Chapitre 21

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Lucia

Ce week-end, passé loin de Nikolaï, m'avait permis de réfléchir sur les derniers événements. Et surtout sur ma réaction face à cette lettre et cette femme. Je n'avais pas le droit de réagir de cette manière, c'était assez clair que la personne qu'il mentionnait dans la lettre était morte il y a des années (d'après ce que j'ai conclu après une journée de réflexion) et je ne devais pas m'énerver, car c'est une personne qui faisait partie du passé de Nikolaï. Si je voulais apprendre à le connaître et à faire évoluer une possible relation, je ne devais pas refouler son passé, il faisait partie de lui et je devais l'accepter. J'avais demandé à Jordan l'un de mes employés de m'aider à transporter mes affaires jusque chez Nikolaï. J'en avais profité pour récupérer le reste de mes affaires qu'il y avait dans l'appartement. Jordan m'aidait à faire rentrer mes deux valises et mon carton rempli de livre en faisant une blague à laquelle je ne pus résister de rire. Lorsqu'il s'arrêta de rire et qu'il fixait un point derrière moi, je me retournais et aperçus Nikolaï en train de nous regarder. Je perdis immédiatement mon sourire vu la tête qu'il faisait, il devait s'imaginer plusieurs choses qui étaient fausses. Je me retournais et lançais un regard inquiet à Jordan. 

— Je ne vais pas vous déranger, lâcha-t-il.
— Nik...
     Il ne me laissa pas le temps de parler qu'il disparut de ma vision. Cela m'énervait, car il ne me laissait pas le temps de m'expliquer. Il tirait des conclusions hâtives sans avoir ma version des faits.
C'est un peu ce que tu avais fait, Lucia.
     Oui, j'en étais consciente et j'étais prête à y remédier, m'excuser auprès de lui et l'écouter, cependant s'il ne voulait pas coopérer cela allait être difficile.
— Je peux m'en aller si vous voulez discuter, proposa Jordan.
— Non, entre mets toi à l'aise. Tu veux boire ?
— Ça ira, merci. Cependant, je pense que je dois vous laisser seuls, tu sais pour discuter.
     Je le remerciais avant de fermer la porte derrière lui. Une fois que j'eus fini de glisser mes valises et le carton jusque dans ma chambre. Je pris la direction de la cuisine où Nikolaï s'était enfermé.
— Nikolaï ?
     Aucune réponse.
     Je tentais de déverrouiller la porte sans succès.
— Nikolaï, ce n'est pas une manière de se comporter en tant qu'adulte. 

— Comment devrais-je me comporter alors ? Sortir et ramasser une femme que je trouve dans la rue et venir l'exhiber devant toi ? questionna-t-il ironiquement en ouvrant enfin la porte.
— Jordan est mon employé ! Et j'avais besoin d'un service !
— Tu aurais pu m'appeler.
— Tu veux que je te rappelle comment notre journée s'est terminée jeudi soir ?
— Tu as provoqué cela.
— Je ne dis pas le contraire. J'ai compris mon erreur, je n'avais pas le droit de réagir de cette manière sans écouter ce que tu avais à me dire. Je suis disposée à t'entendre à présent.
— Je ne suis plus disposé à parler, grommela-t-il.
— Tu te comportes comme un enfant.
—Je n'ai tout simplement pas envie de parler de ça maintenant ce n'est pas le moment.
— Alors quand ?
— Quand je voulais en parler, tu m'as refoulé, maintenant, je ne veux pas en parler.
— Tu agis vraiment comme un gamin.
— Peut-être que j'en suis un dans le fond.
     Je soufflai d'exaspération face à son comportement. Je pensais qu'il allait coopérer et qu'il allait me donner des explications. J'étais prête à l'écouter, cependant, il n'était pas prêt à me parler et je n'allais pas le forcer à le faire.
— Tant pis, si tu veux parler, je suis dans ma chambre.

     Je restais toute la journée dans ma chambre avec l'espoir qu'il se résigne et vienne me parler. Sauf qu'en début d'après-midi, j'entendis la porte d'entrée claquée et je perdis tout espoir. Après deux heures de plus passées dans ma chambre, je me décidais à aller explorer l'appartement en profondeur. J'avais déjà examiner toutes les pièces cependant il y avait une pièce que je trouvais suspect. Elle se cachait derrière la porte en face de la chambre de Nikolaï. Il ne l'avait jamais ouverte devant moi ou du moins je ne l'avais jamais vue l'ouvrir. Je ne savais pas ce qu'il se trouvait derrière celle-ci, mais j'espérais que ce ne soit pas des corps en état de décomposition.
     Il faudrait que j'arrête de regarder des films.
     Je tournais la poignée de la porte sans succès. La porte était verrouillée et cela attisait encore plus ma curiosité. Cependant, je ne savais pas où je pouvais trouver la clef donc je décidai d'aller explorer la chambre de Nikolaï plus en profondeur, car je n'avais pas tellement eu le temps de le faire la dernière fois. La porte n'étant pas verrouillée, je m'étais permis de rentrer en observant minutieusement ce qui se trouvait autour de moi. Je trouvais que la chambre de Nikolaï contenait quelque chose de chaleureux, mais également de sombre. Comme si parmi tout un bonheur se trouvait un nuage noir de malheur. Je remarquai également qu'il avait changé les draps.

