Chapitre 4.2

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Le lendemain, je me levai étonnamment tôt étant donné la nuit quelque peu agitée que je venais de passer. Le soleil commençait déjà à se montrer dans le ciel et j'en profitai pour ouvrir toutes les fenêtres et la porte. L'avantage d'être au camping, c'est que tu peux te rendre à la boulangerie en pyjama sans que ça ne choque personne. Tout le monde le faisait et c'était agréable de voir tous ces lève-tôt affronter les premiers rayons de soleil de la journée pour aller chercher du pain frais ou, dans mon cas, des croissants.

Ambre dormait toujours quand je quittai le mobil home en direction de la boulangerie du camping. Je laissai le sable s'infiltrer sur mes tongs et glisser sous mes pieds. Je ne me lasserai jamais de cette sensation qui me rappelait l'endroit où je me trouvais. Sur le chemin, je ne pus empêcher les événements de la veille de venir m'assaillir pour alourdir encore plus la culpabilité qui pesait sur mes épaules. 

J'avais dérapé... et lui aussi. Il aurait pu – et il aurait dû – me repousser au lieu d'approfondir le baiser. Les choses risquaient d'empirer si aucun de nous deux n'apprenait à se contrôler et la fausse distance que nous avions créée entre nous ces derniers mois frôlait l'ébranlement.

Quand je pénétrai dans la petite boulangerie, il y avait déjà une petite file qui commençait à s'allonger derrière le comptoir et je m'incrustai rapidement avant de me faire voler ma place. L'odeur des croissants chauds et du pain frais s'insinua dans mes narines et je laissai échapper un petit soupir de contentement. Cette odeur dès le réveil était l'une des meilleures, avec celle des crèmes solaires et du sable chaud.

Je ressortis de la petite boulangerie avec le sourire aux lèvres, mes croissants sous le bras, et rebroussai chemin jusqu'au mobil home. Sur le chemin du retour, je croisai Alden au loin. Ce que vous avions faillit échanger me revint aussi en tête et je baissai la tête en espérant qu'il ne m'ait pas vu, mais c'était trop tard.

— Hey ! Jiulia !

Il trottina dans ma direction et je lui adressai un faible sourire. Il n'y avait jamais eu de malaise entre nous et je ne voulais certainement pas que ça commence aujourd'hui. Si je voulais contenir notre amitié, il fallait que j'affronte mes responsabilités. Je ne pouvais plus jouer au même jeu que durant l'année et faire souffrir plus de cœurs encore. Maintenant que le mien avait commencé à se fissurer, je ne pouvais plus me permettre d'infliger ça à celui des autres. C'était beaucoup trop douloureux.

Alden cala son rythme sur le mien en me lançant quelques petits regards de côté. Il se mordit la lèvre inférieure avant de retirer sa casquette et de remettre ses cheveux sombres en place avec sa main. Ses yeux presqu'ambrés brillaient sous les effets des faibles rayons de soleil matinaux.

— Il n'y a pas de malaise, hein ? me demanda-t-il soudainement.

Je soufflai, laissant retomber toutes mes craintes au sujet de notre amitié que j'avais brièvement crue fragilisée par mes conneries. Une question me trottait cependant toujours dans la tête alors que nous arrivions à l'intersection où se trouvait le mobil home de Marzia et Zeke.

— Non. Mais... pourquoi est-ce que tu ne m'as pas embrassée ?

C'était stupide comme question, et ça risquait de remettre un peu d'huile sur le feu, même si Alden n'était pas du genre à s'apitoyer sur son sort. Il se retourna vers moi, un sourire en coin étirant ses lèvres et la visière de sa casquette masquant un peu la beauté de ses yeux.

— J'aurais bien aimé.

Ah.

S'il n'y avait pas eu Zeke, peut-être que moi aussi, j'aurais bien aimé. À ce moment-là, je compris que derrière son sourire angélique et son regard presque divin, Alden cachait un tout autre jeu. C'était assurément un très beau garçon et très dévoué pour ses amis, mais le temps et les années l'avaient transformé en un croqueur de filles, comme Carmela aimait les appeler. Aussi je savais qu'il ne chercherait jamais à me blesser.

Breaking the limit - 1.5Where stories live. Discover now