VI

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« La destinée ? Un rêve d'enfant mêlé à la détermination des plus grands. »

Tom Mansot


Le château de Vaugirard est pensé comme une demeure de plaisance, dédiée au plaisir de vivre, avec de grandes ouvertures, une cour d'honneur, et prolongée à l'extérieur par les jardins. Le lieu présente un plan régulier en U, avec un corps de logis flanqué de pavillons, situé entre une cour encadrée de deux ailes de communs et un jardin. Ici la symétrie et l'alignement règnent : l'allée, le portail, la porte d'entrée créent une perspective parfaite qui se poursuit encore à l'intérieur du château et jusqu'au fond du parc.

C'est avec une joie non dissimulée que le roi, adorant ses enfants naturels, retrouve ces derniers dans la salle de jeux. Les deux jeunes Louise Françoise et Louise Marie Anne se précipitent sur leur paternel qui les accueille à bras ouverts.

La première est une petite fille somme toute adorable, âgée de quatre ans. Les boucles de sa sombre chevelure ne sont touchés d'aucun givre, encadrant un visage ovale au milieu duquel deux grands yeux d'un brun foncé et des petites lèvres rouges achèvent de la rendre agréable.

La seconde, à trois ans, n'est pas moins jolie que sa sœur, même plus mignonne. Ses courts cheveux étroitement bouclés et ses yeux sont légèrement plus clairs que ceux de la précédente. Ses deux belles joues rosées sont si potelées que l'envie de les couvrir de baisers ne manque pas. Sa pâleur peut toutefois causer des frayeurs, la fillette étant sujette aux maladies dues à une santé fréquemment défaillante.

- Vous êtes bien énergiques, Mesdemoiselles.

- Père, savez-vous qui s'occupera de nous, maintenant que Régine est partie ? Mère était si furieuse.

- Ceci, Louise Françoise, est une chose à laquelle je travaille en ce moment-même.

Le souverain garde en tête l'image de la comtesse de Vauboyen.

Isabelle... Rien que son prénom lui paraît aussi resplendissant que son physique. Il ne l'a vu que de loin, pourtant la qualifier de belle ou de magnifique lui semble être une insulte à sa beauté. Non, elle est tellement plus que cela...

Elle est l'envol exquis d'une larme, éclose au cœur d'un amant. Elle est un parfum doux qui charme, sur un air tendre et langoureux. Elle est la peau de satin qui palpite, sous la caresse du passionné. Elle est un regard qui invite à contempler le firmament. Elle est une fleur née d'un mystère, un astre descendu des cieux. Et qui vient offrir à la terre sa beauté dérobée à Dieu.

Pareille beauté chez un être vivant, Louis n'en n'a jamais vu ou imaginé auparavant, malgré celle que lui présentait Athénaïs depuis plusieurs années.

- Père !

Le souverain relâche ses deux filles pour aller soulever son fils Louis-César dans ses bras. Il est un jeune garçon de cinq ans semblable à son paternel dans le visage : les mêmes cheveux sombres et bouclés, ainsi que des yeux foncés caractéristiques de la Maison de Bourbon. Atteint dès son plus jeune âge d'une déformation de la colonne vertébrale qui le fait boiter et ayant une épaule plus haute que l'autre, chose qui ne facilite pas ses déplacements, il est la plupart du temps assis.

- Eh bien, mon fils, il semble que vous brûlez de me dire quelque chose.

- J'ai rêvé de vous cette nuit. Vous n'étiez pas seul.

- Tiens donc ! Dites-moi en plus.

- Vous étiez au bord d'une rivière entourée de milliers d'arbres avec des feuilles qui ressemblent à des cascades. Sur l'eau, il y avait une femme tout en blanc qui flottait comme un grand lys, avec ses cheveux tout blonds et sa robe éparpillés autour d'elle. Elle a ouvert ses yeux bleus comme le ciel vers vous alors que vous lui tendiez la main.*

La Comtesse du LysWhere stories live. Discover now