— Tu as besoin d'un guide ?
     Je sursautais en me retournant vers la provenance de la voix. Nikolaï était arrêté dans l'encadrement de la porte un sourire amusé aux lèvres.
— Je regardais juste.
— Je te propose un guide pour ne plus que tu t'égares dans ce lieu. Ce n'est pas bien de fouiller dans les affaires des autres.
— Bon, tu es enfin décidé à me parler ? soufflai-je.
— Je ne sais pas.
— Nikolaï !
— Oui, oui, cependant, j'aimerais que tu sortes de ma chambre.
     Je me dépêchais de sortir de la pièce et me dirigeai vers le salon, mon faux époux derrière moi.
— Je t'écoute.
— Ne me regarde pas dans les yeux sinon je ne pourrais pas parler.
     Je baissai immédiatement le regard. Et il commença. Il commença à se confier à moi pour la première fois et je me sentis légère.
— Luna était ma meilleure amie. On passait tout notre temps ensemble. C'était la seule personne avec qui je m'entendais et partageais autant de points communs. Puis à l'âge de dix-sept ans elle a soudainement disparu.
— OH ! C'est tellement horrible ! Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Enfin, je suppose qu'elle est décédée, mais de quoi si ce n'est pas indiscret ?
— Suicide. Elle s'est suicidée après des années de combats contre la dépression et je me sens tellement coupable de ne pas l'avoir aidée !
— Il ne faut pas, je pense qu'elle n'aurait pas voulu cela.
— Effectivement, Luna n'aurait jamais voulu que je culpabilise pour sa mort, car elle savait à quel point moi aussi, je souffrais. Si je suis encore là, c'est grâce à la promesse que je lui ai faite.
     Lui aussi, il souffrait de dépression ? Ne puis-je m'empêcher de me questionner.
— Oui, je souffre de dépression si c'est la question que tu te poses. J'ai été diagnostiqué à l'âge de quinze ans et j'en souffre encore j'ai juste arrêté d'aller voir un psychiatre parce que je n'en voyais pas l'utilité étant donné que mon état empirait d'année en année.
— Je suis tellement désolée Nikolaï ! Je... Je... Je ne savais pas qu'il y avait une histoire aussi grosse derrière cette lettre, sinon je n'aurais jamais réagi comme cela. Je suis tellement désolée, je suis une personne horrible.
— Non, non, non ! Ne dis pas que tu es une personne horrible. Je ne suis pas habituée à exposer mes sentiments, mais une chose que j'ai retenue et que j'ai appris grâce à Luna, c'est de ne pas avoir honte. Honte de dire comment je me sens vis-à-vis d'une personne. 
— Et comment tu te sens vis-à-vis de moi.
— Je te vois en quelque sorte comme un miracle dans ma vie. Une lumière qui vient éclairer mon obscurité. Tu es une personne pleine de vie et tu m'apportes un peu de joie dans mon quotidien et cela me fait sentir un peu mieux.
— Je ne sais pas quoi dire...
— Alors ne dis rien, parfois le silence parle pour nous.
     Du coin de l'œil, je l'observe. Son regard est rivé en face de lui et sa paume d'Adams tressaute dans sa gorge.
— Et il y avait plus que de l'amitié entre vous ? demandai-je d'une voix timide. Je me sentais honteuse de poser ce genre de question alors que cette femme était décédée.
— Oui, c'était aussi ma petite amie. Mon premier amour.
— Oh...
     Je devais m'attendre à cette réponse, cependant, je ne devais pas en faire tout un plat, car d'une part, cette femme avait construit le Nikolaï de maintenant. Même si elle faisait partie de son passé, elle avait contribué à la construction de son présent et je lui en étais reconnaissant. Et peut-être que maintenant, c'était à moi de continuer ce qu'elle avait commencé. Aider Nikolaï à se reconstruire. En espérant que cette fois-ci, il me laissera entrer dans sa vie et peut-être avoir une relation autre qu'amicale avec lui. 




***

Hello ! J'espère que vous allez bien ?

Cela fait un moment mais voici le chapitre 21. Je suis désolée pour le temps d'attente entre les chapitres j'ai dû mal à avancer sur cette histoire et j'essaye d'écrire quand je le souhaite pour éviter d'écrire quelque chose que je n'aime pas !

J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me donner vos prédiction sur la suite de l'histoire.

À bientôt ! Prenez soin de vous !

Don't break meWhere stories live. Discover now