Bonus #5 (2/2)

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Mardi 17 Mai 2033 :

-Papa, est-ce que tu penses que tu connaissais maman ? Je veux dire, la vraie maman ? Son histoire, sa vie, toute sa vie, elle t'en parlait parfois ?

-Ah... Elladora était une femme compliquée. Il y a des jours où elle semblait rayonner comme si son ancienne vie n'avait été qu'un vilain cauchemar balayé par le réveil et d'autres fois où elle passait des journées entières murée dans un silence mélancolique. Je crois qu'elle s'était perdue, tu vois. Qu'une part d'elle n'était jamais revenue de la guerre. Enfin, je suppose que tu l'as ressenti de la même manière...

[...]

-N'as-tu jamais été jaloux de cet homme ?

*rire nostalgique*

-Non, pas vraiment. Je sortais d'une rupture vraiment difficile quand j'ai rencontré ta mère. Nous étions tous les deux un peu brisés, tu vois ? C'est sans doute pour ça qu'on a essayé de construire quelque chose tous les deux. Je crois qu'on se faisait du bien. Ce n'était pas la joie tous les jours, loin de là, mais avec Elladora j'avais l'impression de remonter la pente et je suis sûre qu'elle aussi le vivait de cette façon. Notre histoire d'amour semble un peu triste racontée ainsi mais nous avons vraiment vécu tous les jours qui nous ont permis d'être ensemble le plus fort qu'on a pu.

-Mais ça n'a pas suffi, elle est morte de chagrin quand même. Malgré tout ce que vous aviez construit ensemble, ça ne lui a pas suffi.

*soupir triste*

-Tu sais quoi ? Je n'ai pas envie de voir les choses comme ça. Car s'il y a bien une chose que ta mère m'a apprise en se battant sans cesse contre ses démons, c'est l'optimisme, c'est la rage de vivre. Peut-être que ses démons ont fini par avoir raison d'elle, peut-être que c'était écrit et qu'elle ne pouvait rien y faire, mais elle n'a jamais rien lâché. Parfois elle passait une semaine à broyer du noir et pleurer mais tu pouvais être sûre que le jour d'après elle revenait avec le sourire et tout l'enthousiasme dont elle était capable. Je l'ai aimé de tout mon cœur pour ça. Elle m'a appris cette force et pour ça, je ne lui en voudrais jamais d'avoir été ce qu'elle était.

-Je m'en veux tellement de ressentir cette rancune envers elle, tu sais ? Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à... à la vie qu'on aurait pu mener tous les trois si... et bien si...

-Si Elladora n'était pas Elladora ?

-Hum, je ne sais pas... c'est sans doute stupide, laisse tomber.

-Remy, je comprends ce que tu peux ressentir. C'est dur, ça a toujours été dur. Le couple puis la famille que nous avons formés, ça n'a jamais été parfait. Il y a eu des moments où j'ai tout voulu abandonner, des moments où je doutais des choix que j'avais... que nous avions fait. Ce serait hypocrite que de te décrire un mariage parfait simplement parce que ta mère ne fait plus partie de ce monde. Non, rien n'était parfait. Elle n'était pas parfaite, je ne l'étais pas non plus. Notre amour était imparfait, sans doute un peu asymétrique et triste mais il existait, il se battait, il valait le coup. Et ça, ça en dit beaucoup. Ça, ça me permet de ne pas avoir de regret aujourd'hui.

[...]

-Dis-moi, Remy, pourquoi me poses-tu toutes ces questions aujourd'hui ?

-J'ai trouvé des Polaroïds en débarrassant la maison. Ils dataient de la période d'avant-guerre. Je crois que maman a secrètement gardé ce carton avec elle, je crois que c'est la seule chose qu'elle a gardé de cette période. Tu connaissais leur existence ?

-Non, fiston. Je ne savais pas qu'elle avait gardé ces souvenirs. Elle m'avait dit qu'elle avait tout jeté.

-Laisse-moi te les montrer dans ce cas. Laisse-moi te montrer qui était la vraie maman, laisse-moi te montrer la jeune femme pétillante qu'elle a été avant que la vie ne lui en dérobe une bonne partie.

The Dove & The Crow [Harry Potter]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant