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La tempête avait changé l'aspect du désert et pour ainsi dire bousculé les dunes. Kasim observait le paysage, cherchant sa direction. Lorna regardait du côté opposé au soleil levant: là-bas, derrière les collines, se trouvait Yraa; mais que lui importait maintenant? Elle frissonna en entendant la voix moqueuse, derrière elle: C'est vers le sud que nous allons!

-Et c'est vers le sud que je veux aller, pensa-t-elle, mais il ne doit pas s'en douter! Je le perdrai, si je cesse de lui résister!

-Vous n'avez pas l'air très sûr de votre route. Et si nous nous égarons? fit-elle.

- Je ne demande pas mieux que de m'égarer avec vous!

Il s'était avancé vers elle, une lueur passionnée dans ses yeux sauvages, et elle soupira de bonheur quand il la prit dans ses bras. Elle s'était rejetée en arrière, souple comme une liane.

-Je pourrais vous briser, Lorna, murmura-t-il. Je pourrais faire de vous tout ce que je voudrais. -Seulement parce que je n'ai pas pris mon petit déjeuner et que je me sens faible, répliqua-t-elle.

Il rit avec elle et la serra plus fort contre lui. Elle comprit à cet instant que Kasim avait besoin d'elle, peut-être inconsciemment. C'était un homme solitaire et I exigeant. Il ne voulait pas d'une femme-esclave. Il la voulait, elle, blonde, blanche, différente et surtout indépendante. Et elle était à lui, même si leur amour n'était pas conventionnel, n'était pas civilisé.

Il embrassa les lèvres entrouvertes de la jeune fille, folle d'amour, de désir et d'épouvante à la pensée de l'avenir.
-Venez, fit-il en la lâchant. Il faut partir.

il sauta Après avoir sellé le cheval et l'avoir fait un peu boire il leur restait très peu d'eau légèrement en selle et aida Lorna à monter devant lui. Il l'encerclait de ses bras de fer:

- Je ne vous laisserai pas repartir! Si seulement ce «< pas >> voulait dire «< jamais >>... pensait-elle. Elle se contenta de dire:

-Pauvre Caliph, il doit nous porter tous les deux.
-Ce n'est pas la première fois, s'exclama-t-il.

Mais, cette fois-ci, Lorna était heureuse. Les collines
d'Yraa s'effaçaient derrière eux. Elle ne se retourna pas.

Vers le milieu du jour, ils tombèrent sur un campe ment de Bédouins, qui les accueillirent amicalement et leur offrirent à boire et à manger. Lorna avait tellement faim qu'elle mangea à l'arabe, avec ses doigts. Elle aurait dû se trouver dans la section des femmes, mais le cheikh la présenta comme un jeune garçon, affamé et timide.

-Surtout, n'enlevez pas le voile de votre tête, souffla t-il, moqueur, à la jeune fille. On n'a jamais vu un jeune Arabe aux cheveux blonds!

Elle but plusieurs tasses de thé à la menthe, très chaud et sucré, et se reposa après le déjeuner contre un gros coussin bourré de laine de mouton. Elle appréciait l'hospitalité simple et généreuse de ces hommes frustes et bons qui insistèrent, au départ, pour leur donner de l'eau, du pain, du fromage.

Pendant qu'ils chevauchaient au soleil couchant,

Lorna eut la tentation de faire un vou, lorsque les derniers rayons frapperaient le ciel embrasé. Mais elle ne fit pas de vœu. Advienne que pourra. Kismet. Comme ces hommes du désert, elle commençait à croire au destin: c'est écrit... dans le sable.

La tête appuyée contre l'épaule de Kasim, elle se disait tristement qu'elle ne pourrait jamais avouer son amour à cet homme pour qui les femmes ne comptaient pas; dans le cœur de Kasim, après sa passion pour ses chevaux et son peuple, il restait peu de place. Et puis, il y avait son père âgé et malade, qu'il devrait rejoindre bientôt.

C'était écrit sur le sableWhere stories live. Discover now