Chapitre 24.II

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– 𝓢ynolab, mon cher ami ! Quel plaisir de vous voir ! fit Maleo Grynsgram en  voyant Absolyn dans l'entrée de sa demeure.

Il sentit l'hypocrisie dans sa voix, mais ne dit rien. Cela faisait plusieurs mois qu'il ignorait Maleo, tout comme Telia d'ailleurs, ne supportant pas d'être associé à lui dès qu'on parlait de la dernière élection. D'ailleurs, il détestait être associé à quiconque – avec Telia, c'était plus supportable. Il était lui, et cela lui suffisait.

C'était peut-être aussi pour cette raison qu'il ne s'était jamais marié. Il était « je », et non pas « nous ».

Toutefois, Absolyn reconnaissait qu'il aurait pu être plus courtois avec l'ancien maire. Officiellement, il était censé être plus jeune que lui, et lui être reconnaissant d'avoir soutenu Telia lors de sa campagne – alors qu'officieusement, il avait plus d'expérience dans tous les domaines.

S'il avait été plus poli, il n'aurait pas eu à paraître soumis aujourd'hui pour demander quelque aide de Maleo. Mais il en avait discuté avec Telia – même si celle-ci était réticente –, d'où la raison de sa présence. Désormais, il se devait de bien œuvrer.

À côté de Maleo, Absolyn faisait déjà grise mine. La pluie l'avait surpris, ne l'avait pas épargné, et il était trempé de la tête aux pieds – en même temps, il ne pleuvait jamais en temps ordinaire en Solyn en Virginer. Ses vêtements, de sa simple chemise à sa cape, gouttaient. Ses cheveux – beaucoup trop longs, il le remarquait désormais – paraissaient bruns et tentaient de lui cacher les yeux. Il avait l'air encore plus négligé que d'ordinaire.

Il aurait été seul, il aurait été dans la mesure de sécher en un claquement de doigts, mais il ne pouvait décemment pas faire usage d'un de ses petits tours hérité de son père devant quelqu'un qui le prenait pour un simple scorpion.

– Moi de même, Maleo, répondit-il en acceptant volontiers la serviette tendu par l'un des domestiques de la maisonnée.

– Eh bien, entrez ! Vous n'allez pas rester sur le porche alors qu'un bon feu flambe dans la cheminée ! Je ne laisse jamais mes hôtes mourir de froid.

Absolyn se retint de dire que ce feu ne le réchaufferait en rien, comme il n'avait pas froid. C'était l'un des avantages – ou désavantages – de sa nature. Étant fils de Ray, il pouvait très bien passer une journée sans manger et sans dormir et paraître en excellente santé, si la journée était bien ensoleillée ; les rayons de soleil lui donnaient assez d'énergie pour se passer de ces autres besoins une journée.

Edala, une vieille... amie, décédée à la dernière guerre, disait en riant qu'il était comme les plantes. Elle lui manquait, parfois, Edala.

Enfin, en plus de ses « capacités de plante verte », qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il fasse chaud comme dans une fournaise, pour lui, cela ne faisait aucune différence ; son corps s'adaptait de lui-même à la température, si bien qu'il se sentait à l'aise en toute circonstance.

Il suivit Maleo dans le salon, là où se trouvait déjà Laena, l'épouse de l'ancien maire. Pour avoir déjà discuté avec elle, Absolyn pouvait dire qu'elle était la bonté même. Plus altruiste qu'elle, cela n'existait pas. Toujours en train de se soucier les autres, de les faire passer avant elle. Au début du mandat de Telia, il était souvent venu ici. Combien de fois avait-il vu Laena en train de donner elle-même un bol de soupe à des mendiants, alors que son plus jeune fils s'accrochait encore à sa jambe ?

– Bonjour, M. Enwel, fit Laena en se levant de son fauteuil, posant à côté d'elle son tricot (il était prêt à parier qu'elle était encore en train de faire une écharpe pour un pauvre). Comment allez-vous ?

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now