Aicha OU Le sarcasme en personne

*Chapitre 7*

On y était, enfin, le jour de la délibération dans mon centre. J'étais dans le même qu'Ousmane, on devait y aller ensemble d'ailleurs. Il est venu me chercher à la maison, je sortais pour le rejoindre devant la porte d'entrée alors qu'il faisait signe à mon père qui était sur la terrasse. Je fis un signe à ce dernier en guise d'aurevoir avant qu'on ne se mette sur la route. Ousmane était tellement stressé qu'il en était devenu muet le pauvre, il tremblait durant tout le trajet.

On a loué un taxi qui devait nous emmener jusqu'en ville et le reste du trajet, on a marché avec certains camarades qui étaient dans le même centre. Certains discutaient pendant que d'autres comme Ousmane était au bord des larmes. J'aurai bien aimé éclater de rire pour me moquer de lui, mais ce n'était pas le moment. De toutes façons je savais qu'il paniquait pour rien, il allait forcément décrocher ce baccalauréat, il a travaillé dur pour ça et il a un niveau tel qu'il peut être certain de se retrouver parmi les cinq premiers du centre, j'étais optimiste et j'avais confiance en nous.

Nous sommes arrivés à l'heure indiquée sur l'affiche mais heure sénégalaise vous connaissez... Ils ont fini par délibérer à 17h alors que le stress était à son comble.

« - 1er du centre, Mention Bien, avec une moyenne de 15,75 ; le numéro 136762, Mademoiselle Diop Aichetou née le... »

Avant que je n'assimile le fait que c'était moi que le Président du jury venait de nommer, je me suis sentie propulsée vers le sol, et un poids sur moi, c'était Ousmane qui venait de me sauter dessus en criant comme un fou.

Je ne réalisais pas vraiment, et à vrai dire je n'étais même pas sûre qu'il s'agissait de moi, je me demandais bêtement si ce n'était pas une autre Aichetou Diop mais quand j'ai réalisé, je me suis rendue compte que j'étais assise sur les épaules d'Ousmane. Même mon langage avait changé sur le moment.

« - Wesh tu fais quoi là frérot ? Fais-moi descendre, tout le monde nous regarde ! »

Il me fit descendre en rigolant, on aurait cru que tout son stress avait disparu et juste après le Président reprit. Il cria deux, trois noms et...

« -4ème du centre, Mention Bien, avec une moyenne de 14,84 ; le numéro 136754, Monsieur Diallo Ousmane né le... »

Cette fois nous avons crié ensemble, on aurait dit deux fous. Ousmane tournait en rond dans la cour avec moi dans ses bras, je riais aux éclats tandis que lui, criait encore. Ça a duré dans les 5 minutes je dirai.

« - Bon les amoureux ça suffit, on n'a pas toute la journée non plus... » Lança un des surveillants qui étaient juste à côté.

Nous nous arrêtions de crier et prenions le chemin du retour en rigolant et criant comme deux gens bêtes.

« - Tu vois on l'a fait ! Je t'avais dit qu'on allait tout casser ! » Disais-je à Ousmane qui était tout excité. »

Chacun d'entre nous allait ensuite annoncer la bonne nouvelle chez lui. Il ne restait plus que Alima, Amadou, Diarra et Adama. J'avais encore une fois confiance en tous mes amis, ils allaient tous décrocher ce bac parce qu'ils sont tous des génies, et nous pourrons organiser la plus grande fête de tous les temps.

Le lendemain c'était la délibération pour le reste de mes amis, malheureusement, ils avaient tous décroché le bac sauf Ali. Elle était effondrée la pauvre, et moi au lieu de l'aider à se calmer et la réconforter je me suis mise à pleurer avec elle, on aurait dit que c'était moi qi avait échoué, Ousmane s'est retrouvé à essayer de nous calmer toutes les deux mais c'était peine perdue.

Les semaines d'après nous étions en pleines vacances et également en plein dans les démarches sur Campus France tout mon groupe d'amis et moi ainsi que Zahra qui a attendu d'arriver en 3ème année de Licence pour augmenter ses chances d'être acceptée par une des grandes universités parisiennes, mais on serait tous dans des villes ou pays différents. J'appréhendais beaucoup ces moments-là, alors je profitais autant que je le pouvais de mes amis et de ma famille.