Chapitre 21.III

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𝓣éo s'observa dans le miroir. Elle peinait à se reconnaître, non pas à cause de son reflet, mais à cause de son angoisse. Il fallait bien l'avouer : elle était nerveuse. Cela s'expliquait de part la situation, mais tout de même, même lors de son Espionnage, elle n'avait pas eu cette boule d'angoisse nichée dans son estomac.

– Tu es splendide, déclara Nylo en cherchant le regard de Téo dans la glace leur faisait face.

La guérisseuse étant avare de compliments, celui-ci la toucha, et elle lui offrit un petit sourire, tout en continuant à frotter son bracelet d'argent.

– Elle a raison. T'es magnifique, ma sucrette, ajouta Saleann en piquant une épingle dans ses cheveux.

Elle avait absolument tenu à s'occuper de la coiffure de Téo. Elle l'avait laissé faire, lui faisant absolument confiance.

– Un jour, j'aimerai bien être comme toi, affirma Bauryvage, qui patientait jusque là avec Exily en silence.

À l'origine, seules Saleann et Nylo devaient rester avec Téo, pour l'aider à se préparer. Sauf qu'Exily en avait profité pour se glisser avec sa tante. Puis Bauryvage avait suivi, bien trop curieuse.

Même si les deux filles n'avaient presque pas échangé un mot, elles se tenaient près l'une de l'autre, attendant qu'on leur demande de l'aide. Téo se leva du siège de sa chambre, faisant attention à ne pas abîmer sa robe, avant de se retourner.

– Un jour, tu seras mieux que moi, je te le promets, lui répondit-elle.

– Mais aujourd'hui, c'est toi qui sera au centre de l'attention, fit Exily tout doucement.

Téo avait remarqué que la petite fey observait tout autour d'elle avec ses grands yeux violets. Pour une fois qu'on l'avait autorisé à venir dans cette partie de l'aile ouest avec sa tante pour l'événement, elle en profitait. Velam avait été tout heureux en la croisant, plus tôt. Cela avait attendri Téo.

Elle observa une fois de plus son reflet. Elle s'était toujours trouvée belle, toujours plu, mais elle devait bien avouer qu'elle avait aujourd'hui un petit quelque chose sur son visage qui faisait qu'elle se trouvait encore plus belle (si cela était possible). Saleann avait fait des miracles avec ses lourdes boucles blondes, qui encadraient joliment son visage. Nylo lui avait appliqué un peu de khôl autour des yeux, et ses joues rosées par son émotion naturelle donnait presque l'impression qu'elle était une jeune fille de la noblesse astrilaise – ce qu'elle était, techniquement parlant. Enfin, sa robe amarante épousait son buste, avant de s'épanouir, à partir de sa taille, comme une fleur.

Sans sa cape, elle se sentait nue, mais elle savait qu'elle la récupérerait après l'événement.

– Dire qu'il y a quelques années, tu étais une gamine minuscule toute poussin et qui se blessait comme un rien, et aujourd'hui te voilà sur le point de t'unir ! Comme tu as grandi... soupira Nylo.

– Eh ! C'est moi qui voulais faire le discours larmoyant ! protesta Saleann. 

– Arrêtez toutes les deux, j'ai l'impression qu'on va m'envoyer à l'autre bout du monde, répliqua Téo avec une grimace.

Il lui avait fallu plusieurs jours pour réfléchir à la proposition de Jillan de s'unir à lui – ce genre de décision ne prenait pas sur un coup de tête. Mais elle avait accepté, et elle n'oublierait jamais le sourire de pur bonheur qu'il avait eu lorsqu'elle lui avait dit oui. Après l'avoir annoncé au reste de la confrérie (et avoir reçu plusieurs commentaires de surprise, ceux les plus mémorables restant ceux de Wuly et Dytal, stupéfaits qu'elle ne leur ait rien dit), ils avaient dû tout de même attendre deux semaines, pour tout organiser. Pendant tout ce temps, Téo avait craint qu'Arysia rentre à Opaltys, elle qui était à Ylthenas depuis le solstice d'été, car elle savait qu'elle refuserait cette union. Heureusement, elle n'était pas revenue.

L'Astriale - Les Mensonges du Printemps T2 [TERMINÉ]Where stories live. Discover now