Chapitre 41 - Sans âme

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Une fois arrivée à l'intérieur du lugubre bâtiment de Montreuil, un aboiement tonitruant se met à résonner derrière l'une des portes. En arpentant le long couloir imprégné d'une odeur d'urine exécrable mélangée à l'humidité ambiante, Louisa avoue que l'ambiance glauque de son ancien domicile ne lui a pas du tout manqué. Comme un goût de nostalgie, Louisa sourit lorsqu'elle se doit d'enjamber une poussette qui encombre le passage. Ce misérable immeuble l'a vu grandir et pour Louisa, cet endroit est le symbole de la longue descente aux enfers de sa famille suite à l'assassinat de son père. Arrivée devant la porte de son ancien appartement, la jeune femme marque l'arrêt et hésite.
Jamais Louisa n'a éprouvé la moindre crainte à affronter sa mère et se montrer honnête envers elle, mais aujourd'hui tout est différent. Pour sa mère, Louisa n'est plus sa fille mais cette dirigeante sanglante et sans pitié qui a exécuté un policier de sang-froid devant ses yeux. Louisa voudrait fuir, partir en courant pour ne jamais devoir à affronter les répercussions de cette décision, car elle sait pertinemment que sa mère n'hésitera pas à lui jeter ces démons en pleine figure.

Allez Louisa... Tu dois le faire.

Dans un élan de courage, sa main cogne à la porte.
Aucune réponse. Louisa regarde sa montre et aperçoit l'heure tardive mais décide de réessayer.

Maman, c'est moi... S'il te plait, ouvre moi.

Toujours aucune réponse.

Je veux simplement discuter. Je suis seule, ne t'inquiète pas.

Les claquements des verrous retentissent.
Sur l'instant, Louisa ne reconnaît pas sa mère. Son visage est terne, ses traits sont fatigués, ses cheveux grisonnants tombent en lambeaux sur ses frêles épaules... Rien ne lui rappelle cette femme si distinguée, souriante et chaleureuse qu'était sa mère auparavant. Pendant un moment de flottement, les deux femmes s'observent comme si elles se redécouvraient mutuellement.

Que fais-tu ici ? Je n'ai pas été assez claire ? s'exclame froidement sa mère.
—Je suis revenue sur Paris et je veux simplement discuter avec toi... J'en ai marre de ce silence ! De cette ignorance que tu me fais endurer ! S'il te plait maman... Je suis ta fille...

Comme craintive, sa mère jette un dernier coup d'œil dans le couloir avant de lui faire signe de rentrer. Louisa pénètre dans son ancien appartement et remarque que rien n'a changé. Tout est exactement pareil. La canapé en cuir marron usé par le temps, un meuble TV tapissé de photographies de famille... Tout est absolument pareil et cela apaise étrangement Louisa.
Elle s'avance mais des bouteilles d'alcool disposés sur le plan de travail l'interpelle.

Tu bois maintenant ?! s'exclame-t-elle en saisissant une bouteille de cognac.
Tu t'en préoccupes ? Grande nouvelle !

Voûtée telle une vieille personne, sa mère d'une lenteur comateuse s'affale dans le canapé du salon.

Maman... C'est dangereux pour toi et en plus, tu n'as jamais aimé l'alcool. C'est pas toi...
—L'alcool fait passer le temps... Et c'est toujours mieux que de sortir dehors pour se faire épier en permanence par des foutus policiers.

Louisa s'assoit mais tâche de rester à une certaine distance.

T'as une cigarette ? demande sa mère en posant ses pantoufles sur la table.

Louisa, étonnée de voir sa mère fumer, ne dis rebondit pas et lui tend mécaniquement son paquet.

Alors ? Tes journées sont bien occupées ?
—Maman, je voudrais discuter avec toi en tant que fille et non en tant que dirigeante de ALLOS...
—Pourtant, c'est ce que tu es.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIDove le storie prendono vita. Scoprilo ora