CHAPITRE 31

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Sophie, paniquée, tourna la tête pour regarder les environs. Pourtant rien à faire : elle était entourée de feu. Les yeux plissés, elle lança un regard furieux à Fintan.

- Qu'avez-vous fait de Flori ?

- Flori ? Pourquoi s'inquiéter de cette petite gnomide alors que nous sommes ici tous les deux, au calme ? Oh Sophie ! Je suis si fier de toi !

Si le Pyrokinésiste avait voulu l'effrayer, il avait réussi son coup.

- Vous êtes fier de moi ? Et n'espérez pas éviter ma question. Où est ma garde du corps ?

Il lui coula un regard agacé.

- Ton amie est tranquillement allongée sur le sable, en train de faire un roupillon pour au moins trois heures. Et oui, je suis fier de toi ! Ta déclaration de guerre aux Invisibles ? Un incendie ! C'est brillant !

Sophie savait qu'il était fou. Mais le voir aussi euphorique était franchement inquiétant.

- Comment ça ?

- C'est ostentatoire, dramatique, impressionnant ! Je ne pensais pas avoir eu une aussi bonne influence sur toi !

La Télépathe se releva, et s'éloigna le plus possible de l'Ancien en évitant le Grand Brasier. La fumée commençait à lui irriter la gorge, et elle se revit brusquement lors de l'incendie d'Éternalia, suffoquant et entourée de flammes fluorescentes. Sauf qu'elle était seule, désormais. Sophie s'efforça de revenir au présent, en se morigénant pour être aussi distraite, alors qu'un dangereux psychopathe manipulateur de feu et fugitif se tenait devant elle. D'ailleurs...

- Vous vous êtes évadé. Pourquoi me confronter aussi rapidement ?

- Oh, je ne veux pas te confronter, Sophie.

- Alors que voulez-vous ?

- Tellement de choses, Sophie. Cela a toujours été mon problème.

La phrase lui parut étrangement familière. Mais elle était trop paniquée pour identifier son origine. Cependant, Fintan avait pris un air qu'elle n'avait jamais vu sur son visage.

Il semblait triste.

Il parut presque... humain, à ce moment-là. Enfin, elfe, d'une certaine manière. Puis, il planta ses yeux dans les siens. Trop habituée à y voir la folie, la fureur, le feu, elle n'avait jamais vraiment prêté attention à leur couleur. Soudain, elle se souvint où elle avait entendu cette phrase. Sophie écarquilla ses yeux, mais il ne sembla pas s'en rendre compte, car il continua :

- Mais je vais m'en contenter de deux, pour aujourd'hui.

- Quelles sont-elles ? murmura-t-elle en ne croyant toujours pas à sa découverte.

- Premièrement, j'aimerais que tu finisses de soigner mon esprit. N'ai pas l'air choqué, Sophie. Tu n'avais pas entièrement fini lorsque j'ai... interrompu ton intervention, si tu vois ce que je veux dire ?

Si par interrompre, il voulait dire déclencher le Grand Brasier, elle voyait ce qu'il voulait dire. Cependant, même les fous à lier méritaient un esprit sain. Enfin, si sain était le mot pour décrire une âme rongée par la culpabilité et la rage. De nouveau, elle croisa son regard... et elle ressentit alors une souffrance dévorante. Quand Sophie cligna des yeux, le sentiment, d'une fugace intensité, s'évanouit. Venait-elle de ressentir les émotions du Pyrokinésiste ?

- Et la deuxième ? finit-elle par demander lorsqu'il fut évident qu'il attendait une réaction.

- Vois-tu, Sophie, je... enfin, c'est difficile à dire.

ElyseusWhere stories live. Discover now