Chapitre 15

173 25 4
                                    

Le calme du parc contraste avec le bruit de foule de la fête foraine, nous marchons dans un silence agréable sous une arche de métal entourée de branches. Ce lieu doit être encore plus beau au printemps, les fleurs colorées et les feuilles d'un vert éclatant. Nous croisons quelques promeneurs aux regards curieux face à la peluche que tient toujours Dabi.

 Nous avons longtemps débattu pour lui trouver un nom ; Pandi n'était pas très recherché et nous voulions un nom symbolique. Au bout de plusieurs minutes cela nous est apparu comme une évidence ; Phénix. Un oiseau aux ailes de feux, comme si l'on avait combiné nos Alters.

Les minutes se transforment bientôt en heures et la faim commence à me tirailler l'estomac, c'est donc avec soulagement que j'aperçois le classique portillon vert indiquant la sortie du parc. N'ayant aucune idée de l'emplacement du restaurant je laisse Dabi me guider et nous arrivons bientôt devant la devanture d'une ancienne maison quoique bien entretenue. La clochette      au-dessus de la porte d'entrée indique notre arrivée et en quelques secondes à peine une serveuse se présente à nous :

- Bonjour messieurs, avez-vous réservé ? Si oui à quel nom s'il vous plaît. 

Sa phrase est légèrement déformée par un accent dont j'ignore la provenance. Un autre employé arrive à ce moment pour nous débarrasser de nos manteaux. 

- Une réservation au nom de Takami. 

Sa phrase me fait relever la tête et un sourire complice se dessine sur ses lèvres. Je n'ai pas le temps de m'attarder plus longtemps que la serveuse nous conduit à notre table :

- Cette table vous convient-elle ?

- Ce sera parfait, merci. 

Elle tire nos chaises chacune leur tour puis nous apporte la carte des vins et celle des menus. 

Une fois qu'elle est à une distance raisonnable je me permets d'admirer le restaurant. Malgré la petite devanture, l'intérieur est des plus spacieux ; un plafond d'une hauteur impressionnante, fait de poutres anciennes, soutient un lustre incrusté de cristaux. L'objet, sans être trop luxueux, est d'une taille assez imposante pour éclairer toute la pièce.

 Les tables, étant peu nombreuses, laissent assez d'espace aux serveurs pour circuler sans gêne, elles sont recouvertes de nappes écrues avec des motifs floraux rappelant le printemps. Le parquet en bois sombre fait resonner les pas des clients et serveurs. 

Une fois mon inspection terminée, je me concentre sur la carte des menus ; les noms des plats me sont tous inconnus et je comprends maintenant que nous sommes dans un restaurant aux spécialités culinaires étrangères. Cela explique que les employés aient tous un accent plus ou moins présent.


***


- Le repas a-t-il été à votre goût messieurs ? 

La serveuse à l'accent le plus prononcé vient débarrasser nos assiettes à desserts et nous sert deux cafés : 

- Impeccable comme toujours ! 

La réponse de Dabi me surprend, lui qui ne parle jamais de sa vie privée : 

- Tu es un habitué des lieux, je lui demande une fois la serveuse partie.

- Je ne dirais pas habitué, disons qu'il m'arrive d'y venir pour des occasions spéciales. 

Je plonge mon regard dans le sien interloqué par le sens de sa phrase et il me répond par un clin d'oeil. Il se lève ensuite de sa chaise et se dirige vers le comptoir ; mon intention de le rejoindre est interrompu par la vibration de mon téléphone portable, je me dirige vers l'extérieur et une fois la porte du restaurant refermé derrière moi je décroche : 

- Mirko ? Un probl-

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle m'interrompe d'une voix emplie d'angoisse :

- Hawks, il faut que tu te sauves d'ici immédiatement !! C'est lui ! Depuis le début c'est lui !!

Son ton pressé rend le reste plus qu'incompréhensible : 

- Mirko, calmes toi je ne comprends pas un seul mot, de qui parles-tu ? 

Je l'entends prendre quelques respirations difficiles puis cette fois m'explique d'un ton posé, quoique froid : 

- Dabi, il est tous sauf apprenti héro ! Il fait partie de la Ligue des Super Villains !! Il a infiltré la Commission par ton biais !!! 

Je n'entends pas la suite de ses explications, ma respiration s'accélère et mes oreilles sifflent bruyamment tandis qu'une question traverse mon esprit : 

Tout n'était que mensonges ? 

Quel idiot. Evidement que tout était faux. Comment ne pas le voir ? Je le sais pourtant, en tant que Héro Pro second au classement, personne ne m'a jamais approché sans arrières pensées. 

- Comment vous l'avez découvert, ma voix est tellement calme que je ne la reconnais presque pas. 

Mirko met plus de temps cette fois ci à répondre : 

- Tes examens médicaux indiquaient un empoissonnement... Et le seul à avoir accès à ton alimentation est-

- Dabi. 

Elle ne confirme pas. Inutile, c'est évidemment lui. Tous ses bon plats, ses attentions rien de tout ça n'étaient sincère. 

- Hawks.... 

Sa voix me rappelle à la réalité et après une brève inspiration je lui réponds :

- Qui est au courant ? 

- Le médecin qui s'est occupé de toi, moi et toi mais-

- Ne dis rien à personne d'autre, n'envoie personne me chercher, il ne sait pas que sa couverture est tombée, on peut en tirer avantage. Je te recontacterais Mirko en attendant fait profil bas. 

Je raccroche avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre et retourne dans le restaurant. Dabi est en pleine conversation avec le barman qui me salut d'un signe de tête quand je m'approche : 

- On y va ? 

- On y va, je réponds avec un sourire. 

Il me le rend avec un clin d'oeil et nous voilà sur le chemin du retour à mon appartement, le même qu'il y a quelques heures pourtant j'ai le sentiment que les couleurs sont plus fades et les sourires plus creux que précédemment. 

***

La porte claque derrière moi ; Dabi est aller faire quelques courses pour ce soir, me laissant seul dans le salon. Pas de problème, j'ai des choses plus importantes à faire, à commencer par le remercier de ses services ses dernières semaines, un cadeau s'impose donc. Mais pas n'importe lequel, non. Un cadeau empoisonné si j'ose dire. 

***

Mirko est partie depuis quelques minutes à peine pourtant le silence de l'appartement m'oppresse déjà. Je rassemble mes pensées et me dirige vers mon bureau ; là tout le matériel nécessaire est disposé de manière ordonnée. Je n'ai jamais été doué en bricolage mais la technologie de la Commission Héroïque compensera.

 C'est avec minutie que je place dans l'ouverture de la boucle en argent la puce électronique que vient de m'apporter Mirko. Une fois l'objet d'une taille ridicule mit en place je referme l'ouverture avec un fer à soudé. Quelques instants plus tard la boucle est dans sa boîte d'achats, un nœud autour. 

Une soudaine fatigue me surprend, je monte avec lenteur les marches de l'escalier et m'affale sur mon lit encore défait du matin. Une odeur agréable s'en dégage et le temps que je réalise à qui elle appartient les larmes coulent déjà sur mon visage et les sanglots me secouent les épaules. 

Et Si On Inversait Les Choses ? Tome 1Where stories live. Discover now