- Je m'appelle simplement Montéclair, veuve éplorée de Jacques de Langlois et mère d'un ange partit trop tôt que j'espère rejoindre au plus vite.

La perte d'un enfant est l'une des épreuves les plus dures de la vie. Que ce soit un décès alors qu'on le portait encore, au moment de l'accouchement ou alors qu'il grandissait à ses côtés, l'amour pour cet enfant est et restera immense.

Charles est passé à l'immortalité dans les bras de sa mère. Cet appel de la mort, un ange l'entendit, et, pour aller cueillir cette fleur éphémère, du ciel il descendit. L'immortel habitant des sphères éternelles, après avoir plané dans les airs un moment, s'arrêta tristement pour couvrir de ses ailes le poupon défunt. Isabelle était là, murmurant des prières à Dieu, à genoux, l'œil hagard et de pleurs obscurci. De l'envoyé divin les célestes paupières se mouillèrent aussi. Mais il devait accomplir son douloureux message. L'inexorable arrêt des destins est porté. Il manquait un enfant parmi les jeunes anges et le Seigneur a choisi Charles pour être avec les Séraphins, dans les saintes phalanges. Bientôt ils attendront la mère dans ce divin asile, et pour l'éternité elle y retrouvera son fils. À ce terrible instant où l'ange referma ses ailes sur lui pour l'emmener, dans sa douleur profonde, Isabelle, pauvre parturiente, le vit s'envoler. Même l'éclat qui l'entourait à son départ du monde ne put la consoler. Hélas ! Il la laissait sur la Terre solitaire ! Que lui importait pour son bébé ce destin triomphant, et qu'il fût dans le ciel un chérubin ? Il était son enfant !

Athénaïs de Montespan reste sans voix. Elle ne sait nullement quoi dire sur la mort du petit Charles. Car soyons honnêtes, que peut-on répondre à une personne dépressive comme la femme en face d'elle ? La dépression... Elle l'entend clairement dans la voix de la pauvre Isabelle qui s'est une fois de plus renfermée dans son silence, la tête baissée dans une tentative de cacher sa mélancolie à la mention de sa famille disparue.

- Veuillez me pardonnez, Madame. Je n'ai point été correcte avec vous alors que j'avais déjà connaissance de... La mort de votre fils.

Henri relève subitement le visage vers la marquise.

- Vous le saviez ? Comment diable êtes-vous au courant ?

- Monsieur de Hautecourt n'a rien omit sur votre sœur quand sa Majesté l'a questionné à son sujet. Mais comme je vous l'ai dit, j'ai tenu à vérifier par moi-même. À présent, j'ai la certitude qu'elle est effectivement la personne qu'il nous faut.

La comtesse se redresse brusquement.

- Plaît-il ?

- Je vois en vous une personne qui a grand besoin d'occupation pour ne pas sombrer dans la dépression dont vous êtes victime, Madame. Je peux également affirmer que vous avez été et auriez été une mère digne de ce nom pour votre fils, paix à son âme. Accommodé à votre esprit, vous avez les compétences pour prendre soin de mes enfants.

La marquise, qui s'est relevée de sa position assise sur le canapé, s'apprête à repartir. Elle se retourne une dernière fois.

- Bien sûr, sa Majesté et moi ne vous obligeons à rien et vous êtes libre de refuser. Je vous engage cependant à y réfléchir attentivement. Vous dont le souhait était d'être mère, la compagnie d'enfants ne peut vous être que bénéfique. Ce serait aussi un grand service pour leur parents qui ne peuvent malheureusement être tout le temps présents. Réfléchissez.

Puis elle s'en va après avoir salué les trois amis qui restent bouche-bée. Plus particulièrement Isabelle, aux prises avec le maelstrom déferlant dans son encéphale. Encore une chose à laquelle elle ne s'est point attendue.

En premier lieu sa rencontre avec la reine Marie-Thérèse d'Autriche, ensuite celle avec Madame de Monstespan qui lui demandait résolument de devenir la duègne de ses enfants, mais plus encore elle découvrait que le monarque du Soleil, le roi du pays l'avait remarqué. Sans même qu'elle ne s'en soit rendue compte !

Dieu ! Pourquoi a-t-il donc fallut que son frère l'introduise à la cour de Versailles ? Elle ne demandait qu'à vivre dans le calme de la campagne comme elle l'avait toujours fait jusqu'à présent !

Mais quand elle y réfléchit... Que va-t-elle faire de sa vie si elle reste sans arrêt ici, enfermée dans son château ? Son époux est mort, son fils est mort... Dans le même temps, elle ne veut pas non plus avoir de quelconques rapports avec les courtisans, n'oubliant pas les leçons de son père. Les seules personnes lui ayant été agréables sont la reine et François de Hautecourt.

- Isabelle... Avec du recul, je pense que cela pourrait s'avérer une bonne chose pour toi.

- En es-tu certaine, Amélie ?

- Le roi et Madame de Montespan t'ont donné la chance de t'occuper de leurs enfants. Ne crois-tu pas que ta peine sur la mort du tien en serait adoucie ? J'y vois là un signe du Seigneur. C'était ton souhait le plus cher d'être entourée de petits êtres à aimer, souviens-toi.

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La proposition est faite ! L'intrigue se met peu à peu en place. Qu'avez-vous pensé de cette première interaction entre Isabelle et Athénaïs ?

Je profite de cette note pour vous prévenir que je posterai désormais deux fois par semaine : Le mardi en plus du vendredi. Car le premier volet de l'histoire est terminé. En effet, je l'écris depuis deux mois déjà et avec la tournure que le récit a prit, j'ai décidé de le diviser en deux tomes. Le second est cependant loin d'être terminé et ne sera pas posté de sitôt.

Je vous dit à mardi !

La Comtesse du LysWhere stories live. Discover now