[ 34 ] Hélice, explosion et dôme

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[ Trixie ]

Une grenade roule à mes pieds. Je me jette sur le côté et me protège derrière un muret, avant de me rendre compte que cette arme n'est pas du tout destinée à exploser mais à pulvériser un gaz — un dérivé de chloroforme, si j'en crois l'odeur. Je plaque ma main sur mon nez et ma bouche, puis fais léviter cet objet très loin de moi.

Pas loin, un ours couvert d'écailles vertes grogne — Lev. Il est face à un paramilitaire qui le tient en joue. Je n'ai aucune idée de ce que le jeune homme fait ici, mais je n'ai pas de temps à consacrer à cette question. Je lève une main, l'homme lévite. Sa tête effectue un tour à 360°. Son cadavre déformé s'écrase au sol. Lev tourne sa grosse tête à la gueule pleine de crocs ensalivés vers moi, puis me fait un signe qui doit vouloir dire « merci ».

— De rien... dis-je en me relevant précipitamment.

Arsène est en difficulté, acculé de toutes parts par des hommes en armes. Il saigne.

— Arsène !

Je lui jette un revolver, qu'il attrape. Il tire immédiatement sur ses persécuteurs. Mon, j'en attrape quelques-uns par la pensée et les écrase au sol. Arsène recule, aux aguets, prêt à tirer, et revient à mon côté. Il me tend son petit doigt. Je suis d'abord surprise, puis je comprends. Je serre son auriculaire avec le mien, un sourire tremblant aux lèvres.

— Où est le Professeur ? demandé-je en tendant la main pour qu'un paramilitaire tire sur ses alliés.
— L'Enkephalos a été attaqué, m'explique-t-il en tirant sur un attaquant.

Avec Karl, Katinka me vient immédiatement à l'esprit.

— T'inquiète, Katinka l'a exfiltré. Heureusement qu'elle était là. Lilith a mis tout le système de l'Enkephalos en mode « protection d'urgence ».
— Merde ! On peut plus rien en faire ! s'exclame-t-il en tirant encore sur un homme.
— Mais on peut plus rien lui faire non plus.

Une brûlure aiguillonne ma cuisse. Je tombe par terre en mordant ma lèvre inférieure. Un autre coup de feu retentit, suivi du son d'un corps armuré s'effondrant. Arsène se précipite vers moi. J'appuie avec un gémissement sur la plaie. Il me soulève dans ses bras pour nous mettre à couvert derrière un bloc de pierre qui s'est décroché de la façade du château.

— La dernière info que j'ai obtenue c'est que tu as le feu vert de Karl.

Le brun m'aide à enrouler un morceau de tissu autour de ma cuisse et serre fort le nœud pour limiter l'hémorragie externe. Nous n'avons pas de désinfectant sur nous, mais j'ai eu de la chance, la balle n'a fait que m'effleurer.

— C'est à toi de jouer, me dit Arsène en croisant mon regard.

Je déglutis en fixant ses iris rouges remplis d'appréhension. En m'appuyant sur le bloc de pierre, je me relève en serrant les dents.

— OK... Couvre mes arrières alors !
— Compris !

Arsène se met en position défensive pour me protéger dans le chaos ambiant. Un projectile perdu peut venir de n'importe où et de n'importe qui, même d'un allié. Mon esprit s'échappe de ma tête, le voile se répand au-dessus de nous. Je détecte les fréquences cérébrales de ceux qui ne sont qu'humains, de tous les assaillants qui se trouvent au sol.

Un coup de feu.

Tout près.

Arsène a abattu un homme pour moi.

C'est au tour de ma psychokinésie de surgir de sa tanière. Les volutes écarlates s'enroulent autour de mes doigts qui s'agitent comme ceux d'une marionnettiste, puis apparaissent autour de chaque attaquant. Je lève les mains au-dessus de ma tête et ils sont soulevés à plusieurs mètres du sol. Nos ennemis sont tellement nombreux, plus d'une centaine, mais cela ne fait pas peur à la bête en rage qui gronde en moi, qui ne demande qu'une seule chose : les tuer.

TRINITY - Tome 2 : Voir loin, c'est voir dans le passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant