d'impuissance et de peur qui triomphait en elle. Dame Fukuko haussa un sourcil, dubitative.

"Allez, vite Suzu. Qu'est-ce que tu as ? Tu ne supportes pas la foule ?

-Non Madame, ce n'est pas ça. C'est mon pouvoir. Je ressens quelque chose de mal... un grand malheur va se produire ce soir. Je le sens. Et je ne pourrais pas l'empêcher, c'est trop fort. Il ne faut pas rester ici, il faut partir loin. Car c'est pour bientôt."

Bad Luck. - HxH FanFicDove le storie prendono vita. Scoprilo ora