L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 25.II

𝓣éo grelottait, et elle resserra sa cape autour de son corps. Sous sa capuche rabattue sur sa tête, de petits nuages blanc s'échappaient de sa bouche. Et encore, il fallait l'avouer, l'hiver n'était pas aussi rude à Alcade qu'à Opaltys. Mais après avoir chevauché pendant deux semaines, avoir dormi dans des auberges de route gelées, elle était exténuée.

Toutefois, en voyant l'école des Gardes, elle sentit un regain d'énergie lui parvenir. Elle ne savait pas où pouvait se trouver son oncle, qu'il soit vivant ou mort. Avec un peu de chance, il avait été enfermé dans les prisons du bâtiment ouest de l'école. Enfin, si les plans consultés étaient juste.

La dernière fois qu'elle était venue ici, elle avait découvert l'identité de ses géniteurs. À croire que cette cité portait malheur. Avec ironie, elle songea que cette cité appartenait à son père.

La nuit était en train de tomber, ce qui l'arrangeait ; elle n'aurait pas besoin d'attendre bien longtemps avant de pouvoir s'infiltrer dans le bâtiment. Il était hors de question de se faire passer pour quelqu'un d'autre. Elle allait jouer à l'espionne basique. Pour tenter de sauver Dytal, elle était prête à se rabaisser à ce point.

Elle sauta de son cheval. Son cheval à elle, et non pas un appartenant à la confrérie. Lys de Neige (oui, elle l'avait nommé par le nom de sa fleur et de son parfum préférés) était une jument entièrement blanche et robuste offerte par Jillan pour son dix-septième anniversaire. Cela l'avait énormément touché. En plus, elle était heureuse de s'entendre à merveille avec Lys de Neige, qui avait quand même son petit caractère. Doucement, elle mena celle-ci dans une ruelle adjacente, où elle avait vu un gamin des rues la guetter.

– Sors de là, déclara-t-elle, j'ai un marché à te proposer.

Le gamin, d'une dizaine d'années, l'observa d'un air méfiant en sortant de sa cachette. Il s'agissait certainement d'un Lanois pure souche, entre ses cheveux sombres et ses yeux clairs. Il semblait frigorifié, avec ses lèvres bleuies, et sa peau si pâle qu'on voyait à travers. Elle lui fit signe d'approcher. Il s'exécuta.

– S'il te plaît, j'aimerais bien que tu me gardes mon cheval pendant que je pars faire quelque chose. Si tu l'as encore à mon retour, je te jure de te donner dix thenes, en plus des dix que je te donne si tu acceptes.

Avec cette somme, le gamin pourrait se nourrir et dormir dans un endroit chaud pendant trois jours, quatre s'il se débrouillait bien. C'était une affaire en or, pourtant Téo savait qu'il ne fallait pas faire confiance aux gamins des rues, même s'il accepta. Il pourrait très bien lui voler Lys de Neige, et la revendre. Alors elle ajouta une phrase, tout en sentant la vague de son don de manipulation jaillir. Ainsi, elle fut certaine qu'il ne bougerait pas, le temps qu'elle parte à la recherche de Dytal.

Elle caressa une dernière fois l'encolure de Lys de Neige, la jument fourrant son museau dans son cou, donna dix thenes ovale-cuivre au gamin, avant de se diriger vers l'école. Il faisait déjà nuit, quand les cloches du temple de Lilith, déesse de la Nuit, sonnèrent six heures. Au moins, c'était là le seul bon point de l'hiver : elle aurait été en été, elle aurait dû attendre vingt-trois heures pour pénétrer dans le bâtiment.

Elle fit une fois le tour de l'école, repérant ainsi où se trouvaient les Gardes, en plus de quelques endroit où elle parviendrait facilement à se glisser à l'intérieur. Une fois son repérage terminé, elle revint sur ses pas, avisant un mur d'enceinte. L'école était hautement protégée, et la seule entrée était trop surveillée pour qu'elle s'y aventure. Elle pourrait certes assommer tous les gardes, mais cela ne serait guère discret.

Elle se félicita d'avoir prit un grappin. Quand elle avait été Apprentie, on ne lui avait pas beaucoup parlé de cet objet, car ils n'étaient pas censés jouer aux Voleurs. Pour autant, ils en possédaient quelques uns, et elle savait plutôt bien lancer un grappin. Quant à monter à une corde, cela ne lui poserait aucun problème, vu le nombre de montées de cordes que lui avait fait faire Fennec.