DragonFly

10.

L'un des plus gros inconvénients de vivre ma vie une seconde fois était la chose la plus malheureuse qui accompagne le fait d'être une femme - la puberté.

Du moins, je ne l'ai jamais vue comme quelque chose d'agréable. Bon sang, qui aime ça ? La visite mensuelle était une énorme douleur - tout à fait littéralement là - et puis il y avait tout le développement impliqué dans l'affaire. Les hanches, je pouvais gérer, mais les seins... ? Juste quelque chose d'autre pour me peser.

À en juger par la taille d'Emiko, et mon amour pour les choses sucrées et malsaines, je n'aurais pas la chance d'être petite dans ce domaine.

Si tout était comme je le voulais, la puberté aurait pu être repoussée jusqu'à mes quinze ans environ, mais non. Mère Nature avait d'autres idées.

Et Emiko était plus qu'heureuse de m'emmener faire du shopping pour de nouveaux produits intimes et féminins, même si je rejetais complètement l'idée et que je prétendais pouvoir le faire toute seule.

En fait, je n'ai jamais fait ce genre de courses avec ma mère d'origine ! Elle se contentait de tout acheter pour moi et de les ramener à la maison une fois qu'elle connaissait mes tailles ! Jusqu'à ce que je sois assez grande pour le faire moi-même, en tout cas. Je savais juste qu'Emiko allait être tatillonne et gâteuse et rendre la situation encore plus embarrassante qu'elle ne l'était déjà.

Au moins, ce n'était que la phase initiale de tout ça qui était si embarrassante. Au bout d'un certain temps, cela deviendrait une routine, quelque chose qui ne mériterait pas de ciller, et encore moins de rougir. Si Emiko s'écartait de cet aspect de ma vie et me laissait tranquille, au moins.

J'étais presque sûre qu'elle s'était déjà vantée auprès de son cercle de femmes au foyer et de mères que sa "petite Rika a commencé à s'épanouir" et n'était-ce pas tout simplement dégoûtant ? Je pensais avoir réussi à m'humilier avant qu'elle ne se mêle de ma vie d'adolescente.

Elle devrait être heureuse que je ne fouille plus dans son tiroir à sous-vêtements et que je ne me promène plus avec son soutien-gorge sur la tête - mais l'idée était tentante, pour se venger.

"Rika, ma chère, un soutien-gorge ne se met pas à l'extérieur de tes vêtements. S'il te plaît, mets-le correctement."

Lui faire passer un mauvais moment en valait la peine, cependant. "Je ne sais pas, ça a l'air plutôt cool, tu ne trouves pas ?" Je me suis retournée devant le miroir du magasin de vêtements et j'ai tiré sur les bretelles du joli soutien-gorge d'entraînement couleur pêche clair qui était fermement attaché à ma chemise Uchiha couleur prune comme un costume de super-héros bizarre. "Soutien total !"

Elle a résisté de justesse à l'envie de se frapper le front de la main - je l'ai vu à la violente contraction de ses yeux. "C'est inapproprié et tu le sais. S'il te plaît, essaye-le correctement pour qu'on puisse voir s'il te va bien !"

"Aw, maman, mais..."

"Si tu ne te tiens pas bien, je t'obligerai à le porter à la maison comme ça."

"Je ne peux pas juste porter des soutiens-gorge de sport ? Les armatures, ça craint !" J'ai gémi, en tendant la main pour décrocher ce foutu truc - et en laissant Emiko m'aider quand je ne pouvais pas le faire moi-même parce que j'avais des bras de T-rex ou quelque chose comme ça. "Les fermetures arrière craignent aussi. Je veux quelque chose de plus facile à gérer."