Chapitre 36

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22h32
J'arrive près d'une usine qui me parait abandonnée. La plupart des vitres sont brisées, et je me gare sur ce qui me semble être un bout de parking ; ce qui devait l'être à l'époque.
Je sors : personne n'est là. Tout est silencieux. Mais la raison de m'avoir donné rendez vous ici est très simple, et malgré ce silence je SAIS que je suis au bon endroit. Cette usine est implantée au beau milieu de nulle part ; et il n'y a sûrement pas de réseau. Aucune possibilité de m'enfuir a pied, en fait de m'enfuir tout court.
Je me rapproche du bâtiment : aux vues des objets se trouvant à l'intérieur j'en déduis que cela devait être une usine de textile, ou quelque chose du genre. Les machines à coudre sont encore là, et d'autres matériaux semblent toujours fonctionnels si on les nettoyait un peu.
Je passe par une fenêtre cassée et m'engouffre dans l'architecture. Ici le vent siffle et résonne contre les parois : un vacarme à la fois assourdissant et sourd se propage contre les murs et les vitres restantes à chaque coup de vent. Il fait nuit mais la lumière de la lune nous éclaire assez pour que je puisse me passer d'une lampe. Malgré le fait qu'IL est sûrement déjà là à m'observer, j'espère encore pouvoir me cacher de lui dans la pénombre.

- Tu es venue. Je n'en attendais pas moins de ta part, Maud.

J'entends sa vraie voix. Pour la première fois. Elle est terrifiante, mais si je ne savais pas que c'était un sociopathe, je l'aurais plus décrite comme la voix rauque et à la fois mielleuse d'un grand père. Ça me perturbe. Et puis, ou était il ?
Comme si il lisait en moi, il répondit :

- ICI.

La voix était beaucoup plus proche, bien trop proche. En fait, la voix se trouvait... 
Je me retournais. Il était là, juste derrière moi.

- Bouh.

Il rigola. C'est fou hein, mais j'eu envie de rire avec lui parce que j'étais tellement à bout, j'avais tellement peur, que j'étais au bord de la crise de nerf. Mais je ne dis rien. Je ne lui aurais pas fait ce plaisir. L'homme était exactement comme la dernière fois que je l'avais vu dans le café : gants noirs, ballerines aux pieds. Il portait un jean troué et une chemise noir large. Son visage déformé était malaisant, tant à son nez de travers qu'à ses yeux globuleux.

- Wow. T'as pas l'air super à l'aise. T'inquiète pas, tu vas avoir tes réponses. Bientôt.
- Qu'allez vous faire de moi ?

Il sembla surpris.

- Tout de suite ? Pour l'instant, rien. Tu vas t'asseoir là, ( il m'indiqua une chaise ), moi juste ici, et notre invité ici.

Il y avait 3 chaises. L'homme s'assit. Je fis de même, avais je le choix ? Mais alors que je pensais que c'était Simon qui allait surgir de l'ombre, prisonnier et seul raison pour laquelle je venais, c'est un tout autre personnage qui débarqua.

Sa peau mate et ses yeux verts que j'aurais pu reconnaître entre mille. Sa carrure imposante, une marche lente, un regard à la fois dur et implorant ma pitié : Jerry sortit de la pénombre.

Le hasaroséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant