chapitre 44 : discorde

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Elanor dévisagea Aragorn avec ébahissement. Il ne le lui avait pas dit !

Aragorn était donc un héritier ? Le futur roi du Gondor !

Boromir fixa le rodeur avec une lueur de surprise dans le regard, et Aragorn, gêné, fit un signe d'apaisement à l'intention de Legolas.

- Avodad, Legolas... , lui demanda-t-il en elfique.

Boromir jeta un coup d'œil à Legolas, puis défia Aragorn du regard avant se diriger vers sa chaise.

- Le Gondor n'a pas de roi. Il n'en a pas besoin.

Il se rassit avec un air mauvais, et continua de fixer Aragorn. Ce dernier mal à l'aise, se tut et ne répondit pas à l'insulte bien que ses mots semblèrent le blesser.

Elanor jeta un regard à son voisin de droite, puis après un moment d'hésitation elle posa sa main sur la sienne, en signe de soutien. Elle sentit les épaules d'Aragorn se détendre un peu, et il tourna la tête vers elle avec un signe de remerciement.

- Aragorn a raison, s'exclama Gandalf, on ne peut l'utiliser.

Elrond se leva alors une nouvelle fois, avec une expression grave.

- Vous n'avez pas le choix, l'anneau doit être détruit.

Boromir soupira, et tous les yeux se tournèrent vers l'anneau.

- Qu'attendons-nous pour le faire ! s'exclama Gimli.

Le nain se leva brusquement, et avant que tout le monde ne puisse l'en empêcher abattit sa hache sur l'anneau. Son arme se brisa en mille morceaux, et Gimli retomba en arrière, repoussé par une force invisible.

Les nains l'aidèrent à se relever, tandis qu'il regardait sa hache brisée, choqué.

Frodon se prit brusquement la tête entre ses mains, victime d'un malaise.

- L'anneau ne peut être détruit, Gimli fils de Gloin, par aucun moyen entre notre possession, lui dit Elrond. L'anneau a été forgé dans les flammes de la montagne du destin, il n'y a que là qu'il puisse être détruit. Il faut le jeter dans les profondeurs du Mordor, dans l'abime flamboyant d'où il est apparu autrefois.

Un silence interminable plomba l'assemblée, qui n'était que coupé par le murmure ensorcelant de l'anneau.

- L'un de vous doit le faire, déclara Elrond.

Chacun se consulta du regard, espérant qu'un volontaire se manifeste. Mais personne ne se leva.

- On n'entre pas si facilement en Mordor, dit Boromir en se massant le crâne. Ses portes noires ne sont pas gardées que par des orques ! En ces lieux il y a un mal là-dedans qui ne dort jamais.

L'assemblée se sentit soudainement mal à l'aise. Gimli souffla, et remua dans sa chaise. Elanor et les elfes ne se sentir pas mieux, et celle-ci regardait pour la première fois Boromir avec fascination.

- Et le grand œil, continua Boromir en le mimant avec sa main, est toujours attentif. C'est une terre, dévastée et stérile, recouverte de braises, de cendre et de poussière. L'air qu'on y respire... n'est que vapeur empoisonnée. Même dix milles hommes n'en viendraient pas à bout. C'est une folie !

Legolas se leva à nouveau et lui parla violemment.

- N'avez-vous pas entendu ce que le seigneur Elrond a dit ! L'anneau doit-être détruit !

- Et je suppose que vous croyez être celui qui doit le faire ! s'insurgea Gimli.

- Si nous échouons qu'arrivera-t-il ?

Boromir se leva, le ton de sa voix montant.

- Que se passera-t-il quand Sauron récupérera son anneau ?!

Gimli se leva à son tour.

- J'aime mieux mourir plutôt que de voir l'anneau dans les mains d'un elfe !

Une vague de colère traversa l'assemblée des elfes et la plupart se levèrent, et tous se mirent à se disputer pour l'anneau.

- Oui, nul ne peux se fier à un elfe ! continua Gimli.

Les hommes et les nains acquiescèrent à la remarque de Gimli et se rassemblèrent derrière lui, tandis que Legolas tendait de retenir les siens avec ses bras.

Sept personnes restèrent assises, dont Elanor, Glorfindel, Gandalf, Aragorn, et les deux hobbits, Bilbon et Frodon. Alors que tous se disputaient à grands cris et d'insultes, Frodon semblait aller de plus en plus mal.

La voix chuchotant et tentatrice de l'anneau se fit plus forte dans l'esprit d'Elanor qui perdit également le fil de la scène qui se déroulait devant elle. Ses yeux ne restèrent fixés que sur l'anneau, et elle dut se faire violence pour détourner le regard.

Quelle était cette chose qui lui donnait l'impression d'être un être égoïste et avare ?

Gandalf se leva pour prendre part aux discussions houleuses, essayant en vain de faire entendre sa voix. Il entra dans un conflit violent avec Boromir qui voulait absolument prendre l'anneau pour le Gondor.

Aragorn soupira, et se prit la tête dans les mains, découragé. Elanor observa alors Frodon, qui regardait l'anneau avec un air déterminé qu'elle ne lui avait encore jamais vu, ni chez aucun hobbit.

Il se leva alors soudainement.

- Je vais le faire ! s'écria-t-il.

Mais personne ne l'entendit, et tous continuèrent de se disputer.

- Je vais le faire ! répéta Frodon plus fortement en se faisant cette fois entendre.

Gandalf se retourna lentement, et toutes les conversations se turent l'une après l'autre.

- Je vais porter l'anneau en Mordor, déclara Frodon avec assurance.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Where stories live. Discover now