XXI

381 20 5
                                    

Remerciement à FanSALTLTRRtr09 pour ses commentaires.

Coup de tonnerre dans ce chapitre après presque une semaine d'attente ! Bonne lecture !

********************

« Si la nuit est noire, c'est pour que rien ne puisse nous distraire de nos cauchemars. »

Bill Watterson


Un coup de tonnerre retentit. Louise Françoise se redresse dans son lit en haletant, le front couvert de sueur. Ses yeux foncés s'ouvrent, écarquillés sur un monde que le délire vient voiler de flammes. L'air passe difficilement à travers sa gorge serrée. Miséricorde ! Qu'était-ce donc que cet affreux cauchemar ? L'impression que l'horrible songe n'est pas terminé, qu'elle est toujours hantée par la vision qu'elle vient de voir la laisse exsangue.

Des claquements contre les carreaux des fenêtres lui font tourner la tête vers celles-ci. Dehors dans la nuit, il vente fort. La pluie tombe avec fracas. Le son des gouttes s'écrasant sur le château de Vaugirard résonne avec force entre les murs. C'est comme si le temps était annonciateur de sinistres présages.

Mademoiselle de Nantes contemple alors la porte qui lui fait face quelques mètres plus loin devant elle. Il fait si sombre ici, à l'extérieur le ciel est si noir. Toutes couleurs lui semble avoir disparu dans la pièce. Il n'y a que des nuances obscures. Cette porte est d'un noir profond. Ce voile d'eau grisâtre au dehors est à l'image de ce qu'elle ressent en cet instant. Morose, triste, désolé...

Une partie de son esprit, son instinct, lui intime de ne pas rester coucher. Elle veut se lever mais ne fait que basculer lourdement au bas de son lit. Le sol carrelé est dur et froid. Son contact est douloureux mais parait donner une nouvelle énergie à la petite fille qui, lâchant une plainte déplorable, rampe vers la porte de sa chambre. Son corps et ses mains s'élèvent avidement pour saisir la poignée et la tirer avec ses maigres forces.

Parvenant enfin à se tenir debout sans que ses jambes ne la trahissent une nouvelle fois, elle avance à l'aveuglette dans les couloirs. Le bruit de ses pas précipités vibre faiblement entre les murs, se mêlant au tumulte provoqué par l'averse. Le ciel anormalement plombé déversait une pluie torrentielle depuis le début de la soirée. Non pas une ondée bienfaisante qui serait survenue en période estivale et qui aurait rafraîchit faune et flore. Mais une pluie froide s'échappant comme autant de larmes d'un firmament endeuillé, conférant au paysage habituellement ensoleillé de France une atmosphère sépulcrale.

Louise Françoise arrive enfin à sa destination. Elle tambourine contre la porte de sa gouvernante qui vient lui ouvrir, on ne peut plus étonnée de sa présence ici en pleine nuit. Elle s'empresse de soulever la petite dans ses bras en lui caressant tendrement le dos pour calmer ses sanglots. Puis elle va s'asseoir sur le bord de son lit, à la lumière de la bougie.

- Isabelle, j'ai peur... Gémit Mademoiselle de Nantes d'une voix tremblante.

- Ne pleurs pas, Fannie. Dis-moi ce qui te tourmente.

- Mère... Je l'ai vue... Elle me terrifiait ! Elle voulait te tuer !

L'acoustique de l'orage brouille les pensées de Louise Françoise, lesquelles s'évaporent en une fine brume flexueuse. Malgré ce tourbillon impétueux de mots et d'images cauchemardesques, un grain d'escarbille a réussi à s'échapper de la foule endiablée de pensées. Le dit grain poussiéreux se métamorphose sans tarder en un cristal. La pierre translucide laisse transparaître le cadavre de sa seule véritable mère. Mademoiselle de Nantes entreprend laborieusement de diluer cette idée cristallisée dans le maelström de son cerveau.

La Comtesse du LysWhere stories live. Discover now