𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝟐: 𝐋𝐀 𝐑𝐄𝐈𝐍𝐄.

Depuis le début
                                    

— Hum ?

Ses grands yeux noirs se lèvent enfin et trouvent les miens. Il hoche vivement la tête. Son gros ventre me fait trop rire. Il est sept heures du matin, et comme il a pris l'habitude de descendre tout seul maintenant, il est debout à côté de moi sur ce canapé.

— Tu ne dis rien hein ?

— Oui. Rien.

— C'est bien, tiens, ah..

Il ouvre la bouche et mange de mon riz. Parce que moi le matin je mange que du salé et ça ne me dérange pas le moins du monde.

— C'est bon ?

Il hoche la tête avec joie.

— Sa mère va t'arracher la tête Nizar, tu es malade de lui donner ça...

— Mais non Hafiz... Regarde il aime bien. T'aime bien non ?

Il ouvre sa petite bouche pour me reprendre une bouchée.

Nafir est parti en ville, il y a vingt minutes.

Je ne sais pas pourquoi, il y est allé avec Jaafar. Mais je suppose que s'il ne me l'a pas dit c'est que ça a un rapport avec Noor. Le gamin s'assoit à côté de moi, il compte entamer mon riz à la viande avec moi. J'ai bien envie de faire le radin mais sa tête ronde et sa couche ne me donne pas vraiment envie de lui dire non. Sa bouille est trop mignonne.

— Une dernière Taimim après tu remontes.

Il acquiesce d'un hochement de tête et je lui donne une dernière fourchette.

— À la fin de la semaine, on ira chez cet Asmar.

Je relève la tête vers Hafiz. Il a rejeté la tête en arrière sur le sofa, ses yeux se sont clos maintenant.

— On verra ce que ça donne, répliquais-je dans un murmure.

— On verra... Mais sincèrement, je ne le sens pas du tout, je ne sais pas pourquoi.

— C'est Nafir qui jauge.

— Je ne remets pas en question sa décision. Ce n'est pas lui qui me fait douter.

— Quoi... C'est Asmar ?

— Ouais... Et d'ailleurs comment tu as trouvé sa planque putain ?

Il a relevé la tête en me fixant lorsqu'il m'a articulé ces mots:

— C'est Wissal. La proxénète en connaît un rayon sur les secrets d'Oman, elle sera très précieuse à l'avenir...

— Ouais... Elle aussi, après tout ça, vaudrait mieux la plomber.

— Hep, hep, hep ! Devant le bambin ?

— Roh, mais déjà qu'est-ce qu'il fout là !? Si sa mère te pousse comme Noham, ça sera uniquement ton problème !

— Il n'y a pas de raison, regarde, il m'aime trop.

— Il aime ta bouffe Nizar.

Le petit pose ses paumes sur mes cuisses d'un coup. Il mord sa lèvre du bas, il veut jouer ça se voit. Je pose mon assiette avant de l'attraper et le soulever dans les airs. Il se met à rire pendant que je le fais voyager dans ce salon comme un avion à taille miniature. Il a l'air d'aimer ça, et je pense qu'il en a besoin...

Mais je m'arrête parce que ses rires risquent de réveiller sa mère et je n'ai pas spécialement envie que sa mère m'incendie, je pense qu'elle me déteste suffisamment comme ça. En portant l'enfant, je passe l'encadrement des escaliers et je remonte le monstre à l'étage. Djilali se lève quand j'approche. C'est à lui qu'incombe le rôle de surveiller cette femme. C'est le seul rôle qu'il a depuis qu'elle est arrivée et il a l'air de le prendre avec un sérieux inébranlable.

NAFIR, le magnifique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant