Chapitre 7

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Je suis encore dans les brumes du sommeil quand je sens une main me secouer l'épaule. J'ouvre les yeux puis me relève légèrement aveuglé par la lumière de la chambre.

-Désolé du réveil mais l'infirmière ne va pas tarder, m'indique Dabi après avoir tassé les oreillers dans mon dos pour que je puisse m'installer plus confortablement.

Comme pour lui donner raison, la sonnette retentit et il descend pour aller ouvrir. Une fois arrivée, elle se présente sous le nom d'Erika et commence à me poser questions sur questions pour remplir mon dossier.

Une fois ceci fait, elle me demande de retirer mon haut, je m'exécute non sans douleur, et elle défait les bandages autour de mes côtes. Puis avec des gestes précis, résultat des années d'expériences, elle décolle la compresse, désinfecte la plaie avant d'appliquer un nouveau pansement. 

Je remarque à cette instant que Dabi n'a pas quitté la pièce depuis le début, pas plus qu'il n'a détourné les yeux des mouvements de l'infirmière. Son regard se détourne de la soignante et ses yeux percutent les miens. A nouveau ses orbes polaires me glace, j'y lit encore cette colère sourde, mais cette fois une émotion passe dans le reflet de ses yeux, une tendresse, si brève que je pense l'avoir imaginé.

Une fois le nouveau bandage en place je peux remettre mon haut. L'infirmière prend cette fois-ci une fiole ainsi qu'une seringue. N'ayant jamais été fan des aiguilles je tente de me concentrer sur quelque chose de positif. J'ancre à nouveau mon regard dans celui de Dabi et un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. N'appréciant pas le fait qu'il se moque de moi, je lui tire la langue mais choqué de mon affront ce dernier lève sa main, me présentant son majeur. Un ricanement m'échappe et l'infirmière me regarde d'un air surprit :

-Cela m'arrive de dire aux enfants que mes piqûres ne font pas mal, mais de là à en rire, s'exclame t-elle inquiète que la fièvre soit remontée.

Après avoir rangé ses affaires, elle me salue et redescend avec Dabi; j'en profite pour attraper la télécommande sur la table de chevet, allume la télévision où les premières images de ma série policière préférée s'affichent. Les acteurs ne sont pas connus malgré qu'ils jouent très bien, le réalisateur ayant réussi à exploiter au maximum leurs points forts.

Apparemment la victime est une jeune femme, la vingtaine, retrouvée morte dans son appartement où elle vivait seule. J'ai beau savoir que c'est une fiction, un frisson me parcoure le dos car hélas ce genre de chose arrive également dans notre société, d'ailleurs c'est pour cela que les Hero Pro existent. Dans cette série, une enquête peut prendre une dixaine d'épisodes voir plus, ce qui tombe à pic puisque je suis bien partis pour rester alité pour plusieurs jours. Dabi revient en tenant deux assiettes fumantes d'où se dégage une bonne odeur de curry. Étonné je le vois s'installer sur le lit et me tendre une assiette :

-Attention c'est chaud, me prévient-il. Alors qu'avons nous au programme de ce soir ?

-Une série policière, tu tombes bien car c'est une nouvelle enquête qui commence.

Je prend une cuillérée de mon plat, souffle dessus puis l'enfourne dans ma bouche. Soudain tout s'arrête, les images sur l'écran, les commentaires de Dabi à propos de ces dernières et même mon coeur. Je tourne la tête vers ce dernier, il remarque mon mouvement vif et arrête sa fourchette à mi chemin entre l'assiette et sa bouche. Il m'interroge du regard mais voyant que je ne réponds pas commence à s'inquiéter. Il va pour se lever mais je l'arrête d'un geste :

-Tu aurais pu me le dire, m'exclamais-je.

Il me regarde dans l'incompréhension la plus totale . J'avale ma bouchée, le temps s'arrêtant à nouveau quand les sensations reviennent. Un feu d'artifices, voilà comment les décrire.

