[ Epilogue ]

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[ Environnement inconnu,
Date inconnue,
Horaire inconnu ]

[ Evangéline Roch ]

Mon corps, qui n'est qu'un sac de nœuds douloureux, me réveille. Je grogne, m'agite difficilement pour étirer mes membres, qui me semblent être de vieilles pierres de plusieurs tonnes, puis ouvre les yeux... que je referme immédiatement. Une vive lumière blanche m'a aveuglée. Je cligne plusieurs fois des paupières et me frotte les yeux avant de réussir à regarder autour de moi. Je me redresse.

Mon cœur s'emballe au point de me faire mal. Je déglutit très difficilement.

Je suis dans une cellule blanche, de béton peint, de plastique et de métal, totalement aseptisée. J'ai été laissée sur une banquette étroite, fine et inconfortable à souhait. Ma tête me lance. Je la prends entre mes mains, me recroqueville sur moi-même.

— Ça va ?

Je redresse la tête, reconnaissant cette voix.

— Yolan ?

Assis en tailleur sur la banquette d'en face se trouve le jeune homme, les traits tirés.

— Est-ce que ça va ? répète-t-il en fronçant ses sourcils blonds.

Je me lève pour aller le voir, mais un poids autour de mon cou me coupe dans mon élan. C'est avec des sueurs froides que je lève une main. Mes doigts rencontrent un métal froid. Ils m'ont mis un collier... comme à un chien. Ma respiration devient laborieuse. Ma bouche s'ouvre, mais aucun son n'en sort. Je fixe Yolan, lui demandant avec les yeux ce qu'il se passe, où nous sommes, comment il va, lui.

— Ça va aller, Eva, t'en fais pas trop pour moi.
— Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'est ? couiné-je en tapotant l'épais collier en métal.

Mes mains tremblent comme jamais elles ne l'ont fait..

— C'est un truc pour nous contrôler. Si jamais tu te montres trop difficile à gérer ou que tu utilises tes pouvoirs, tu reçois une décharge...

Je me concentre sur ma respiration. C'est la dernière chose que je suis encore capable de contrôler, putain. J'inhale et expire profondément pour garder mon calme. Puis c'est la rage qui pointe le bout de son nez.

— Les fils de chiens...
— Et encore, tu t'en sors pas si mal, ironise-t-il.

Yolan lève ses bras. Je porte une main à ma bouche, toujours plus choquée. Des entraves en métal enrobent ses mains jusqu'à la moitié de ses avant-bras, aux bouts reliés par une chaîne, comme des menottes impitoyables.

Mes jambes flageolent. Je recule, me laisse retomber sur la banquette, passe une main dans mes cheveux blancs. Je remarque enfin que l'on a changé mes vêtements pour une tenue de prisonnier blanche : un pantalon droit et un t-shirt informe au col en « V ». Je suis pieds nus. Je tire sur mon haut. Sur ma poitrine se trouve un code de détention. Il est écrit avec un mélange de lettres romaines, grecques, et d'un troisième type que je ne reconnais pas. C'est du cyrillique je crois. Je suis incapable de décrypter cette langue. Par contre, je peux lire les chiffres que je porte.

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J'ai été lavée aussi. Je porte mon avant-bras couvert d'écailles à mon nez, renifle, puis grimace. L'odeur piquante qui s'en dégage m'indique que j'ai plutôt été « désinfectée ».

Je me lève, bien décidée à comprendre où nous sommes, et avec qui. Les barreaux qui me font face sont en métal, comme n'importe quels barreaux de prison. J'attrape deux d'entre eux. Rien ne se passe.

TRINITY - Tome 2 : Voir loin, c'est voir dans le passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant