L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]

Chapitre 9.I : Sottises

Quand j'étais plus jeune, je trouvais particulièrement niais tout ce qui touchait de près ou de loin aux âmes sœurs ou aux êtres complémentaires. Aujourd'hui, je pense dire avec certitude que j'étais une gamine horriblement arrogante pour penser ainsi, quand je vois mes amis âmes sœurs.
Journal intime de Téonary Naryn, an 1439.

  – 𝓜ais qu'est-ce qui t'a pris ? On avait dit : pas de scandale ! fulminait Jillan en entraînant Téo à sa suite parmi tous les invités, faisant de son mieux pour ne pas les bousculer – ce qui se révélait être une tâche ardue.

Elle en arrivait même à se demander comment parvenaient les danseurs à avoir assez d'espace pour bouger. Parfois, elle reconnaissait certains invités pour les avoir croisé en Tauriner dernier. Elle repéra aussi l'estrade où se trouvait quelques sénateurs. Parmi eux, elle reconnut Galtawell Capricorne, Arysia Taureau et Téonal Lion. Il y avait aussi un autre femme et un autre homme, mais elle était incapable de mettre un nom sur leur visage.

Elle détourna aussitôt son regard, ne souhaitant pas se remettre en colère – elle se devait de rester calme, car il était hors de question qu'elle fasse foirer la mission. Au visage de Jillan, elle voyait bien qu'elle avait déjà fait pas mal de bêtises, encore une fois.

– Il m'a énervé et m'a insulté, se justifia-t-elle, même si elle reconnaissait en son for intérieur qu'elle y était peut-être pour quelque chose.

Ce n'était pas de sa faute, la tête de cet homme ne lui revenait tout simplement pas. Elle n'avait pas du tout apprécié ce manque d'émotions qu'il respirait, comme s'il était incapable d'en ressentir. C'en était presque effrayant. En le provoquant, elle s'était dit qu'elle verrait peut-être quelque chose dans les yeux si noirs qu'il avait, mais cela avait été chose vaine.

Vraiment, elle n'avait jamais vu un homme si affreux.

Jillan s'arrêta net, et se retourna d'un coup vers elle. C'était la première fois qu'elle le voyait pique-rouge. Elle n'aimait pas être la cause de cette fureur.

– Est-ce que tu sais au moins qui c'était ? questionna-t-il.

Et si elle ne le connaissait pas autant, elle aurait pu penser qu'il avait peur de cet homme à qui elle avait cherché des noises.

– Non, reconnut-elle.

– C'était Synolab Enwel, l'adjoint de Telia Marlpe, la maire d'Amrynen. Est-ce que je dois seulement te rappeler ce qu'il a fait à Rat pour simplement l'avoir suivi ?

– Comment en es-tu si sûr ? répondit-elle.

Elle ne voulait pas croire qu'elle avait eu affaire à Synolab Enwel, cet homme qui donnait des cauchemars à Saleann.

Jillan ricana en se passant une main dans les cheveux. Il semblait nerveux.

– Ce n'est pas compliqué à savoir quand on est au courant de sa description physique. Si tu n'avais pas remarqué, il est particulièrement grand.

Téo cilla, et pâlit légèrement. Alors, elle venait réellement de se frotter à Synolab Enwel, cet Assassin, celui qui faisait la chasse aux Espions. Un des pires ennemis de sa confrérie. Elle eut une pensée pour le père de Saleann, Rat, qui avait payé de sa vie le fait d'avoir eu la malchance de devoir surveiller cet homme.

– Je ne savais pas. Si je l'avais su, jamais je ne serais allée lui parler, souffla-t-elle.

Jillan dut lire sur ses lèvres, ou alors il vit simplement à sa tête qu'elle regrettait, car il soupira, se calmant. Il frotta ses yeux, et soupira de nouveau. Soudain, il semblait fatigué. À cause d'elle. Elle grimaça en son for intérieur.