Chapitre 86 - Lever la tête !

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Louisa écoute attentivement Rof Thorsen tout en étant dans l'incompréhension la plus totale.

Elle n'avait peur de rien... Comme la grande muraille de Troie, Susanna à fait barrage entre moi et le chien. Son regard était si fort, si pénétrant, qu'il a immédiatement stoppé le canidé dans sa course. Même lui pouvait ressentir sa rage et son envie de combattre. Réfugié derrière elle, j'ai tout de suite su que je voulais passer ma vie à ses côtés.... Vous aviez Alessio, j'avais ma femme. C'est elle qui m'a poussé à reprendre l'entreprise familiale et perpétuer mon héritage. Alors à sa mort, je me suis encore plus consacré à la gloire et la force de Thor Industries. Pour ma famille mais surtout pour elle... ma précieuse Susanna...

Louisa, étourdie par ses révélations intimes, observe Rof fait tournoyer son alliance autour de son doigt et éprouve presque de la compassion à son égard.

Alors... vous ne l'avez pas tuée ?
—Bien-sûr que non. Susanna est morte si stupidement... Elle adorait jardiner et malheuresement, nous ne savions pas qu'elle était allergique aux abeilles. Une seule piqûre lui a été fatale... je n'étais même pas présent le jour de sa mort... Une mort stupide, rapide et brutale... Tant pour moi que pour Oléana.
—Alors pourquoi dit-on cela ?

Rof sourit en observant la Reine d'Europe.

Vous savez pertinemment comment le monde des affaires fonctionne. Il faut être impitoyable, sans pitié mais contrairement à vous, je ne possède pas votre goût du sang. Alors quoi de mieux qu'une bonne vieille rumeur ?
—Vous voulez-dire que consciemment, vous avez lancé la rumeur de l'assassinat de votre femme pour paraître plus impitoyable ?
—Eh oui madame Conti. Rares sont les gens qui peuvent exécuter plus de deux-cents personnes aussi facilement que vous et possède votre réputation de tueuse.
—Je suis devenue une tueuse par votre faute et je n'en serais jamais fière. Mais pourquoi devrais-je vous croire ?
—Parce que je suis là en ami.

Louisa ricane doucement tout en tirant une autre cigarette de son paquet. Rof fait de même, et extirpe un large cigare de sa poche intérieure.

Vous me faites bien rire, lance Louisa en allumant sa tige. La dernière fois que votre fille m'a dit cela, l'une de mes collaboratrice s'est retrouvée entre les mains du lieutenant Bérard.
—Je ne suis pas ma fille, comme vous vous en doutez, réplique Rof en saisissant le briquet de Louisa.

Longuement, Rof tire de grandes bouffées pour allumer son cigare.

Cette guerre que nous menons depuis des mois est devenue un poids pour nous deux. Nous perdons des milliards de dollars et mettons en danger nos héritages respectifs. Je suis là pour trouver un compromis et vous faire prendre conscience de vos erreurs.
—Mes erreurs ?
—Oui. Même les grandes Reines commettent des erreurs et sont parfois aveuglées.
—Monsieur Thorsen, la seule erreur que j'ai commise, et je m'en mords les doigts chaque jour de mon existence, est d'avoir épargné la vie de votre fille. Je me souviens parfaitement de ce jour... à Marseille. Je revois votre fille agonisée au sol, transpercée par une balle et se vidant de son sang sur le bitume. Vous n'étiez pas la monsieur Thorsen... J'aurai pu mettre un terme définitivement à notre guerre mais je ne l'ai pas fait. Voilà mon erreur fatale. Cette erreur qui me pousse à venir sur ce bateau pour négocier et finalement, me repentir....

Louisa sourit, cigarette à la main.

Me repentir devant les plus grands criminels de la planète...  quelle ironie. Ce métier aime nous faire des blagues parfois.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now