Chapitre 22.II

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⚠️2ème scène violente⚠️

𝓘l fallait bien l'avouer, Téo avait depuis toujours redouté ce jour. Et maintenant qu'il était là, elle était étonnement calme, les pensées ailleurs. Pourtant, elle ne pouvait ignorer qu'après avoir chevauché jusqu'à Denatys avec son oncle, elle avait conscience de ce qu'on lui demandait d'observer.

  Une torture.

  Elle avait peut-être oublié le jour du départ, étant ainsi obligée de rassembler quelques affaires à la hâte, mais elle n'avait pas oublié qu'elle avait redouté ce jour pendant des années.

  Adossée au mur de la petite cave nauséabonde (« un endroit idéal pour ce genre d'activité répugnante », lui avait affirmé Dytal en grimaçant), elle l'observa vérifier une fois de plus les nœuds retenant l'homme inconscient accroché sur cette chaise, toujours aussi maniaque.

  – Maintenant, faut attendre qu'il se réveille, lui expliqua-t-il. Après ça, les choses compliquées commencent (tous deux jetèrent un regard écœuré à la grosse trousse empli d'outils qui ne devraient pas exister). J'espère que tu as l'estomac vide.

  – Toute taureau que je suis, je ne suis pas insensible au point d'avoir pu manger à ma faim ce matin. C'est à peine si j'ai réussi à avaler ce satané verre d'eau.

  – Bien. Très bien. Essaye tout de même de ne pas vomir tes tripes avant la fin de ce... travail. D'après la « théorie », ça ne fait pas bon effet, ça perd l'eau, et ça empêche la victime de divulguer ses informations. La pratique, cependant, est tout à fait différente.

  – Rappelle-moi pourquoi nous sommes là, déjà ? fit-elle en respirant par la bouche pour ne pas accentuer la nausée déjà naissante.

  – On est là parce qu'en 587, les Assassins étaient déjà des bons à rien, et que Lekalas de Capricorne, membre de l'Oligarchie des Douze à l'époque, a estimé qu'il serait plus judicieux de remettre la torture aux Espions, en échange de quoi on nous a interdit de tuer qui que ce soit hors de la torture.

  Même dans une situation critique, Dytal était capable de lui présenter des dates claires et précises. Elle admirait le fait qu'il y avait que très peu choses déconcentrant son oncle.

  – Si je croise cet idiot en Infernyn, crois-moi, je lui referai le portrait.

  – Et tu ne seras pas la seule. Ah, j'ai l'impression que notre informateur de pacotille se réveille.

  – Il y a déjà moins de remords à tuer un traître à la Ligue, marmotta-t-elle.

  Il ne l'entendit pas, déjà reparti près de leur prisonnier. Elle pinça les lèvres, mais observa la scène. Après tout, même si juste le fait d'y penser accentuait sa nausée, ce serait bientôt à elle de reproduire les mêmes gestes. Et avec la chance qu'elle avait, elle ne tomberait certainement pas sur un traître.

  Tandis que le prisonnier toussait en se réveillant, Dytal lui jeta un dernier coup d'œil, l'air de dire « Tais-toi, note, et apprends ». Elle acquiesça imperceptiblement.

  – Que... ? grogna le prisonnier.

  – Nah-Mowi Crossland, adjoint de la maire de Denatys, énonça Dytal en articulant bien. Il se trouverait que tu n'aurais pas tout dit à la Ligue sur tes recherches.

  Il devait accentuer ses mots pour ne pas marmonner dans sa barbe, comme il avait prit la mauvaise habitude à force de passer du temps à la bibliothèque, dans son « antre ».

  – Ah. D'accord, je vois, répondit avec flegme ledit Nah-Mowi Crossland. Quelqu'un m'a accusé de traîtrise, et on a envoyé les bons toutous de la dirigeante pour me faire cracher le morceau. Eh, quoi ? Croyez-vous tout ce que l'on vous dit ?

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now