Je glousse à cette proposition.

— On a passé l'âge non ? rétorqué-je.

— Sans doute, mais ça valait le coup d'essayer, répond Stéphane en riant.

J'embrasse ses lèvres en douceur et récupère mes affaires avant de me diriger vers la porte.

— On se téléphone vite, dis-je en me retournant vers lui. Il faudra aussi que je te rende tes vêtements.

— Pas de souci, je compte bien te proposer d'autres sorties, d'autres soirées et d'autres nuits.

Mon cœur palpite à l'idée de revenir dormir avec lui et peut-être de franchir certaines étapes ensemble. Je lui souris, l'embrasse à nouveau et m'échappe avant d'être plus en retard que je ne le suis déjà.

Séverine va me faire passer un véritable interrogatoire.

Lorsque je mets les pieds dans la bibliothèque, ma collègue est dans la petite cuisine, en train de se préparer un café. Elle m'adresse un signe de main et un joyeux bonjour puis se reconcentre sur son occupation pendant que je dépose ma sacoche dans le bureau et que je m'installe devant l'ordinateur que Séverine a allumé.

Étrangement, elle ne me pose aucune question et reste même silencieuse. Quand elle revient vers moi, elle s'assied devant son poste et commence à travailler sans rien dire. Je consulte les mails, lance quelques lettres de rappel aux adhérents qui sont en retard dans leurs retours puis, n'y tenant plus, je me tourne vers Séverine.

— Tout va bien ? demandé-je en fronçant les sourcils.

— Mmh.

— Mais encore ?

Elle soupire et pivote sa chaise vers moi.

— Je fais tout pour ne pas te poser de questions, parce que crois-moi j'en ai un tas. Mais je sais bien que je vais être intrusive et que je vais vouloir en savoir encore plus et tu finiras par râler alors... je ne dis rien.

J'éclate de rire.

— On peut quand même parler d'autre chose que de ma vie privée, rétorqué-je enfin.

— En effet, mais c'est moins drôle.

— De mon point de vue, ça n'a rien de drôle.

— Comment ça ?

Je hausse les épaules sans répondre et me lève pour aller chercher une pile de livres à cataloguer. Sans un mot de plus, je me mets au travail. Séverine me toise quelques instants, puis se replonge elle aussi dans le taf. Alors que je lui reprochais de ne pas parler il y a deux minutes, je me mure à présent dans le mutisme sans aucune explication. Néanmoins, ma collègue fait preuve de suffisamment de patience et de compréhension pour ne rien dire.

La sonnerie de mon portable me sort de ma montagne de bouquins. J'imagine d'abord que Stéphane m'envoie un message, mais c'est le prénom de Philippe qui s'affiche sur l'écran. Je me lève en vitesse et vais m'enfermer dans le bureau afin de répondre.

— Allo ?

— Salut, c'est moi. Tu... enfin, ça va ?

— Oui, et toi ?

Je l'entends soupirer et je suis certain qu'il secoue la tête, atterré par ce début de conversation pathétique.

— Non, je ne vais pas bien, Thierry. J'ai... j'ai voulu te laisser tranquille, comme tu me l'as demandé, mais je n'y arrive pas.

— Je ne t'ai jamais dit de ne plus donner de nouvelles, juste d'arrêter de critiquer tout ce que je fais.

— Oui, c'est vrai... je...

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