chapitre 6 : guet-apens

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Elanor poussa un hurlement, qui fut étouffé par une main large, grise, puante et repoussante. Elle entendit Finrod se cabrer et hennir, tandis que des cris et des glapissements qui n’avaient rien d’humains retentissaient tout autour d’eux.

Avec horreur, Elanor vit une créature immonde se dresser devant elle et qui la plaqua au sol. L’orque lui adressa un sourire jaunâtre, et elle put contempler à loisir les crocs gâtés et acérés de l’immonde bête.  

- Regardez ce que j’ai attrapé ! Celle-là doit être bonne à manger, grinça-t-il dans une étrange langue qu’Elanor ne comprit pas.

Les autres orques qui étaient au moins une dizaine, avaient grimpés dans la charrette tandis que d’autres tenaient les rênes de Finrod.

- Il y en a d’autres, répondit un autre orque qui était dans la charrette, celle-ci à un garde mangé.

- Et il y a le canasson, ajouta un troisième orque. Pas besoin de la manger, on peut jouer avec cette femelle.

L’orque qui la maintenait la regarda avec une lueur lubrique et de convoitise. Elanor poussa un nouveau cri terrifié, et se débattit. Elle gesticula ses bras et ses jambes dans tous les sens, et tenta de donner des coups de genoux à l’orque, en vain.

- Restes tranquille ! lui ordonna-t-il dans la langue commune.

Il lui donna une violente gifle qui lui fendit la lèvre et la sonna. Elanor sentit le sang affluer dans sa bouche.

Les autres orques se mirent à rire.

- Qu’est-ce que c’est ? 

Un des orques souleva l’épée d’Elanor, et l’examina. A peine l’eut-il sortit de son fourreau qu’elle lui brula les mains, et il poussa un jappement en la lâchant. Elle retomba dans la charrette dans un tintement claire, presque musical.

- De l’elfique ! C’est une épée ensorcelé ! hurla celui qui avait empoigné l’épée.

- Laisses-là où elle est. Allez, prenons le canasson, la charrette et la fille, ordonna l’orque dans la charrette.

Mais Finrod ne semblait pas prêt à se laisser emmener. Il se cabra de plus belle, renversant presque la charrette sur le côté.

- Tuez le canasson, il va nous ralentir, ordonna le même orque.

- Mais qui va tirer ce machin ? répliqua un autre en désignant la charrette.

- Toi abruti !

L’autre se tut, et s’avança vers Finrod, tirant une lame ébréchée en mauvais état. Elanor se pétrifia et se mit à pleurer, sachant le triste sort qui allait être réservé à son ami. Elle ferma les yeux, attendant le coup fatal. Mais un craquement tonitruant et un cri de douleur retentit, et elle entendit avec soulagement les sabots du cheval partir au galop.

- Imbécile ! Tu l’as raté.

- Je ne pensais pas qu’il allait réussir à nous échapper! lança l’orque en se massant les côtes, là où le cheval l’avait botté.

Les orques regardèrent le cheval disparaître  à l’angle du chemin, dispersant de nombreux tonneaux dans son sillage.

- Au moins on en est débarrassé ! Levons le camp !

- Ligotez la fille. On s’amusera avec celle-là plus tard, lança un autre orque.

Un deuxième orque arriva à côté de celui qui la maintenait et l’attacha des mains aux pieds, tout en prenant soin de lui fourrer un bout de tissu dans la bouche pour la faire taire. Le tissu avait un goût de saleté écœurante, mais Elanor ne put rien faire pour protester. L’orque la souleva brutalement, et la mit sur son dos comme un sac à patate.

Elanor en perdit sa respiration, l’odeur de l’orque était si puante et repoussante qu’elle dut s’y reprendre à plusieurs fois pour ne pas régurgiter son repas de midi.

Les orques ramassèrent ce qui était tombé de la charrette, puis se mirent en marche dans la forêt, abandonnant la route derrière eux.

Elanor dodelina de la tête, le sang ruisselant à présent sur son visage. A moitié consciente, elle regarda le chemin disparaître derrière eux, éloignant tout espoir de secours mais aussi de rentrer chez elle saine et sauve.

L'envoyée des Valar - livre I (LOTR /Seigneur des Anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant