Chapitre 33

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22h
Je ne suis pas allée voir Simon.
A l'instant même où mon frère avait pris cet air triste et honteux en me parlant de Simon, je savais que quelque chose clochait. Et c'est lorsque j'avais reçu l'appel masqué, que tout avait basculé. Ce n'est pas pour allé au café que j'avais démarré en trombe, c'était pour fuir.
Après des heures de route, me voici dans un petit hôtel en bord d'autoroute. Correct, par rapport au prix associé.
J'ai enlevé la carte sim de mon téléphone, et donné un faux nom à l'accueil. Simone Delcourt, jusqu'à preuve du contraire je m'appellerai comme ça jusqu'à ce que la situation redevienne normale.
J'ai l'impression d'être piégée. Bon, ça oui je le suis mais piégée par mes proches. Jerry, mon frère, Simon, et ma mère. Ma mère. Où étais ma mère d'ailleurs ? Depuis l'hôpital, plus de nouvelle. Pas un message. Pas un appel. Pas une visite.
Quelque chose cloche, j'ai paniqué. Simon n'a aucune envie de revenir avec moi j'en suis persuadé, je le connais, et s'il avait voulu me parler il serait venu me voir personnellement. Et mon frère, déteste encore plus faire le hiboux. Je les connais trop tout les deux, pour savoir que ça n'allait pas. Quant à Jerry, je ne peux que me méfier encore plus.
Je m'assieds donc sur mon lit qui grince. Je voulais attraper mon téléphone, mais je me souviens alors qu'il est éteint et inutilisable.
Je ne sais même pas où je me trouve précisément, si j'ai assez d'argent pour tenir une semaine, ou même si quelqu'un ne lancera pas un appel à disparition pour me retrouver. Ça me ferait une belle jambe.
Je décide alors de descendre au bar de l'hôtel pour noyer mes pensées dans un bon scotch datant que quelques années.
Je m'assois au bar.
Une jeune femme aux nombreux tatouages et percings s'approchent de moi. Je pense tout d'abord que c'est une cliente tout comme moi car elle m'aborde de mon côté du comptoir, pas de l'autre ou doivent habituellement se trouver les barman ( et barwoman du coup ).
- Laissez-moi deviner, un alcool fort ? Me dit elle.
Je bégaie et réponds après dans un rire nerveux.
- En effet.
- Pourquoi semblez vous surprise ? Me demande la jeune femme au tac au tac.
Elle semble avoir mon âge, à quelques années près. 30 ans, max. Ses longs cheveux blonds descendent jusqu'à ces fesses, ce qui est assez impressionnant. Pas que j'ai regardé ses fesses non. Et elle semble s'en apercevoir.
- Mes cheveux vous plaise ou ? C'est autre chose peut-être...
- Je suis vraiment désolée, je suis ailleurs. Le scotch le plus fort que vous avez s'il vous plaît. Je ne m'attendais juste pas à ce que vous soyez serveuse.
- Pourquoi ça ?
- Vous n'avez pas de tablier.
La jeune femme attrape une bouteille après être passée de l'autre côté du bar et arrache le bouchon avec ses dents.
- Vous avez vu juste. Je ne suis pas serveuse.
J'ouvre grand les yeux.
- Ne me faites pas un malaise, dit elle en riant, je suis la fille du propriétaire de cet hôtel. Disons que je suis... « multifonctions ».
- Oh, je comprends mieux.
Un silence s'installe. Elle m'apporte mon verre, que je bois d'un coup sec.
- Vous êtes ici pour combien de temps ? Dit elle
- Je ne sais pas encore.
- Ouh, je sens déjà la situation compliquée.
Elle sourit, puis voyant que je ne réponds pas, enchaîne directement sur une autre question.
- Qu'est il arrivé à votre œil ??
Je détourne mon côté droit honteusement et pose une main sur mon œil artificiel. Avec tout ce bazar, j'en avais presque oublié que ma vue s'était nettement réduite.
Je repose mon verre, là remercie d'un sourire et remonte les escaliers menant aux chambres.
Je ne lui ai même pas demandé son prénom. Quoique, elle n'a pas demandé le mien non plus.

Le hasaroséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant