Chapitre 21

Depuis le début
                                    

James l'observa et la vit cligner plusieurs fois des yeux avant des les fermer. Il murmura son prénom avant de se tourner vers le médecin. Ce dernier s'agitait avec les sages-femmes autour de l'endroit où était née leur fille. Il déglutit en voyant la mare de sang.

– Claire, couina-t-il. Je... Ne m'abandonne pas... Je t'en supplie.

Claire ouvrit légèrement les yeux et sourit en caressant du bout des doigts la main de James.

– Je t'aime, murmura-t-elle.

– Pardonne-moi mon ange. Je ne t'ai jamais dit ces mots mais bien sûr que... que je t'aime. Dès le premier soir. Reste avec moi et je te promets que je te dirai tous les jours ces trois petits mots que tu affectionnes tant.

Claire le regarda et respira plus lentement.

– Reste avec moi et vois notre fille grandir. J'ai... J'ai besoin de toi Claire. Je t'en prie...

James embrassa son front de toutes ses forces avant de la serrer dans ses bras. Il sentit une dernière fois un souffle d'air provenant de sa bouche avant qu'elle ne devienne inerte dans ses bras. Il la recula et la secoua légèrement en l'appelant par son prénom.

– Claire... Claire réveille-toi je t'en prie. Docteur ! Docteur sauvez-la. Je vous en conjure.

Il prit en coupe le visage de Claire dans ses mains et la regarda, les yeux fermés. Il n'avait jamais su dire les trois mots qu'elle lui avait répété maintes et maintes fois. Il en avait été incapable. Et pourtant, il avait tous les symptômes de l'Amour : le fait d'être jaloux, d'être protecteur envers elle, de la désirer chaque instant, de rire avec elle et de savoir discuter aussi facilement. C'était maintenant, au moment où il la perdait qu'il s'en rendait compte. Il la serra aussi fort qu'il pouvait contre lui en murmurant tous les « je t'aime » qu'elle aurait voulu entendre. Il ne sut combien de temps il l'avait serrée dans ses bras mais lorsqu'il sentit une main légère se poser sur son épaule.

– Viens mon fils. Il est temps de la laisser partir.

James se dégagea et resta prostré sur le corps de Claire. Il n'arrivait pas à se rendre compte qu'elle l'avait quittée. Il y a deux ans à peine, ils se rencontraient : elle tentant d'échapper à son prince, lui flânant sur le balcon pour échapper aux mères voraces. Il revoyait son premier sourire, ses joues roses. Le jeune homme se tourna vers sa mère, les larmes pleins les yeux.

– Pourquoi maman ? Pourquoi a-t-il fallu que cela m'arrive ?

La baronne se mit à genoux et serra du plus fort qu'elle pouvait son fils aîné qui avait 23 ans. Père à cet âge là et déjà veuf. Son cœur de mère était déchiré et elle aurait voulu pouvoir partager la peine de son enfant chéri.

– La vie est faite de beaucoup de mystères... Dieu a Ses intentions que nous ne pouvons comprendre. Mais je suis persuadée que Claire est heureuse là-haut. Tu dois te ressaisir mon chéri. Pour ta fille et pour Claire. Elle n'aurait pas voulu que tu restes prostré comme tu l'es. Tu es un homme fort et même si cette douleur est atroce, tu vas te relever.

James regardait sa mère dans le vide. Il s'imprégnait de ses paroles mais il ne savait pas du tout s'il avait la force de réussir. Il embrassa sa mère tout en tenant la main de celle qui fut sa femme.

Les jours passèrent et tout le pays fut en deuil pendant près d'une semaine. Les drapeaux étaient en bernes et tous les hauts dirigeants étaient vêtus de noir. James attendait dans la chambre près de la fenêtre. Leur enfant dans les bras. Il murmurait des paroles réconfortantes au nouveau-né ainsi qu'à Claire.

– Je t'ai fait une promesse mon ange et je la tiendrai. Elle sera une petite princesse heureuse et plus tard, une grande reine ! Et toi ma petite hirondelle, dit-il en jouant avec le doigt de sa fille, tu seras la plus grande reine et la plus merveilleuse que l'Angleterre ait jamais connu. Cela aurait dû être ta mère. Tu prendras sa place et tu la rendras fière.

Il baisa son front et porta son regard au loin. Il vit le cortège funéraire s'avancer le long de Buckingham Gate jusqu'à l'abbaye de Westminster. Il n'avait pas eu la force de marcher derrière le corbillard tiré par les chevaux noirs. Il avait décidé d'aller rejoindre l'abbaye pour faire un dernier adieu à son épouse. Nous étions le 28 juillet 1822 et la princesse Claire de Hanovre, future souveraine d'Angleterre, était décédée en mettant au monde l'héritière. 

 

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Le Baron & La PrincesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant