13. My heart is falling too

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« I'm in love with your body »
Ed Sheeran


          Alexandre attendait devant la porte, frappant une nouvelle fois. Il attendit quelques minutes de plus avant que quelqu'un tourne les verrous de l'autre côté. Romain, vêtu d'un sweat blanc trop large et d'un jean encore déchiré, l'accueillît chaleureusement. L'adolescent était toujours très tactile, étreignant le caporal amicalement.

— Salut, mon pote.

— Romain, le salua Alexandre.

Derrière le garçon, Justine lui adressa un signe de main, assise sur le canapé aux côtés de la brune. Attrapant ses roues, le brun pénétra dans les lieux, répondant d'un signe de tête aux salutations des deux jeunes femmes.

— J'ai apporté des choses dans mon sac à dos, reprit-il, s'adressant à Romain.

L'adolescent attrapa celui-ci, l'ouvrant près du plan de travail de l'immense cuisine. Alexandre, lui, continua son chemin jusqu'au salon.

— Tu veux t'asseoir sur le fauteuil ? demanda poliment Justine. Nous pouvons t'aider si tu veux.

— Je devrais pouvoir y arriver seul, répondit Alexandre. Mais merci.

Il hésita un instant. Tandis que son esprit criait qu'il devait rester dans son fauteuil roulant, son cœur lui, n'en faisait qu'à sa tête, lui chuchotant malicieusement d'écouter Justine et de se mettre dans le fauteuil moelleux. Après quelques secondes d'hésitation, Alexandre se pencha en avant, s'appuyant sur les accoudoirs du fauteuil pour se soulever. Fébrile sur ses appuis, il sentit ses coudes trembler sous son poids.

— Tu fais ça tout seul, tout le temps ? s'étonna Imany.

Il fut surpris de l'entendre parler.

— Oui, répondit-il, gêné.

Oh... Ça doit vraiment être difficile au quotidien.

Il ne répondit pas. Avait-elle pitié pour lui ? Ce sentiment d'infériorité, Alexandre le détestait plus que tout au monde. Il frissonna.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te...

— Ne t'en fais pas, la coupa-t-il.

Les minutes qui suivirent ce court échange, Imany ne lui adressa plus la parole, le regard rivé sur ses mains. Le ciel dehors était d'un bleu éclatant. Le soleil, qui pointait enfin le bout de son nez, réconfortait chaleureusement Alexandre. À travers les grandes fenêtres, des rayons chauds venaient caresser sa peau pâle, la réchauffant légèrement. Il jeta un coup d'œil à sa droite, admirant quelques secondes la vue. Lyon était magnifique. Toutes ces couleurs, Alexandre les avait presque oubliées. Au Mali, tout n'était que sable et poussière. Même la verdure semblait triste. Il secoua la tête, chassant le souvenir des déserts sans fin.

Quand la nuit fut tombée dehors, et Star Wars fini, le petit groupe s'activa dans la maison. Justine aida Imany à découper les ingrédients de sa recette, tandis que Romain rapatriait certains objets de sa chambre au salon. Alexandre, lui, se sentit profondément inutile le temps de quelques minutes, toujours dans le fauteuil moelleux.

— Vous êtes sûrs que vous n'avez pas besoin d'aide ? demanda-t-il poliment.

Ils lui répondirent que non. Il tourna la tête. Les couleurs de Lyon, remplacées par la pénombre nocturne, scintillait sous le reflet de la lune. Les foyers lyonnais étaient allumés, tandis que quelques passants aussi petits que des fourmis traversaient les rues pavées en bas de la colline de Fourvière. Cette vue, Alexandre ne s'en lasserait jamais.

ImanyWhere stories live. Discover now