-Que tu cuisinais aussi bien, voyons ! Je n'ai jamais mangé quelque chose d'aussi bon, m'écriais-je

Se rendant compte que je ne plaisante pas, il se mit soudainement à rire. D'abord surpris, je le rejoint rapidement, puis me stoppe car la douleur qui survient me coupe la respiration. Me voyant plié en deux, les larmes aux bords des yeux, il s'arrête ne sachant quoi faire pendant quelques secondes, puis avec délicatesse me passe une main dans le dos pour me calmer et patiente. Après quoi je me redresse en douceur guettant le moindre signe douleur.

-Désolé, mais je crois que les blagues sont à laisser de côté pour l'instant, dis-je d'un air contrit.

Il secoue la tête me faisant comprendre qu'il ne m'en veut pas le moins du monde. Nous reprenons donc notre repas dans le calme tout en continuant à regarder l'épisode.

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Ce matin je suis à nouveau réveillé par l'odeur de viennoiseries, de jus d'orange et autres douceurs du matin. Peu de temps après, Dabi rentre dans ma chambre munit d'un plateau à pied qu'il dépose sur le lit. Je le remercie, commence mon repas par les croissants, et une gorgée de chocolat chaud. Il revient quelques minutes plus tard avec son plateau, s'installe à mes côtés puis allume la télévision qui diffuse un documentaire.

Sa présence s'est si vite ancrée dans mon quotidien que cela ne m'étonne plus qu'il se tienne ainsi à mes côtés dans le lit, ni que l'on partage nos repas ensemble en discutant de choses et d'autres. Ses gestes crispés quand je lui demande de l'aide pour me lever se font peu à peu sûr et précis, son visage laisse maintenant paraître diverses émotions.
Je l'observe, assis sur le lit, dos au mur en train de déguster son propre plat, les lèvres pleines de confitures le regard rivé sur l'écran.

Sentant mon regard le scruter, il détourne les yeux de la télévision et m'observe à son tour la mine interrogative. Il examine attentivement chaque recoin de mon visage, passant de ma mâchoire à mes lèvres qu'il fixe intensément semblant vouloir quelque chose. Je passe ma langue lentement sur ces dernières, il déglutit ce qui m'encourage à continuer, mordillant légèrement ma lèvre inférieure. Je vois son souffle se couper, un sourire sournois parcoure mon visage. Mécontent son regard accroche le mien, me coupant la respiration. C'est à peine si je peux penser.


Soudain son téléphone se met à sonner, éclatant brutalement la bulle dans laquelle nous étions. Ses sourcils se froncent quand il lit le nom du correspondant. Il s'excuse en quittant la pièce, me laissant terminé mon plat dans le silence parfois interrompu par le documentaire. Je réalise soudain qu'il ne parle jamais de lui, pas plus que je ne parle de moi, nos discussions tournent autour des dernière semaines. Une brusque colère s'empare de moi ; après tout ce qu'il nous est arrivé, nous n'avons jamais parlé de nos vies.

Il pourrait avoir une famille qui l'attend chez lui, des parents qui ne l'ont pas vu du week-end car il était occupé à prendre soin d'un collègue. Je me lève péniblement du lit, me tenant aux meubles pour avancer. 

Une fois le couloir atteint, je m'accroche à la rambarde des escaliers pour les descendre, non sans peine. Lentement mais sûrement j'arrive au bas de ces derniers, me rendant compte que Dabi est toujours au téléphone, s'énervant contre son interlocuteur. Le dialogue est houleux, je n'ose plus m'avancer, à cet instant il se retourne et me voit inquiet à son sujet. Ses épaules jusqu'alors tendues s'abaissent, il raccroche après avoir murmurer une dernière phrase à son interlocuteur. Je m'avance vers lui, soucieux de son état mais mes jambes se dérobent soudainement sous mon poids.

Et Si On Inversait Les Choses ? Tome 1حيث تعيش القصص. اكتشف الآن