*Chapitre 10*

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« - Mais dépêches-toi là il se fait tard ! » Criait Zahra depuis la porte d'entrée.

Je ne comptais absolument pas répondre. Je ne sais pas c'est quoi exactement son problème à elle, elle aime trop stresser pour rien et transmettre son stress à nous autres qui n'en avons absolument pas besoin.

Nous devions aller chez une tante à Léona, et il faut avouer que c'était trop loin, il fallait qu'on prenne la ligne 6 qui roule comme une tortue, ça nous prendrait au moins une heure de route dans un bus qui serait plein au point où il y aurait des gens qui s'accrocheraient aux portières, en pleine chaleur, nous n'étions même pas sûrs d'avoir des places où nous asseoir et je ne vous parle pas des gens qui ne mettent pas de déodorants et qui sentent la sueur dans le bus, c'est un bien trop long trajet et un grand supplice pour moi.

Je ne voulais absolument pas y aller, pour les raisons que j'ai citées précédemment mais aussi parce que cette tante que nous allions voir est une vraie pipelette, elle parle trop et ne s'occupe pas de ses affaires, ce qui peut se comprendre aussi étant donné que je ne pense pas qu'elle en ait.

Enfin bref, tout le monde était prêt et moi je traînais encore en haut cherchant mes chaussures que j'avais rangées je ne sais où. Les autres commençaient donc à s'impatienter parce que selon eux, je faisais exprès et je cherchais à les mettre en retard, qui les a calculés s'il vous plaît ?

J'avais enfin retrouvé mes chaussures et j'ai dit aurevoir aux parents avant de sortir devançant les autres qui me lançaient des regards meurtriers et Zahra qui marmonnait je ne sais quoi. Encore une fois, qui a calculé ? J'étais de trop mauvaise humeur pour leur parler ou répondre aux piques que me lançaient Zahra. Comme je m'y attendais, on a attendu pendant des minutes avant que le bus ne débarque et avec tous les arrêts devant et le nombre de personnes qui devait monter, on a passé plus d'une heure sur la route et Zahra a passé son temps à grogner toute seule dans son coin, à un moment donné durant le trajet j'ai éclaté de rire alors que je la regardais pousser un homme qui était limite affalé sur elle vu qu'elle était assise du côté du couloir et les gens n'hésitent pas à s'asseoir carrément sur les autres qui sont installés, comme quoi... même assis on ne peut être à l'aise. J'ai donc rigolé tellement fort que Cheikh qui était dans la même situation que Zahra me pinça. Je me moquais ouvertement d'eux parce que moi j'étais assise du côté de la fenêtre écouteurs aux oreilles.

On était enfin arrivé et c'était parti, je lâchai un long soupir avant d'entrer en dernier dans la maison qui avait embelli d'ailleurs. Après les salamalecs d'usage, nous nous sommes installés dans son joli salon très confortable climatisé en plus. Finalement j'aimais bien, je m'étais confortablement installée et j'observais le beau monde présent et la vieille qui blablatait sans cesse, je me demande parfois si elle n'a pas avalé une radio ou quelque chose comme ça. (Cette fois j'admets que je suis un peu impolie !)

« - Aicha ? On te parle là ! » Dit Cheikh en me tapant.

Je le tapai à mon tour, il venait de m'extirper de mes pensées mais trop brutalement. C'était ma tata qui venait de me poser une question que je n'avais pas entendue.

« - Pardon tata tu as dit quoi ? » Demandai-je en me redressant.

« - Tu es toujours aussi impolie hein, ton père t'a trop gâtée c'est pour ça que tu es comme ça. Et puis on dirait un toubab, pourquoi tu n'as pas mis une jolie robe ou une taille basse en wax comme Zahra, ici c'est l'Afrique hein, il faut savoir s'habiller comme une africaine, tu aimais déjà trop les jeans serrés avant que tu ne partes en France c'est encore pire maintenant, tu t'habilles comme un garçon, même ton cousin Cheikhna est mieux habillé que toi... »

Et blablabla, ça ne s'arrêtait plus. Je la regardai enchaîner les phrases sans respirer, elle posait des questions auxquelles elle répondait elle-même. Cheikh et Zahra étaient morts de rire et moi je n'osais pas rire parce que je ne voulais pas empirer les choses. J'avais hâte de rentrer du coup. Elle parlait encore et je commençais à en avoir marre donc j'avais décidé de l'interrompre gentiment.

Aicha OU Le sarcasme en personneWhere stories live. Discover now