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Il n'aurait jamais cru un jour, que ce genre de chose lui arriverait. Et bien qu'il y croyait -parce qu'il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas le cas- il se pensait assez stable psychologiquement et suffisamment adulte pour que ce genre de rêve étrange ne se produise pas. En toute logique, ça aurait dû avoir lieu pendant son adolescence, la pire partie de sa vie, où il était partagé entre solitude, doutes, stress, anxiété et peur de la vie. Mais maintenant qu'il était ce qu'il était, il n'avait pas envisagé qu'il puisse un jour, faire un cauchemar aussi réaliste et violent que celui-ci.

Déjà à son réveil, il était déboussolé. Comme si son cerveau avait été mis en veille, il ne se souvenait plus de rien, plus d'où il était, à peine s'il se souvenait de son nom.

Alors, il était encore plus difficile d'imaginer, qu'à son réveil, la première chose qu'il verrait serait la copie conforme de son visage, l'observant, l'air vide.

A vrai dire, dans son esprit, il avait bondit et était même tombé avant de se mettre à paniquer, mais il comprit malgré tout (et à son plus grand regret), qu'il était resté totalement paralysé. Alors, c'était là qu'il s'était dit "Je vois, je suis dans un rêve." Un cercle infernal et vicieux qui ne s'arrête jamais et qui le torture jusqu'à ce que ce soit le résonnement désagréable de son réveil qui le fasse ouvrir les yeux.

Mais bizarrement, ce n'était pas ce qu'il ressentait. Comme une certitude au plus profond de lui, qu'il était bien réveillé, mais que toute sa vie, il n'avait fait que rêver, et qu'aujourd'hui, était le moment où il se rendait compte qu'il n'était qu'un objet, qu'une expérience ratée qui n'aurait jamais dû ouvrir les yeux.

Alors il aurait aimé se lever, se mettre à courir, et s'enfuir avant qu'on vienne le chercher et qu'on se rende compte qu'il déviait toutes les logiques.

Son cerveau avait pris un coup, il le sentait. Comme ci quelqu'un réfléchissait à sa place et faisait tout le contraire de sa volonté. Mais le problème, c'est qu'il ne se rappelait plus du moment où tout avait basculé. Et putain, il n'arrivait plus à réfléchir, ni même à comprendre.

Il avait froid, le même froid que lorsqu'en pleine nuit, une partie du corps s'échappe de la couette et l'air s'étant rafraîchi, nous donne la chair de poule. Et il avait mal au crâne, le genre de douleur qui suit une chute ou une vilaine migraine et il aurait tout donné pour un doliprane à cet instant.

Puis merde, Eddie ne se sentait pas bien. Pas bien du tout, et s'il avait déjà vécu des lendemains de soirées avec une gueule de bois phénoménale, aucune d'elles ne s'était soldée par une vision d'horreur pareille.

Quand il sentit la main froide sur son avant bras, il s'électrisa et son premier reflex, fut de fermer les yeux et de feindre l'endormissement en espérant être resté discret.

Mais il le savait.

Il savait que ce n'était pas le cas, car il le sentait dans sa poitrine; son coeur battre à mille à l'heure. Et bien qu'il essayait de la contrôler, sa respiration saccadée faisait soulever sa poitrine à un rythme effréné. Il était foutu bordel.

Alors il resta immobile et tendit l'oreille pour percevoir les bribes de voix.

Un homme.

Peut-être jeune? Ou drôlement enfantin, avec un timbre légèrement raillé, comme des cordes vocales abîmées par un trop plein d'hurlements.

Bordel, il voulait hurler lui aussi.

Et une voix de femme, qu'il jurait avoir déjà entendue. Et quand elle parlait, il sentait de faibles vibrations dans son poignet.

C'était une femme qui le touchait, et qui se tenait près de lui.

D'un côté, ça le rassura, parce que si Eddie avait retenu une chose de la vie, c'était que les femmes étaient toujours meilleures que les hommes. Peu importe ce qu'on en disait, ou ce que la télé décrivait parfois, l'être humain n'était bon que quand une femme en était la raison.

Remember Me? (Buddie)Where stories live. Discover now