Chapitre 30.I : La menteuse aux mille natures

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Je suis une menteuse – ou un masque, comme aiment le dire certains. C'est un fait. Je n'irai pas dire le contraire, car ce serait un autre mensonge. Depuis que j'ai quitté les Merveilles, je n'ai jamais cessé de mentir. Sur ce que j'étais. Sur ce que j'avais fait. Tant de mensonges. Aujourd'hui, l'autre idiot m'a dit « tu es le mensonge ». Il a raison, évidemment. Je n'ai rien trouvé de mieux à répondre que « tu es la vérité ». Et en disant cela, je ne mentais pas, pour une fois. Un jour, peut-être, je ne mentirai plus.
Journal intime de Téonary Naryn, an 1440.

  𝓣éo caressa une dernière fois l'encolure de Lys de Neige, avant de se décider à rentrer à l'Académie. Elle se sentait à la fois angoissée, mais aussi excitée, ce qui était assez perturbant. Elle soupira pour elle-même, avant de prendre sa malle, et de sortir des écuries de l'Académie – elle faisait confiance à Royle pour prendre soin de sa jument.

Velam avait déjà filé, heureux d'être à Opaltys. Il avait sauté rapidement de son cheval, n'avait même pas attendu l'autorisation de sa Mentor personnelle pour aller voir Exily et tout lui raconter. Si Téo n'était pas soulagée de le voir aller mieux, elle l'aurait grondé.

Elle fut soulagée de passer la porte de l'Académie. Tout était silencieux. Il était encore bien tôt, et même si les Espions étaient déjà réveillés, l'aile est dormait à poing fermé.

Téo décida tout de même de passer voir Nylo, comme elle le faisait en rentrant de chaque mission.

  Quand elle entra dans le laboratoire, la guérisseuse pivota nette sur ses talons, et eut un grand sourire. L'instant d'après, elle dut se reprendre, car elle fronça les sourcils, avant de faire mine de la réprimander. Téo entendait les murmures d'Exily et Velam dans l'infirmerie.

– Ma filiotte, cela fait des mois que je t'attends ! J'espère juste que t'as pas profité de ta mission pour oublier tout ce que je t'ai appris, car cela serait très, très noir ! Et voilà que tu rentres en coup de vent, et j'ai même pas eu le temps d'emballer ton cadeau d'anniversaire !

– Nylo, voyons, répondit-elle en se sentant rosir.

Elle aimait les cadeaux – elle ne dirait pas le contraire, car ce serait faux – mais elle craignait toujours de ne pas paraître assez reconnaissante. Elle posa sa malle à terre – elle restait tout de même un peu lourde.

– Tut tut tut, pas de Nylo qui tienne ! Je suis contente de te revoir ma filiotte et... mais dis-moi, tu n'aurais pas un peu changé ?

Téo s'empêcha de sursauter. Dans son plan infaillible (au premier abord) pour informer Jillan de son état, elle avait oublié la case « Nylo ». Nylo, qui était guérisseuse, et qui avait vu passer plus d'une femme enceinte devant elle, sans oublier son don pour deviner des choses secrètes.

– Comment ça ? articula-t-elle après avoir déglutit.

– Dis-moi, tu n'aurais pas un peu abusé de la nourriture amrynoise ? Je sais qu'ils font de bons plats à base de poissons, mais c'est pas une raison pour en manger tout le temps. Tu n'es déjà pas toute mince, et tu devrais faire attention à ta silhouette pour ne pas avoir de problèmes de santé plus tard.

– Oui, vieille étoile, ne t'inquiète pas, je vais faire attention.

Elle se retint de soupirer d'aise. Elle avait eu chaud, très chaud même. Avec un grand sourire, elle salua son amie, avant de reprendre sa malle et de sortir. Elle déverrouilla la Porte des Secrets, puis s'engagea dans les couloirs, bien contente de rentrer chez elle.

Il était encore tôt, pourtant elle devinait qu'à cette heure-là, les Apprentis étaient de sortie avec Chouette, pour les cours d'Équitation – d'où le fait qu'elle avait remarqué des box vides. Ils devaient tous être quelque part dans Opaltys, en ballade, mais elle n'avait croisé personne.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Onde histórias criam vida. Descubra agora