15. Implosion

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« À raconter ses maux, souvent on les soulage. »
Pierre Corneille


          Le cœur d'Alexandre battait à chamade. Depuis quelques minutes déjà, il attendait à l'entrée du parc du musée Gallo-Romain de Lyon, où le groupe s'était donné rendez-vous. Impatient, il regardait sans cesse sa montre, relevant parfois les yeux pour scruter au loin. En réalité, il était arrivé bien trente minutes en avance, dans l'espoir inavoué de croiser Imany plus tôt. Mais depuis plusieurs minutes maintenant, il était seul. Ces derniers jours, le temps s'était amélioré pour laisser place à un grand soleil bleu, rarement dérangé par les nuages. Le vent n'était plus aussi glacial que l'hiver passé, et s'estompait les après-midis pour laisser place à la chaleur. Le caporal attrapa son téléphone, dans l'attente d'une notification du groupe. Jamais il n'avait manqué de patience à ce point.

— Alex ! s'écria quelqu'un au loin.

Son pouls s'emballa aussitôt, ne prêtant pas attention à la voix pourtant masculine. Évidemment, Romain était le premier arrivé. En ce mercredi après-midi, l'adolescent avait opté pour un short blanc cassé ainsi qu'un sweat bleu qui faisait ressortir ses cheveux parfaitement coiffés.

— Salut, dit-il tentant de cacher sa déception.

— Ça fait longtemps que tu attends ? demanda Romain en lui tapant amicalement l'épaule.

— Quelques minutes, mentit le brun. Mais avec le beau temps, c'est bien moins désagréable d'attendre à l'extérieur.

L'adolescent acquiesça d'un large sourire.

— D'ailleurs, je vois que tu as mis un short... Il ne fait pas encore un peu trop froid pour sortir comme ça ? remarqua Alexandre.

­— Tu rigoles ! C'est le temps parfait. D'un côté j'ai un peu frais en bas, de l'autre je suis bien au chaud dans mon pull... J'adore ce genre d'outfit !

Un court silence les sépara, durant lequel Romain se plongea dans l'écran de son smartphone. Il dessina un léger sourire, rangeant l'appareil dans sa poche. Le brun le questionna du regard, intrigué.

— Pourquoi tu me regardes avec cet air ? demanda l'adolescent en détournant le regard.

— Je crois reconnaître cet air idiot...

­— Je ne vois pas de quoi tu parles... marmonna Romain.

Alexandre, d'humeur taquine, lui mit un coup d'épaule amicale dans le bassin.

— Je parle avec une fille de ma classe, avoua enfin l'adolescent.

Le caporal afficha un sourire satisfait avant de lui lancer un regard complice.

— Comment s'appelle-t-elle ?

— Emma, chuchota Romain. Mais tu ne le dis pas aux autres !

Alexandre mima une bouche cousue, lui adressant un clin d'œil. En face de lui, l'adolescent semblait à la fois intimidé et soulagé.

— Pourquoi cet air de chien battu ?

— Salut les garçons, dit une voix dans son dos.

Le brun sursauta. Justine apparu tout enjouée. Alors qu'elle commençait à raconter les galères qu'elle avait rencontré dans les transports en commun lyonnais, le caporal jeta un coup d'œil en direction de Romain qui lui fit signe qu'ils en parleraient plus tard. Il grimaça, mais accepta tout de même. Peut-être qu'à un moment de la journée ils auraient l'occasion de revenir sur le sujet, après tout.

ImanyWhere stories live. Discover now