Chapitre 11.III

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𝓣éo sortit de l'aile ouest de l'Académie, jouant avec une pomme dérobée aux cuisines, sa sacoche pleine battant son flanc. Elle jeta un coup d'œil derrière elle, vérifiant qu'elle était bien seule.

Elle avait aujourd'hui rendez-vous avec Kan, et depuis sa dernière mission (« Franchement, je n'ai jamais vu Espionne plus idiote que toi ! » lui avait dit Arysia en revenant et que Jillan soit reparti), elle soupçonnait la sénatrice d'essayer de la faire surveiller.

Et elle ne voulait absolument pas que certains de ses camarades découvrent que Kanwill Melym, fils de la sénatrice Noal Vierge, était son frère.

De plus, elle était censée partir ce soir pour une nouvelle mission – mineure, comme elle s'en doutait, ce qui était logique en soi – donc elle n'avait pas intérêt à traîner. Elle observa le ciel, gris, l'herbe humide devant elle. À son humble avis, il ne tarderait pas à pleuvoir de nouveau. Elle le sentait dans l'air.

Mais Téo devait bien avouer une chose : même si sa mission avec Jillan avait été un vrai petit fiasco, elle l'avait aimé, cette mission ennuyante.

D'ailleurs, Jillan était parti pour Wailmeth, au Jowel, à peine rentré. Visiblement, ils auraient bientôt un nouveau membre dans leur confrérie. Emyria, qui avait été désignée pour devenir Mentor personnelle, avait été félicitée par tous (même Téo avait fait l'effort, même si elle se demandait désormais si cela n'avait pas été une mauvaise idée). Elle ne savait pas si elle reverrait Jillan avant de partir pour Denatys, mais elle l'espérait.

Elle descendit les quelques escaliers devant le porche. Des gouttes d'eau roulèrent sur ses bottes, tandis qu'elle avançait à grand pas.

Elle toucha de deux doigts son collier. Depuis cette mission, les Apprentis s'étaient amusés à créer une expression : « aussi doué qu'Abeille ». Bien sûr, c'était pour avaler la goutte, et elle ne le prenait pas mal.

Même si Saleann, Sarpentyn, Wuly et Dytal se faisaient un plaisir d'utiliser cette expression devant elle. Et à chaque fois, ils avalaient la goutte, morts de rire, en s'imaginant leur amie coincée sous un lit. Elle était presque certaine être rentrée dans les anecdotes de la confrérie. Son aventure avait même réussi à tirer un léger sourire à Emyria, même si Téo avait l'impression que leur ancienne complicité n'était plus de monde.

– Mais que... ? fit-elle.

Une fillette d'une dizaine d'années, seule, devant la grille de l'Académie des Opales, patientait. Téo s'approcha (de toute façon, elle se rendait par là), fit sauter de plus belle sa pomme. La gamine semblait étrangement bien habillée et en bonne forme pour une fillette des rues. Puis Téo aperçut les oreilles en pointe de l'enfant, et réalisa que ce qu'elle avait prit pour un foulard à la couleur vive n'était pas un foulard.

Pas très grande, la petite fey avait des cheveux orange assez courts pour une fille astrilaise, trop en tout cas pour les attacher à l'aide d'un ruban. Elle semblait frigorifiée, avec ses grands yeux violets qui dévisageaient Téo tandis que celle-ci s'avançait.

Par Ismène, que faisait une petite fey, visiblement elwissienne, seule dans une cité comme Opaltys ? Opaltys était peut-être bien plus sûre que les cités weliennes, elle restait cependant dangereuse pour une enfant de cet âge, bien peu vêtue.

– Ahu ! Tu t'es perdue ?

La fillette regarda derrière elle, avant de comprendre que Téo lui parlait à elle.

– Oh, euh, bonjour madame, je crois que je me suis trompée d'endroit. Désolée.

Elle articulait exagérément, parlait bien trop lentement, comme si elle cherchait ses mots. Sans parler de son accent, que Téo avait du mal à comprendre. Même si elle était très mauvaise en langues, Téo fit l'effort, pour cette fillette, de passer en langue commune.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now