Chapitre 34

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10h47

Je me réveille avec ce doux sentiment d'ignorance. Durant 2 secondes seulement, je ne sais plus où je suis, qui je suis, pourquoi je suis là, quelle est ma vie. Et qu'est ce qu'elles sont bonnes, ces secondes. Car des qu'elles se terminent, tout me revient.
J'ai fais un cauchemar, cette nuit. Il était là. L'homme. Avec ses yeux globuleux qui me fixaient, de la même manière qu'au café. Sans un mot. Jerry était là aussi, tapis dans un coin. Il m'observais du coin de l'œil.
Je chassai ses images de ma tête. Ce n'était qu'un cauchemar. Rien de plus.
Je me levai machinalement et remis la carte SIM dans mon téléphone. Juste pour quelques secondes... Je voulais voir si j'avais reçu des messages. Des appels. Des gens, qui se soucient de moi. Ou se souciaient.
Mais c'est là que s'affiche un message de Simon. Il date de quelques jours.
Je m'empresse de l'ouvrir.
Ses mots sont confus. Lorsque je regarde la date précise, et l'heure à laquelle il a été envoyé... je me fige.
Ce message date de quelques minutes seulement après que je me sois enfuie. Lorsque je m'apprêtais à aller le rejoindre justement, Simon. Lorsque j'avais reçu l'appel étrange inconnu. Lorsque la peur m'avait dicté de fuir. Lorsque j'avais décidé d'éteindre mon téléphone.
Ce que me dit Simon ne peut pas être plus clair, et cela confirme toutes mes théories.
Il ne comprend pas. Les choses sont confuses. Il a peur. Mon frère lui a dit que je l'attendais au café.

Mais n'était ce pas lui qui m'avait proposé ?
Mike, qu'as tu fait ?

Et pourtant je n'arrive pas. Il m'explique qu'il se sent observé. Le froid lui prend à la gorge : il dit que si je ne suis pas là dans 15min il partirait et m'appellerait. Pourtant, je n'ai reçu aucun appel.

« Maud je ne comprends pas ou tu es. Ton frère était très bizarre d'ailleurs. Pourquoi ne t'es tu pas adressé directement à moi pour me demander de se voir ?
Quelque chose ne va pas. Je me sens observé. Je suis seul dans le café. Dans 15min je partirai si tu n'es pas là. Attend toi à mon appel »

Je me tâte à lui répondre. Et si quelque chose lui était arrivé ? Simon n'est pas du genre à attendre que les choses se passent. Habituellement il m'aurait appelé une vingtaine de fois si je n'avais pas donné de signe de vie depuis quelques jours.
Aucun message de Jerry non plus, de mon frère, ou encore de ma mère. Ont ils tous oublié mon existence ?
Je m'attendais presque à ce qu'ils m'harcèlent pour savoir où j'étais. Mais rien.
Je passe ma main dans mes cheveux et envoie voler mon téléphone dans la pièce.
Ce petit jeu va me rendre folle !!
J'essaie de respirer calmement.
Soudain quelqu'un toque à ma porte.
C'est la jeune femme de hier soir qui entre dans ma chambre. Elle tient dans sa main un téléphone fixe, le genre de téléphone insupportable présent dans une salle d'accueil qui sonne toutes les 3 secondes.
- Bonjour, commence t'elle, désolée de vous déranger mais il y a un appel pour vous.
- Pour moi ? Mais mon téléphone est là et...
- On a appelé a l'accueil et vous a demandé. Simone Delcourt, c'est bien ça ?

Un frisson me parcourt le dos. Je me raidis, et j'ai soudain envie de fondre en larmes. Je n'ai dis à personne que j'étais ici. Encore moins le faux nom que je m'étais attribué. Ne puis je donc pas juste disparaître ? Parce que je savais que c'était lui. Il m'avait retrouvé.

La fille du propriétaire de l'hôtel me tend le téléphone et je l'attrape fébrilement. Elle s'en va et ferme la porte derrière elle tout en me demandant de lui ramener le téléphone une fois fini.
Je colle l'objet contre mon oreille.
- Bonjour, Simone.
La voix est modifié, je le sais car elle grésille de manière inhumaine au haut parleur.
- Comment avez vous fait pour me retrouver.
- Alloooonnns, Maud. Tu es plus intelligente que ça. Je t'ai suivie. Mais tu vois, tout ça ne faisait pas parti du plan. Je n'apprécie pas, quand on modifie le plan.
- Mais quel plan ? Qu'est ce que je vous ai fait?
- C'est ma partie préférée. Qu'est ce que j'ai fait, pourquoi moi, ne me faites pas de mal, bla, bla, bla. Des réponses des réponses. Pourquoi tout le monde veut toujours des réponses ? Parfois il n'y en a pas.
- Il y en a forcément.
- Écoute moi bien. Ce soir tu recevras une lettre rose fermée d'un de mes autocollants personnels, que je suppose tu connais maintenant très bien. Tu vas ouvrir cette enveloppe, et te rendre à l'adresse donnée. Si tu ne le fais pas, je pense que Simon en paiera le prix.
- Vous pensez ?
- J'aime laissez les choses au hasard, vous comprendrez très vite.
- Mon frère ne vous laissera rien me faire.
- J'ai bien peur, « Simone », que Mike ne te sois d'aucune aide. Et ta mère non plus. Et si tu penses déjà à Jerry, tu peux aussi oublier. « Tu lui as fait » hier une lettre d'adieu lui disant que tu voulais t'éloigner pour quelques temps et que tu changerai de numéro. Et ne t'inquiète pas, je n'ai pas oublié de signer à ta place. Avec ta signature recopiée bien sûr.

Je laisse tomber le téléphone. Je suis piégée. Ce départ n'a fait qu'empirer les choses.

- Qu'allez vous faire ? Demandais je au bord de la crise de nerf.
- Le hasard Maud. Le hasard. Je laisse les choses au hasard.

Il raccroche.

Le hasaroséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant