chapitre 26 : liens du sang

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Lorsqu’il la relâcha, Elanor dévisagea Elrond et vit qu’il avait les larmes aux yeux, et qu’il la regardait avec affection. Elle ne lui avait vu ce regard que pour une seule personne, et c’était Arwen.

Ne comprenant pas sa réaction, et flattée, elle resta muette. Le seigneur Celeborn se mit à rire ouvertement avec Glorfindel, et la dame Galadriel s’approcha doucement d’eux.

- Voici donc l’héritière du trône de Thingol, seigneur de l’ancienne demeure de Doriath.

- Après tout ce temps, s’exclama Elrond ému.

Galadriel posa une main sur son épaule et sourit chaleureusement à Elanor, qui était encore sous le choc de l’étreinte d’Elrond et qui venait à peine de comprendre ce que la sorcière elfe venait de dire.

Héritière du royaume de Doriath ? Elle ? Le royaume des elfes ?

Un tremblement agita ses jambes, et un rire nerveux lui monta à la gorge.

Non, impossible. Elle n’était pas une elfe.

- Je ne peux être l’héritière de ce royaume, je ne suis pas une elfe, répondit Elanor n’arrivant pas à croire qu’elle puisse avoir un lien de parenté avec cette lignée de rois.

- Vous avez du sang d’homme, mais aussi le sang d’elfe, c’est indéniable, répondit Galadriel. Melian la Maiar a forgé cette épée uniquement pour ses descendants. Si vous n’aviez été qu’une humaine, vous n’auriez pu vous servir de cette arme.

Elanor médita ses paroles, perplexe.

- Par ailleurs, si vous descendez d’Elurin ou Elured, cela veut donc dire que nous sommes cousins, lui dit Elrond en souriant.

Il la regarda, heureux. Le fait qu’elle n’ait peut-être qu’un gramme de sang elfique et que des générations les séparaient peut-être, ne semblait pas le déranger outre-mesure. Il la considérait déjà comme une parente, et un membre de son clan.

Elanor resta immobile plusieurs secondes, n’arrivant pas à réaliser l’étendue de ce que cela signifiait. Le choc était trop grand. Elrond avait posé une main sur sa joue et son visage resplendissait.

Puis lentement, d’un courage qu’elle ne se serait jamais imaginée avoir, elle joignit ses mains à celles d’Elrond et la serra.

Hier elle n’était qu’une humble serveuse de taverne, orpheline, vivant dans un village reclus de l’Eriador. Aujourd’hui, elle se découvrait héritière d’un des plus grands royaumes de l’ancien âge, et se trouva un cousin éloigné en la personne d’Elrond, seigneur elfe de Fondcombe.

Si on lui avait raconté ça une semaine plus tôt, Elanor lui aurait ri au nez, disant qu’il avait peut-être un peu trop bu. La barrière qui la séparait d’Elrond s’était brisée en quelques secondes.

Elanor lui tendit Niphredil, mais l’elfe la refusa.

- Gardes l’épée, lui intima Elrond, elle est à toi.

Elanor la ramena près d’elle et adressa à Elrond un regard reconnaissant.  

- Ce n’est pas un hasard si Niphredil, l’épée de Luthien réapparait pendant ces heures sombres, déclara soudain Galadriel les sortant tous de leur torpeur joyeuse. 

Elle plongea ses yeux bleus perçants dans ceux d’Elanor et celle-ci crut entendre sa voix dans sa tête lui dire : Vous avez enfin retrouvé les vôtres, mais le prix à payer pour pouvoir les garder près de vous sera lourd. Attendez-vous à devoir vous battre pour ceux que vous aimez.

- Une menace pèse sur la Terre du Milieu, reprit la sorcière comme si de rien était. Le seigneur de l’unique, Sauron rassemble ses forces en Mordor. Quelque chose me dit que vous avez votre rôle à jouer ici, comme nous tous, dit-elle à Elanor.

Elrond la regarda pensif. Elanor repensa à la troupe d’orcs qui l’avaient enlevé, et à la facilité avec laquelle ils l’avaient désarmé. Comment pourrait-elle se battre si elle ne savait même pas se défendre ?

- Ma dame, je suis désolé mais je ne suis qu’une simple fille de commerçant. Je doute de pouvoir vous aider, je n’ai aucune utilité et je ne sais pas me battre.

Les elfes la regardèrent pensivement, et Elrond posa une main bienveillante sur son épaule.

- Ce n’est pas ce que nous te demandons. Tu n’es pas obligée d’aller sur le champ de bataille, si tu ne le veux pas. Et ce n’est pas là ta place.

Elrond ne vit pas le regard que lui lança Galadriel, et qui disait tout le contraire. Elanor choisit de se taire, et se contenta d’acquiescer.   

- Il nous faut rassembler le conseil blanc pour en discuter, affirma Galadriel. A-t-on des nouvelles de Gandalf ?

- Non, toujours pas. Peut-être devrions-nous demander à Saroumane s’il a des informations. Sa disparition m’inquiète.

Elanor fronça les sourcils.

Saroumane ?

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant