chapitre 40 : l'étranger

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C’était un elfe blond, grand et svelte.

Elanor crut d’abord que c’était Glorfindel, car il était le seul à avoir la chevelure de cette couleur, cependant lorsqu’elle s’approcha, elle vit qu'elle se trompait complétement.

Cet elfe là était étrange.

De dos, Elanor vit qu’il portait une tunique verte et un pantalon brun, par-dessus laquelle il avait revêtit une cotte de maille en écaille qui recouvrait en partie ses épaules. Les rayons de la lune se reflétaient sur ses cheveux, leur donnant l’éclat d’une cascade d’argent.

Elanor retint sa respiration, et l’elfe se retourna à ce moment, s’apercevant de sa présence.

Elanor fut presque sûre que son cœur rata un battement. Les yeux de l’elfe étaient d’un bleu vif, et elle sentit son regard la transpercer. Elle ne sut si ce fut une sensation glaciale ou chaleureuse qui la traversa de l’intérieur, mais elle se retrouva soudain incapable de faire le moindre geste.

Elanor n’avait jamais vu un tel regard, et même Glorfindel qui était très beau, ne lui paraissait pas aussi fascinant à cet instant, que cet elfe qui se tenait là et la regardait.

- Mae Govannen.

La voix de l’elfe était mélodieuse, mais elle était aussi dure et impétueuse. Ce qui contrastait fortement avec la voix douce et pacifique des elfes de Foncombe.

Elanor sortit de sa contemplation, et comprit alors qu’il n’était pas d’ici, et que c’était un étranger.

- Bonsoir.

L’elfe la dévisagea, et Elanor ne sut déchiffrer l’expression de son visage. Elle y vit néanmoins un peu de surprise.

- Vous êtes mortelle, lui dit-il.

 Elanor acquiesça silencieusement, ne parvenant toujours pas à articuler un mot.

- Pourquoi êtes-vous ici ? s'étonna l'elfe.

Sa voix ferme et dure la fit revenir à la réalité. Elanor croisa les bras, mal à l'aise et embarassé. 

- Le seigneur Elrond m'a invité à rester. Je suis... une amie de la famille.

- Je ne m’attendais pas à rencontrer des mortels ici, commenta l’elfe en se détournant pour regarder de nouveau le paysage.

- Vous n’êtes pas de Fondcombe, n'est-ce pas? Je ne vous ai jamais vu.

- Non, répondit l'elfe. Je viens de la Forêt Noire, sur la demande du seigneur Thranduil.

Il ne spécifia ni son nom, ni son rang. Elanor se dit alors qu’elle n’avait pas à spécifier le sien non plus.

- Je ne vous ai pas vu lors du festin, à moins que mes yeux ne m’ait fait défaut, reprit-elle.

- Je suis arrivé seulement en fin d’après-midi, je n’ai pas voulu perturber le diner en m’y invitant.

Elanor hocha la tête, bien qu’elle se doutait qu’il aurait pu venir dans la grande salle sans encombre, même après l’heure passée, et que le seigneur Elrond l’aurait accueilli à bras ouverts. Mais elle comprit que l’elfe était plutôt renfermé, et ne devait pas être du genre loquace, et qu’il préférait la tranquillité aux grandes fêtes.

Aussi ne posa-t-elle plus de question et s’accouda prit place à côté de l’elfe, tandis que celui-ci fredonnait un air du bout des lèvres.

- L’étoile d’Eärendil brille ce soir, dit-il en fixant une étoile plus brillante que les autres dans le ciel nocturne.

Elanor leva également les yeux vers le ciel. Les étoiles brillaient toujours plus fortement au-dessus de Fondcombe, grâce à une magie qu’elle ne connaissait pas.

- Ne pouvez-vous pas contempler les étoiles, là d’où vous venez ? lui demanda-t-elle.

- Oui et non. Nous habitons dans ses cavernes, et nous ne pouvons regarder les étoiles que lorsque nous nous hissons en haut des plus grands arbres de la forêt.

- Votre pays m’a l’air bien étrange, comparé à ici.

L’elfe tourna la tête, et fronça les sourcils.

- Cela ne lui enlève en rien sa beauté, répondit-il.

Elanor crut l’avoir offensé.

- Bien sûre, je n’en doute pas.

L’elfe la regarda une nouvelle fois, et Elanor ne sut lire ce qu’il pensait dans son regard. Des applaudissements un peu plus prolongés retentirent dans le palais, et ils comprirent que la fête était terminée.

- Il est temps pour moi de redescendre, annonça-t-il. Ce fut un plaisir de vous rencontrer.

Elanor hocha la tête, et l’elfe s’inclina devant elle avant de s’en aller. Elle le regarda s’éloigner dans la nuit, se demandant qui était cet elfe si bizarre et peu bavard.

Elle poussa la porte de sa chambre, et rejoignit la chaleur de son lit.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Where stories live. Discover now