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-Oui, vous devez apprendre à connaître et à aimer mon pays sauvage, reprit-il. Vous chevaucherez avec moi, ou l'un de mes hommes quand je ne suis pas là. Vous avez compris à vos dépens qu'il est dangereux pour une femme d'être seule dans le désert, et cela, je ne le permettrai pas.

Indignée par l'assurance et l'autoritarisme du cheikh, Lorna explosa:

-Vous savez parfaitement que j'essayerai! Je partirai - à pied s'il le faut, même si je dois en mourir!

-Voilà une provocation bien dramatique, fit-il en caressant du doigt la joue de la jeune fille. Ainsi, vous braveriez la faim, la soif et la chaleur pour me fuir? Yraa est loin, très loin d'ici, vous savez.

-Mais pensez au moins ma famille, supplia-t-elle. Voudriez-vous voir votre sœur... à ma place?

- Turqeya est trop raisonnable pour s'exposer comme vous l'avez fait.

- Vous la jugez raisonnable d'après votre mentalité orientale. Mon père me jugeait raisonnable aussi, mais c'était un autre homme, lui, bon et courageux!

-C'était! Vous l'avez donc perdu? Lorna se mordit la lèvre. Elle venait de se trahir. Mais ça vous est donc égal que je vous déteste! cria-t-elle.

Ça ne me serait pas égal si vous m'étiez indiffé rente, Lorna, dit-il doucement en lui prenant la main. C'est une chose bizarre que la haine. Je la préfère, voyez-vous, aux lassantes démonstrations d'amour inté ressé. Il y a des femmes, mon petit, qui pensent uniquement à elles-mêmes, aux cadeaux, aux faveurs.

-Je suis sûre que vous êtes un expert en femmes! Non, je ne me considère pas comme un expert, répliqua-t-il en souriant.

Il agita une petite clochette en bronze qui se trouvait sur la table. Hassan parut aussitôt, portant sur un plateau le café européen dans une haute cafetière à long col, et deux tasses de fine porcelaine. Madame servira le café, dit le cheikh à Hassan.

Le serviteur s'inclina et sortit. Lorna, furieuse d'être une fois de plus soumise aux ordres du prince, se pencha en avant et saisit la cafetière. Kasim, à son côté, renversé sur les coussins, l'observait fixement, la défiant du regard de répéter avec le café ce qu'elle avait osé faire avec le limon.

La jeune fille, tête baissée, remplit les tasses et, la figure sans expression, impénétrable, tendit la sienne au cheikh.

-Vous aimez notre cuisine? demanda-t-il. C'est étonnamment bon.
-Il y avait une troublante intimité à prendre le café ainsi avec lui, au milieu des coussins d'un divan. La nuit était tombée comme un voile épais sur le camp, et les bruits parvenaient assourdis. Des papillons voletaient autour des torchères.

Lorna finit son café et se leva nerveusement. Elle marchait de long en large dans la pièce, touchant ici et là quelques bibelots, sentant sur elle les yeux du prince. Elle tressaillit quand il se pencha en avant, pour prendre une cigarette.

-En voulez-vous une? demanda-t-il en allumant la sienne. Cela calmerait peut-être vos nerfs.

-Mes nerfs vont très bien, merci.

Elle s'était approchée de la sortie et tenait le pan de toile entrouvert. Elle aurait voulu échapper, ne fût-ce qu'un instant, à l'atmosphère intime de la pièce. Vous ne tenez pas en place, remarqua le cheikh,
derrière elle. Voulez-vous faire un tour jusqu'à l'oasis?

-Avec joie! Elle allait sortir quand il la retint. Il fait frais, la nuit. Tenez, prenez mon manteau. Il alla chercher son burnous et le mit sur les épaules de la jeune fille. Voilà, drapez-vous dedans... et vous êtes de nouveau un charmant petit garçon.

C'était écrit sur le sableWhere stories live. Discover now