Chapitre 32

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Les sœurs s'étaient doucement relevées et leurs doigts s'étaient faufilés autour du manche de leur pinceau. Elles écumaient de rage. C'était cette femme le monstre. Elle qui osait dire des atrocités et des sottises pareilles. Elle ne méritait qu'une chose. Un châtiment. Leurs yeux livraient la foudre, leur menton s'était avancé. Elles étaient effrayantes. Elles commencèrent à relever leur pinceau et Caly la première dessina un geyser d'eau brûlante qu'elle lança sur la femme. Douce avait elle aussi sortit son pinceau qu'elle avait caché dans sa robe. Les sœurs n'auraient pas cru qu'elle en possédait un. Elle créa un immense bouclier brun devant Caly qui disparut aussitôt. Son Encre devait être celle des Tribus, moins performantes. Son adresse était misérable, elle esquivait difficilement les coups des sœurs acharnées. Caly continuait sans répit de leur assener des dessins plus puissants les uns que les autres, lacérant les fauteuils. Le mobilier gisait au sol, tombant dans un grand fracas qui alterta Leo. Il descendit rapidement avant de lancer une tornade dévastatrice, emportant la table et creusant le beau parquet, son pinceau fin, prêt à tuer, brandit. Elicia l'évita habilement tandis que les jumelles se faisaient emporter, se cognant contre les murs de lin et contre le plafond. L'aînée le toisa. Elle avait l'avantage, Leo semblait exténué. Elle dessina un fouet qu'elle agrippa de sa main gauche avant de s'élancer vélocement vers l'homme. D'un bond, elle fit claquer son arme près de Leo qui l'évita se retrouvant derrière elle. Il allait la frapper à la nuque quand le cri de Myra le fit tourner la tête. Elicia en profita pour lui donner un puissant coup de pied dans le ventre avant de rejoindre sa sœur qui se tenait les côtes. Caly impassible, toujours en position de combat, tournait le dos à son aînée, se dressait hautainement vers la femme dont le visage apeuré était devenu impavide. Elles attaquèrent au même moment, se percutant férocement. La jeune fille reprit ses esprits plus vite et se mit derrière Douce qui se relevait avec difficulté. Caly lui attrapa la tête et plaça son pinceau sous sa gorge. Il ne lui suffisait que d'une pensée pour faire arrêter son cœur. Ses mots résonnaient : "ces monstres" "massacre". Elle allait terminer quand elle fut violemment dégagée de la femme. Elicia la regardait avec stupeur son pinceau pointé vers elle. Caly, à terre, tourna la tête et aperçu Leo. Il rageait bruyamment, son fusil pointé vers elle. "Ils les tuaient directement". Elle roula au sol tandis que l'homme furieux pressait la détente. Les balles perçaient le trou près de la jeune fille qui les sentait la frôler. Elicia dans un hurlement protecteur, se jeta sur l'homme. Le bout de son arme changea de direction, pointant à présent sur Caly. Il tira. La jeune fille n'eut à peine le temps de se déplacer d'un instant qu'une douleur fulgurante la fit plier en quatre. Son bras coulait d'un liquide rouge, éclaté. La balle, nichée dans sa peau, infectait le bras pur de la jeune fille écarlate. Myra rampa vers sa jumelle et dans un pleur, arracha la balle avant de la lancer aussi loin de ses dernières forces lui permettaient. Armée de vengeance et de fureur, elle se précipita sur la femme restée au sol. Elle dessina une cage à oiseau autour d'elle, entendait les gémissements de son mari qui s'était retrouvé à l'autre bout de la pièce, propulsé par Elicia dans une vague de désespoir. Myra ne prit pas le temps de réfléchir et créa un gigantesque bloc de béton sale et misérable au-dessus de la cage qui tomba dans un bruit d'éboulement. Leo dans un cri de douleur, hurla de toutes ses forces. Myra pensa qu'elle aurait dû éprouver des remords, mais rien que la vengeance résonnait dans sa tête. Elle avait fait cesser les imbécilités de cette folle.
-Vous êtes le diable ! Sortez de ma maison ! Rendez-moi ma femme !
L'homme dans un rugissement dessina une pierre semblable à une météorite qui finit de réduire la maison. Des gravillons et de l'odeur de poussière leur piquaient les yeux et rendaient difficile leur respiration.

Certains éclairs foudroyaient çà et là la maison réduite à un taudis. Leo n'avait pas retrouvé le corps de sa femme écrasée comme une vulgaire crêpe, sans sucre et sans chocolat. "Elle n'avait pas souffert". Il se le répétait inlassablement tandis qu'il pleurait. Il resta un instant devant le seuil de sa maison écroulée, la mâchoire tremblotante. Les monstres de ses cauchemars avaient fui. En voir une blessée l'avait presque heureux. Leur sourire, leurs étoiles dans les yeux, tout chez elles étaient faux, tout n'était que mensonge. Tout n'était qu'égoïsme. Sa femme, sa Douce. Celle avec qui il avait partagé sa vie, celle avec qui il avait fui, celle qui partageait ses sentiments, celle qui était tout pour lui.

La marque du sangWhere stories live. Discover now