Chapitre 7

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La sonnerie de fin de cours retentit et je me presse pour ranger mes affaires et partir tout autant que mes camarades. Les écouteurs sur les oreilles, je monte dans le premier bus pour rejoindre mon appartement. Sur le trajet, ma playlist varie entre musique dansante et carrément triste. La musique est vraiment une traître, c'est la seule pouvant te faire basculer de euphorique à tristesse en un seul couplet.

Après le trajet, je descends à mon arrêt et monte jusqu'à ma porte, j'entends déjà l'aspirateur résonner dans le couloir. Lorsque ma clé entre dans la serrure, le bruit cesse directement et je devine qu'il se place derrière la porte pour m'accuellir. Ce qui est le cas.

-Bonjour Swann, ta journée s'est bien passée ?
-Oui merci, tu as refait le ménage ?
-Oui et j'ai rangé, j'ai cru comprendre que ca aidait.
-Merci t'es gentil, tu m'aides vraiment.

Il me sourit doucement et m'aide à ranger mon sac de cours. C'est vrai que sans lui mon chez moi ressemblait vraiment à un bordel sans nom, maintenant qu'il est là ça fait plaisir de voir que tout est propre et rangé.

Je suis interrompu dans mon rangement par la sonnerie de mon portable, c'est un des groupes de discussion qu'avait créé Ella avec les autres personnes que nous avons en commun. Ils discutent souvent ensemble sans que je prenne part aux conversations.

-C'est un ami ?
-Mmh ? Oh, ouais c'est Ella, l'amie que j'ai vu la dernière fois.
-Vous allez vous revoir ?
-Non elle parle juste dans un groupe, puis je ne les intéresse pas trop.
-Pourquoi tu dis ca ?

Je hausse les épaules avant de ranger mon portable et de m'asseoir sur le canapé.

-Tu semble être solitaire, est-ce un choix ?
-Oui et non, je pense que j'attends trop des autres et je finis toujours déçu alors je me mets moi même à l'écart, même si ça me fait mal.
-Pourquoi ?

J'hésite un moment mais son regard insistant finit par avoir raison de moi.

-Parce que l'Humain nous trahit, il est mauvais.
-Tu parles par expérience ?
-Ouais...je vais te montrer un truc.

Je me redresse et me dirige vers ma chambre pour prendre une boite glissée en dessous de mon lit, l'ouvrant pour en sortir un ours en peluche blanc totalement détruit. Un œil en moins, le pelage brûlé et un membre arraché. Ezra me regarde dans l'incompréhension.

-Quand j'étais petit, ma marraine m'avait offert cet ours pour mon anniversaire. Ce fut le dernier cadeau que j'ai reçu d'elle avant qu'elle ne meurt d'un cancer. C'était la seule personne à ne pas me traiter différemment, elle était douce et son décès m'a énormément affecté. Après ça j'ai pris soin de cet ours comme à un membre de ma famille, je le gardais précieusement dans mon lit même jusqu'au collège, comme si elle était encore là à travers lui.

Je me racle difficilement la gorge en ayant quelques larmes qui montaient déjà à mes yeux.

-Et au collège, je suis tombé amoureux, elle s'appellait Aurore. Grâce à mes amis j'ai réussi à sortir avec elle et je me sentais tellement bien. Mes parents étaient même contents que je trouve quelqu'un, je l'invitais souvent chez moi, et elle tenait beaucoup aux cadeaux. Mais pas des trucs qu'on achète simplement elle aimait les trucs sentimentaux comme un présent fait à la main. Et une fois, elle m'a demandé de lui prêter mon ours. Et c'était presque impossible pour moi mais...je l'aimais tellement je voulais lui faire plaisir...

Ma prise sur l'ours se resserre au fil de mon récit.

-Et j'ai accepté, sauf que quelques semaines plus tard on s'est disputé et...je lui ai demandé de me le rendre, ainsi que mes autres affaires. Je suis passé chez elle ou elle m'a tout rendu, avec l'ours dans cet état. Sur tous les objets qu'elle avait de moi, c'était le seul qu'elle avait détruit. J'avais l'impression que mon cœur était totalement en miette...J'étais tellement sous le choc que je n'ai même pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit. Et suite à ça tout le monde me disait que j'exagerais, que ce n'était qu'une peluche que je n'étais plus un enfant...

La main d'Ezra vient se poser sur les miennes serrant l'ours jusqu'au possible.

-Ta tristesse est légitime, personne n'a le droit de te dire quoi ressentir, cette fille t'a fait du mal en s'attaquant à un souvenir précieux, c'est normal d'avoir mal.

Mes yeux noyés de larmes le regarde et il m'offre le même sourire bienveillant

-Comment tu peux dire ça alors que...que...
-Que je ne ressens pas d'émotions ? Ne rien ressentir ne veut pas dire que je ne connais pas vos réactions, mon programme m'informe que chaque être humain est différent avec des sentiments ou des envies divergentes.

Je renifle en venant sécher mes larmes et reposer l'ours dans sa boite.

-Ouais...enfin bref, tu comprends peut-être pourquoi je ne veux pas trop compter non plus sur les autres.
-Cette fille a fait des excuses ?
-Oula non tu en demande trop, je dois m'estimer heureux qu'elle ai pas raconté à tout le collège que j'avais encore une peluche.
-Certains adultes possèdent des ours également.
-Ouais sûrement mais bref, je devrais travailler.
-Bien, je te laisse alors.

Je souris faiblement tandis qu'il quitte la chambre, je reprends peu à peu mon calme. Fouiller dans ces souvenirs m'a fait mal mais au moins pour une fois la personne à qui j'en parle ne m'a pas jugé. Je me tourne ensuite vers mon dessin et regarde l'heure avant de m'y remettre. Cette fois il faut que je le termine je dois le rendre dans trois jours, j'ai déjà perdu trop de points avec mes précédents devoirs qui n'ont pas spécialement plu au professeur.

Cette fois, peu importe le temps que ça me prendra, il faut que je le termine. Puis les heures passent, Ezra fini par me demander si je veux diner ce que je réponds négativement pour continuer à travailler. Malgré ma motivation c'est la fatigue qui prend le dessus et me fait lentement poser la tête sur le bureau pour m'endormir complètement.

EzraOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz