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Dès le petit jour, une grande activité régnait dans le camp. On ranimait les feux, on faisait lever les chameaux, on sellait les chevaux. Des hommes à pied ou à cheval, enveloppés dans leurs burnous, sillonnaient le campement.

Mais ni le hennissement des chevaux, ni l'aboiement des chiens ou le cri des chameaux, ni les voix gutturales, qui parvenaient très assourdis dans le harem, ne réveillèrent Lorna. Son lourd sommeil était traversé de rêves où elle revoyait son père, où elle se retrouvait dans son couvent. Le soleil était déjà haut quand elle se réveilla sous une moustiquaire, que des mains attentives avaient placée au-dessus du divan pendant la nuit.

Un coup d'œil autour d'elle, à ce décor à la fois inhabituel et terriblement familier, la ramena vite à la réalité. La boîte à cigarettes sur la table de chevet était restée ouverte, comme si quelqu'un venait de se servir; la tunique blanche avait été jetée sur un siège: sans aucun doute, le cheikh était entré pendant qu'elle dormait. C'était lui qui avait mis sur elle une couverture et installé la moustiquaire. Elle ne pourrait donc jamais échapper à sa présence! Elle était vraiment prisonnière du Prince Kasim ben Hussayn, cet homme mystérieux, cultivé et cruel... cet homme qui possédait une telle personnalité qu'elle se souvenait de chacun de ses gestes, de chacune de ses paroles durant le dîner et la soirée d'hier. Elle sursauta en entendant le rideau de perles s'ouvrir.

C'était Zahra. Elle ne portait pas son voile, ce qui semblait indiquer que le cheikh était absent. Elle s'approcha du divan en souhaitant bonjour à Lorna. Son comportement était si naturel que la jeune fille se demanda combien de femmes elle avait déjà dû servir. Cette pensée la fit rougir. Zahra l'observait, fascinée par les cheveux blonds de Lorna qu'un rayon de soleil faisait briller. Quand elle s'aperçut que la jeune fille se cachait derrière le drap qu'elle tenait devant elle, elle courut légèrement vers un coffre en bois de cèdre et en sortit une longue robe de chambre qu'elle lui apporta. Lorna la mit sans protester. L'étoffe était souple et belle; il s'en dégageait un pénétrant parfum.

-Dis-moi, demanda-t-elle. C'est à qui? Une caravane est passée la semaine dernière; le

-Prince a fait acheter des vêtements et des parfums pour les ramener avec lui au palais, pour Turqeya. Turqeya? Le nom exotique évoquait la souple et

enchanteresse image d'une Orientale aux cheveux noirs...

Lorna aurait voulu soudain jeter au loin cette robe.

- Le Maître a donné des ordres pour que des vêtements soient apportés ici pour la demoiselle. Est-ce qu'elle n'aime pas toutes ces belles choses?

- Je préférerais du café, et un bain.

-Un bain? Mais la demoiselle en a pris un hier soir! s'écria Zahra surprise et choquée. Eh bien, la demoiselle en veut un autre ce matin!
Mais en disant ces mots, Lorna se souvint qu'elle se trouvait au milieu du désert, où l'eau était rare. Elle s'empressa d'ajouter :

-J'aimerais un bain, Zahra, s'il y a assez d'eau? Oui... Il y a un puits, fit-elle avec hésitation, comme si ce puits n'était pas inépuisable. Je vais chercher le café et je je ferai chauffer l'eau.

Lorna la remercia avec un sourire, car cette jolie fille était ici sa seule amie.

Le cheikh allait revenir. Le vêtement qu'elle portait était destiné à une autre femme. Le hasard l'avait jetée dans les bras de cet homme. Il n'y avait pas de fuite possible... Les pensées se bousculaient dans l'esprit de Lorna, et elle poussa un gémissement.

-J'ai fait peur à la demoiselle? Zahra revenait, portant un plateau.

-Tu n'aurais pas dû m'apporter quelque chose à manger, remarqua Lorna. Je n'ai pas faim, mais très soif. Ce doit être l'air du désert.

C'était écrit sur le sableNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