CHAPITRE 37

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Un voile rouge obscurcissait la vue de la jeune fille.

Mais ce n'était pas la colère habituelle, le pouvoir qui lui était familier.

À ce moment-là, elle n'était plus une instillatrice... sinon la rage incarnée.

Son corps vibrait d'énergie dévastatrice. Elle sentait sur le bout de ses doigts fourmiller des étincelles brûlantes.

Quand elle leva ses yeux vers Dimitar, il recula... et le plafond de marbre s'écroula sur lui sous l'effet de sa volonté. Biana étouffa un cri. Sophie prit sa main, et les téléporta sur la terrasse avant que son amie n'ait eu le temps de cligner les yeux.

Elle croisa le regard des invités, mais la colère les rendait flous.

« Chercher une autre solution que la violence ne sert à rien, et c'est une idéaliste qui vous le dit. J'ai passé toute ma vie à essayer d'éviter aux miens de verser leur sang. »

« Le Colibri à même de démolir ces couloirs pierre par pierre dans un accès de rage. »

Très bien. C'est ce qu'ils veulent ? Alors ils vont être servis, pensa la jeune fille.

Elle leva les mains et...

- SOPHIE ! hurla alors une voix qu'elle ne reconnaissait plus.

L'Instillatrice ne l'écouta pas. Elle était absolument ivre de rage. Instinctivement, alors que sa vision se barrait de nouvelles veines rouges, elle serra le poing.

Et dans un grondement terrifiant, une large fissure brisa la salle de bal en deux.

Sophie ferma son autre poing, et de la fissure béante, de longues crevasses sillonnèrent le sol. Des hurlements de terreur résonnaient alors que la jeune fille ouvrait brusquement les deux mains.

Et la montagne toute entière, sur laquelle reposait le palais, s'effondra sous sa rage.

Sophie entendit distinctement un hurlement aigu dans sa tête, mais l'ignora, visualisant au lieu de ça les rues familières de San Diego, et les téléporta loin de l'apocalypse qu'elle venait de déclencher. Pour arriver droit dans une autre.

Dans l'entrepôt désaffecté dans lequel elle se trouvait, Sophie voyait à peine ses amis.

Elle voyait à peine les Invisibles.

Elle voyait à peine Della, Juline, Vika, Prentice...

Elle voyait à peine Keefe.

Elle voyait à peine Edaline et Oralie.

Ses mères... car elle voyait la troisième, celle qui l'avait élevé, celle qui lui avait donné la vie, les yeux vitreux, absolument immobile.

Morte.

À côté d'elle, son mari pleurait. Il croisa le regard de sa fille, et demanda :

- Qui êtes-vous ?

Sophie laissa échapper un sanglot, et répondit dans un murmure :

- Peu importe.

Il fronça les sourcils, puis secoua la tête.

- Pourquoi ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ?

- Là est la question.

En entendant cette voix terriblement familière, Sophie tourna la tête, tentant de croiser le regard fou de l'Invisible qu'elle détestait sans doute le plus.

Gethen.

Mais il était caché dans l'ombre de la nuit. La lueur de la lune éclairait faiblement l'entrepôt, et les Invisibles en profitaient pour rester dans l'obscurité.

Elyseusحيث تعيش القصص. اكتشف الآن