La Goutte De Trop

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Le tonnerre grondait furieusement. Depuis bientôt deux jours consécutifs, la ville faisait face à la plus grosse tempête de ces dix dernières années.
Sous la pluie torrentielle, Rey Mono avait du mal à y voir clair. Ses mèches de cheveux dégoulinaient devant son visage. Il venait d'évacuer un dernier civil en le faisant passer par le toit du bâtiment inondé, et regardait Gekkogreen s'éloigner pour mettre la personne à l'abri.
Un cri le tira brusquement de sa rêverie.
- Mono bouge de là !! Je ne vais pas tenir longtemps !
Il se tourna, pour voir Greywolf et ses sbires tenter désespéremment de retenir le grand arbre qui menaçait de s'écraser sur le toit du bâtiment.
Voyant l'immense silouhette du pin lentement se pencher vers lui, le jeune homme courut aussi vite qu'il le pouvait. Il sauta du bord du toit, dans l'espoir d'atteindre le toit du bâtiment d'en face. Mais à cause de la pluie, il ne put s'aggriper aux tuiles et sa main glissa sur le rebord.
"Oh... Merde" pensa t il en serrant les dents.
Le sol se rapprochant de lui à toute vitesse, il se prépara à encaisser le choc.
Heureusement, il fut arrêté au milieu de sa chute par sa partenaire qui réussi à lui saisir la cheville au vol.
Il leva la tête, voyant Gekkogreen lui sourire tandis qu'elle se tenait aux parois du mur.
- Eh bien, tu n'es pas très concentré aujourd'hui.
- Merci la salamandre, fit il avec embarras. Tu crois que t'arriverais à me lancer sur le toit ?
- Je vais essayer.
Elle leva les yeux, lui donna de l'élan, puis lança son bras vers le haut de toutes ses forces. Le jeune homme atteignit le toit. Elle grimpa pour le rejoindre.
- T'as pu mettre les civils à l'abri ?
- Oui c'est bon, les pompiers ont pris la relève.
Elle avait dit ça avec soulagement. Ses yeux masqués laissaient voir sa fatigue.
Rey Mono aussi commençait à sentir venir l'épuisement.
- Ça va sinon, tu tiens le coup ? Depuis deux jours que ça dure, on n'a même pas pu dormir convenablement...
- Moi ça va, répondit elle. On devrait être enfin tranquilles ce soir, d'après les infos.
Rey Mono acquiesça. Soudain il entendit un craquement bruyant derrière eux. L'arbre venait de s'écraser sur le toit du bâtiment d'à côté. Des tuiles s'envolèrent, et une d'entre elles fila dans la direction de Green. Elle ne la vit pas arriver.
- Attention ! L'avertir Mono, en la tirant rapidement contre lui, sa tête évitant de justesse le projectile.
La jeune fille écarquilla les yeux, surprise par son réflexe.
Il baissa les yeux vers elle.
- Eh t'es sûre que ça va ?
Réalisant qu'elle avait les mains posées sur son torse, Gekkogreen rougit légèrement.
- J-je...
Un petit sourire narquois se dessina sur les lèvres de Rey Mono.
- Eh bah, je croyais que c'était moi qui avait besoin de concentration...
Rougissant plus encore, elle le repoussa en râlant.
- Tu m'énerves. Viens, il faut qu'on rejoigne Grey.

Greywolf revenait tout juste de son compte rendu avec les pompiers.
- Il y a une urgence au niveau du pont. Les pompiers ne pourront pas arriver à temps. Mono, tu pourrais t'en charger peut être pendant qu'on finit de s'occuper de cette zone ?
- Non on devrait laisser faire Green. Elle est plus rapide que moi, répondit calmement Rey Mono.
Gekkogreen le dévisagea avec suspicion. Que tramait-il encore ? Avouer comme ça qu'elle le surpassait dans un domaine, ça ne lui ressemblait pas.
- Rey, qu'est ce que t'as prévu encore ? Tu vas me courir après pour me prouver le contraire juste après ?
- Mais non, je disais ça sincèrement.
La jeune fille s'impatienta.
- Bon laisse tomber, je ne sais pas ce que tu mijotes mais on n'a pas le temps pour ça. Chacun sa zone et on se retrouve quand la tempête se sera calmée.
Il la regarda s'éloigner sous la pluie, avec un sentiment étrange en lui.
Ça avait toujours été comme ça entre eux ? Ils entretenaient cette relation de compétition depuis tant de temps qu'elle ne prenait aucun de ses mots au sérieux ?
Mais c'était dans sa nature. Il était compétitif et fier, et maintenant qu'il avait trouvé quelqu'un comme lui, il ne pouvait pas retenir son envie de la mettre à l'épreuve.
Pour la première fois, Rey Mono se sentit piégé de cette dynamique.

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