XXIII

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« Sachez que la vie présente n'est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l'orgueil entre vous et une rivalité dans l'acquisition des richesses et des enfants. »

Le Coran


Athénaïs, jusque là allongée sur son grand lit, se met sur pieds en voyant entrer dans ses appartements un visiteur pour le moins inattendu. Où peut-être pas tant que cela.

Henri de Montéclair a tenu à avoir une discussion seul à seule avec la femme ayant voulu se débarrasser sa sœur cadette. Il se demande cependant si cela servira à quelque chose. Car ne nous leurrons pas, la marquise de Montespan n'est probablement pas du genre à vouloir coopérer si facilement, à supposer qu'il s'agisse du bon terme. Il est en tous cas certain qu'elle ne donnera pas de réponses concrètes.

Les ennemis se jaugent, éloignés de plusieurs mètres l'un de l'autre. La tension est clairement palpable. Athénaïs décide finalement de mettre fin à cette bataille de regards.

- Je ne vous questionne pas sur ce qui vous amène ici.

- Ce serait en effet le comble de la bêtise. D'autant que vous n'êtes point en position de vous réjouir.

Madame de Montespan ne semble toutefois pas le moins du monde se soucier de la voix glaciale de son interlocuteur.

- J'imagine néanmoins que votre esprit est rempli d'interrogations que je suis seule à pouvoir répondre.

- Soit, je jouerai cartes sur table, puisque vous avez l'air si encline à jouer à ce petit jeu. Mais ne soyez pas si sûre de vous, Madame. Je sais déjà depuis longtemps le pourquoi vous avez tenté de tuer ma sœur.

- Dans ce cas, vous êtes bien inconscient d'être venu si vous n'attendez rien de moi.

Henri émet un sourire en coin. Si elle le croit idiot comme la plupart des individus qu'elle a séduit et trompé, elle commet une bien lourde erreur.

- Je vous pensais plus intelligente que cela. Mais je vous le concède, j'ai effectivement des questions que vous seule pouvez répondre. Le jour où le roi a commencé à se détourner de vous lorsqu'Isabelle est entrée dans sa vie, qu'avez-vous fait pour atténuer votre soif de pouvoir ? Cela vous manque-t-il donc à ce point d'être assise sur le trône des maîtresses ?

Athénaïs ricane avec dédain.

- Que croyez-vous ? Je suis pertinemment consciente que le pouvoir est toujours instable. La favorite royale peut-être à tout moment remplacée. C'est bien l'objectif de le garder. Votre sœur n'est qu'un pion de plus dans ce jeu.

- Un jeu dont VOUS dictiez les règles. Même si vous n'aviez pas prévu que sa Majesté tomberait sous le charme d'une autre, rien ne vous aurait empêcher d'user de vos ruses ou de simplement refuser qu'Isabelle devienne la gouvernante de vos enfants. Vous avez causé votre propre perte.

- Non, Monsieur. Ce n'est point moi, sinon votre chère Isabelle. Je vous l'ai dit : elle n'est qu'un pion. Car même si je le voulais, je ne pourrais pas m'opposer a la volonté du roi.

Cette réponse déclenche un rire jaune chez Henri. Vraiment ! L'audace de cette femme est sans limites !

- Qui essayez-vous de convaincre ? Il est pourtant clair que vous aviez encore de l'ascendant sur sa Majesté en ce temps-là. N'allez pas me faire croire que vous n'avez point été stupide sur ce coup. C'est bien parce que vous vous en êtes rendue compte que vous avez agit de la sorte en prenant ce couteau. Cela n'arrange pas les choses pour vous.

- Qui se soucie du bien ou du mal lorsque vous êtes mort ?

- Quand avez-vous perdu votre conscience, Madame ? Apparemment depuis longtemps, compte tenu des activités douteuses auxquelles vous vous prêtez. Je ne comprends pas comment vous pouvez le justifier, dans votre cœur, dans votre âme. Ces terribles recours.

La Comtesse du LysWhere stories live. Discover now