Chapitre 12

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Le doux son du silence du matin vient me rappeler que c'est enfin le week-end pour moi. Même si je suis déjà réveillé, je ne compte pas me lever pour autant.

Je suis pris par une énorme fatigue physique et je n'ai aucune envie de bouger.

Tout ce que je veux c'est rester au lit, au chaud, confortablement installé et ne plus bouger de toute la journée quitte à ne pas me nourrir. Mais c'est sans compter sur Ezra que je sens me regarder depuis un moment déjà.

-Je sais que tu es réveillé, ta respiration est revenue à la normale.
-Qu'est ce qui y'a ? C'est le week-end...
-Tu devrais en profiter pour sortir prendre l'air, ça te ferait le plus grand bien.
-Ou je peux aussi rester dans mon lit à me reposer, c'est pas bien ca ?
-Bien sûr que si...Pardon du dérangement dans ce cas.

Je soupire longuement et essaie de vaincre l'énorme poids invisible qui se trouve sur moi, me suppliant de rester allongé pendant que je me redresse.

-C'est rien...de toute façon je dois me mettre au dessin pour Hélio, sinon je n'aurais rien à lui offrir mardi...

Il hoche simplement la tête puis je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain pour prendre une douche légèrement froide pour me réveiller. Une fois sortie de la somnolence je me dirige vers mon bureau ou Ezra avait soigneusement préparé un thé avec les derniers fruits qu'il restait.

-On fera les courses demain matin d'accord ? Ma bourse doit arriver aujourd'hui normalement.
-Compris.
-Note tout ce qui te semble important sur une liste.

Il acquiesce puis je bois mon thé avant de me mettre au travail, pendant les premières minutes tout se passe bien, j'arrive à dessiner la plupart des détails importants. Mais lorsque vient le moment de faire Hélio, tout me devient impossible.

J'efface puis reprend mais le résultat ne me convient pas, je gomme et recommence mais le schéma continue. Je sens l'énervement dû à la frustration monter de plus en plus en moi et lorsque ma mine s'écrase et se casse, je perds totalement le contrôle.

Je balaye d'un bras les affaires de mon bureau sur le sol, détruisant le dessin par la même occasion, encore plus énervé par mon geste je me met à me frapper de nouveau. Ma main vient me claquer la tête tandis que je m'insulte moi même. Ezra apparaît et tente de prendre mes mains pour me stopper mais je le repousse brutalement. Il glisse à cause des affaires sur le sol et tombe violemment par terre.

En entendant un bruit inhabituel, ma crise cesse soudainement, l'un de ses bras venait de s'ouvrir. La panique prend le dessus sur la colère et je me précipite à son chevet, m'excusant encore et encore. En voyant l'intérieur de son avant bras qui constituait plusieurs fils, les larmes montent rapidement. Comme si la première fois ne suffisait pas, je suis un monstre.

-Pardon..pardon..pardon...
-Ce n'est rien, je vais réparer.

Il se redresse comme si de rien n'était et commence à ranger ce qui trainait sur le sol, j'attrape ses mains en tremblant légèrement.

-Non ! Arrête ne touche à rien on...on va aller au magasin ils...ils vont te réparer.
-Une réparation de ce type n'est pas prise en charge par la garantie. Je suis le modèle le moins cher, ce qui n'est pas payant concerne les pannes et qui n'est pas lié à l'environnement mais à un défaut de construction. Celà coûterait trop cher, tu as un budget serré et j'ai déjà téléchargé un tutoriel pour réparer, tout va bien.
-Arrête de répéter ça ! Tu es blessé ! Merde...

Ma voix se brise en accompagnant mes sanglots, sa main vient caresser ma joue pour effacer les larmes qui s'y trouvait.

-Ce n'est pas ta faute, tu ne me fera jamais de mal.
-Pourtant c'est ce que j'ai fait...deux fois.
-Je suis solide, tout va bien. Tu n'as pas à culpabiliser.

Je redresse la tête vers lui qui m'offre son sourire bienveillant habituel, il reprend ensuite son rangement me laissant perplexe. Je renifle doucement et vient l'aider.

-Va te réparer je m'occupe de ca...

Il acquiesce et s'absente de la chambre. Je ramasse Elias et Tobias en vérifiant qu'ils n'avaient rien. Ils étaient en pleurs tous les deux mais rien de cassé. Je prends le temps de les caresser pour qu'ils se calment avant de ranger correctement ma bêtise. Je finis par chercher Ezra qui utilisait un couteau et une flamme d'une bougie pour venir faire fondre sa peau métallique et la souder.

-Ça fait mal...?
-Je ne ressens pas la douleur, aucun fil ni liquide n'a été touché c'est superficielle.
-Tant mieux...

Il termine ensuite et je ne peux m'empêcher de fixer sa blessure. Et si ça avait été plus grave ? Si je l'avais tué ? Je l'aurais perdu pour toujours ?

-Swann, tout va bien.

Sa main vient prendre la mienne ayant sûrement remarqué que je repartais dans mes pensées.

-Mmh...
-Je n'ai rien maintenant, pourquoi tu t'étais énervé ?
-Un truc con, je n'arrivais pas à faire le dessin...ca m'arrive souvent dans des moments comme ça ou quelque chose me contrarie, mais d'habitude je fais jamais de mal à personne...
-L'important c'est d'arriver à contrôler ses crises de colère à l'avenir, pour ta sécurité.

Il semble regarder mon visage ce qui m'intrigue, je regarde celui-ci dans le reflet de mon portable et remarque une marque sur mon front.

-Oh merde.
-Tu devrais mettre de la glace avant que ça devienne un bleu.
-Ouais...t'as raison.

Il sort un plat congelé et me le tend pour que je m'en serve, nous restons un moment en silence avant qu'il vienne l'interrompre.

-Tu veux que je reste avec toi pour le dessin ? Je pourrais essayer de t'aider à garder ton calme.
-D'accord mais...si jamais ça recommence va t'en loin de moi.
-Je ne peux pas, une de mes fonctions est aussi de prendre soin de toi, je ne peux pas te laisser te faire du mal.
-Je préfère être blessé plutôt que ce soit toi qui prenne, promet moi de partir si ça recommence, et là c'est un ordre.

Il semble hésiter entre ses deux fonctions avant de hocher la tête.

-D'accord.
-Merci...

Après que ma marque soit soulagée je reprends tout depuis le début, cette fois avec Ezra à mes côtés. L'envie de ne plus lui faire de mal est tellement grande que je me force à être calme tout au long du dessin, celà dure plusieurs heures qui sont silencieuses. Mais aucun de nous ne veut briser ce silence. Lorsqu'il sent que mes émotions l'emportent sa main vient caresser mon dos ce qui me détend et me fait respirer longuement et doucement, pour me calmer.

Une fois le dessin presque terminé, je décide d'arrêter pour rester avec Ezra, vérifiant au passage si il allait vraiment bien. J'ai tellement peur de le perdre c'est affreux, je ne me pensais pas capable de faire du mal à quelqu'un auquel je tiens.

EzraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant