Le hasarosé

Chapitre 38

23h

Assise sur un lit identique, j'observe l'autre chambre où repose mon frère. Je suis à quelques mètres seulement, dans une pièce similaire située dans un couloir à droite dans laquelle je peux apercevoir Mike.
Il me tourne toujours le dos.
Dès que Jerry tourne la clé qui m'enferme dans la chambre, les deux hommes s'en vont. Une fois qu'ils sont hors de portée, mon frère se lève subitement et se colle à la vitre face à moi. Il fixe son regard sur moi.

- Maud. Ça va ? Ils ne t'ont rien fait ? Je vais les b*ter ces connards.
- Ça va. Et toi ? Je ne comprends pas. Qu'est ce que tu fais là ? Comment t'es arrivé ici ?? Ou est Simon ?
- Simon ? Attends, ne me dis pas que lui aussi...
- Ils m'ont attiré ici à cause de lui. Je ne savais même pas que tu étais là.

Mon frère prit sa tête entre ses mains. Il sembla abattu.

- Maud, je n'ai jamais croisé Simon ici.
- C'est impossible. Il ne m'a subitement plus envoyé de message après que...

Et là je me souvins.
Que c'est mon frère, qui m'avait dit de rejoindre Simon ce jour là. Le jour où je suis parti. Mike sembla comprendre que j'avais réalisé. Il baissa les yeux.

- C'est de ta faute. Tu savais. Pourquoi...?
Mike renchérît immédiatement.
- Ils ont menacé maman.
- Quoi ?? Mais qu'est ce que maman a à faire dans cette histoire...?

Je prit ma tête entre mes mains. Tout le monde était concerné.  Tout étais lié. Je ne l'avais plus vu depuis l'hôpital

- Qu'est ce qu ils lui ont fait...?
Mike ne répondit pas. Les larmes me montèrent aux yeux. Mon malheur concerne maintenant tous les autres.

- J'ai été forcé de te tendre un piège, sous les ordres de Jerry. Le but était que tu te rendes au rendez vous pour qu'ils puissent te kidnapper. Pareil pour Simon, qui avait quant à lui une adresse différente.

- Mais alors ou est il ?? Il s'est bien rendu au rdv non ?
- Je n'en sais rien. Je me suis retrouvé ici. Je suis aussi paumé que toi.
- Et ou est maman ?
- JE NE SAIS PAS MAUD !

Je me figeai. Il faisait si froid tout d'un coup. Je regardais autour de moi. Les murs semblaient se rapprocher de moi, comme si ils finiraient pas m'écraser. Ça serait peut-être bien, finalement. La solitude m'accabla. Personne ne pouvait répondre à mes questions. Personne ne pouvait me répondre, tout court.
J'aurai préféré, ne jamais croiser cet homme cette nuit là. En sortant de chez Simon.

Des heures semblèrent se passer. Peut-être des jours, je n'avais pas la notion du temps.
Quand avais je perdu mon téléphone, ma montre, et même la chaîne que j'avais habituellement autour de mon cou ?
Je ne m'en souvenais plus.
Mike ne se levai même plus de son lit. N'avait il pas envie de se dégourdir les jambes, ou même n'avait il pas envie de faire ses besoins? Il lui suffisait de hurler à la mort, et Jerry débarquerai.
Pendant quelques instants je me demandais si il n'était tout simplement mort.
A quoi tout cela rimait ?
Combien de temps ça allait il durer ?

***

Jours 2, ou 3, ou peut-être 10
Ce matin comme chaque matin Jerry vint me chercher pour m'extraire de ma cellule. Il m'entraîna à travers les couloirs infinis qui semblaient à chaque fois plus long.
Je connaissais le rituel à présent.
J'allais me mettre à nue, et me passer sous les jets d'eau chaude durant quelques minutes. Jerry serait la pour me surveiller, mais il resterait face au mur comme si me priver d'intimité serait pire que ce qu'ils ont déjà fait.
Le regarde vide j'avançais entre les couloirs. Jerry n'avait même plus besoin de m'y forcer. Mes questions restaient sans réponse, alors pourquoi les poser ?

Mais ce jour-là quelque chose de différent arriva. Quelque chose d'imprévisible. Alors que tout espoir était perdu, que plus rien ne restait, Jerry passa devant la porte menant dans la salle de bain sans y prêter attention. Il continua tout droit.
Où allons nous ?
Je le regardai avec un air interrogateur. Il ne dit rien et pressa le pas.
Etait ce la fin ?
Ils allaient me tuer. Pour sûr. Je n'avais plus aucune valeur. Plus rien pour les amuser.

Et j'avais raison. C'était leurs intentions. Sauf que....

Jerry me dit rentrer dans ce qui me sembla être un placard à balai. Soudainement, je retrouvai son regard que j'avais connu durant des semaines. Il laissa la porte entrouverte, pour qu'un petit filet de lumière nous éclaire.
- Maud, nous n'avons pas beaucoup de temps.
- Mais que se passe t il ?? Aide moi Jerry, dit moi ce qu'il se passe, aide moi à sortir. Aide mon frère. Je t'en supplie. Que fais tu ??

Il prit mon visage entre ses mains tremblantes. Son visage était rempli de désespoir. Était ce possible qu'il alla plus mal que moi ?
Il tenta de dire quelque chose. Mais tout son être entier bégayait.
- Maud. Tu tu... Il va vous tuer. Je...

Je plongeai mon regard profondément en lui.
- Aide. Moi.
- Tu, ne comprends pas. Je ne suis pas dans mon état normal. Lui... Non plus. Je ne me maîtrise pas. J'ai certain moment de lucidité mais... ça ne durera pas.
- Qu'est ce que tu racontes ?
- C'est un psychopathe. Je le suis aussi. Je ne suis pas moi. J'ai des phases. Je ne... suis pas bien. Dans ma tête. Mais il me domine. Mon frère... Est à l'origine de tout.
- Ton... Frère ?

Le monde s'écroula sur ma tête.

- Jerry, je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Aide moi. Je t'en supplie. Tu l'as dit toi même, il va me tuer. Nous tuer. Regarde moi.
Je posai ma main sur sa joue. Il fallait que je joue toutes mes cartes.
- Ne te rappelles tu donc pas de ce que nous avions ?

Il se mit à pleurer. J'étais sur le point de le rejoindre sur cette caractéristique.
- Jerry... S'il te plaît !!!
Il me plaqua la main sur la bouche. J'essayai de me débattra et tombai brutalement au sol.
La porte s'ouvrît et je m'étalai suivi de Jerry dans un bruit assourdissant.
- Chut !!!!
Des bruits de pas.
Je pleurai à présent.
Jerry ne ferait rien. Il était plus paumé encore que moi. J'étais hystérique et il essayait tant bien que mal de me contenir. L'homme aux yeux globuleux arriva.
- Que se passe t'il ????
- Elle a... elle a tenté de s'enfuir.

Je regardai l'ancien policier avec stupéfaction. Allait il m'aider, ou devais je le dénoncer pour essayer de créer le bordel ?

- Non... c'est lui !! Il a voulu m'aider il il...

Jerry m'assomma.